Pourquoi Estrosi veut enfermer… et ruiner les non-vaccinés

Estrosi a lui aussi trouvé les méchants, les vrais, ceux qui pourrissent la vie des Français. Le maire de Nice l’a dit sur BFM TV : il veut confiner chez eux les non-vaccinés et les priver, au passage, d’assurance chômage… Tant qu’à faire, au cas où on n'aurait pas compris, l'élu puise dans le vocabulaire employé pour le terrorisme. Ces non-vaccinés constituent, pour lui, « une menace dans notre pays ». Face à eux, il promeut une « tolérance zéro ». Quand on fait « courir de tels risques à la société, on doit en payer le prix », fulmine Estrosi, favorable à une « obligation vaccinale ». Et pour cela, tous les moyens sont bons : les priver d’assurance chômage, imposer aux refuzniks de la vaccination un confinement dur, précisément celui que nous avons tous subi au printemps 2020. Estrosi n’a pas précisé les détails des contraintes qui pourraient s’abattre sur ces quelque 10 % de Français (9 %, selon lui), mais au printemps 2020, c’était bouclage à la maison, sortie interdite sauf pour raison de première nécessité, contrôle inopiné des gendarmes et couvre-feu le soir. Avec ces propositions, il ajouterait encore un barreau à l’échelle des menaces contre cette minorité de Français à la tête dure. Macron souhaitait les « emmerder », Estrosi propose de les enfermer. Et aussi de les priver d’assurance chômage…

Macron n’avait pas été jusque-là parce que c’est évidemment parfaitement immoral et sans doute juridiquement impossible. La sanction envisagée pose, en effet, quelques questions : comment priver quelqu’un d’une assurance pour laquelle il a cotisé toute une vie ? Comment peut-on priver à ce point des Français de leurs droits les plus élémentaires ? Peut-on mettre à la rue des familles précarisées par un accident de carrière ? Évidemment non. Le Québec ou l’Australie, très durs sur la question, ont mis en place une contribution spéciale réservée aux non-vaccinés mais ils ne les privent pas de chômage.

Quelle sera l’étape suivante ? Pourquoi ne pas exiger que nos non-vaccinés aillent par les rues vêtus d’un sac, la tête couverte de cendres et munis d’une clochette pour prévenir de leur arrivée, comme les lépreux d’autrefois. Qu’est-ce qui a pu pousser cet homme de droite, donc libéral a priori, vers ces excès de sévérité liberticides ? Cela surprend évidemment tous ceux qui avaient gardé le souvenir d’un Estrosi plutôt réactionnaire. Car Christian Estrosi a toujours été à droite, et même très à droite. Et il n’a pas eu à s’en plaindre. Cet ancien champion de moto qui n’a pas passé son bac s’est lancé dans la politique dans le sillage de l’ancien maire de Nice Jacques Médecin, il a été deux fois ministre sous Sarkozy et Fillon après avoir été ministre sous Chirac et Villepin. C’est un baron du sud de la France, président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Mais voilà, cet ancrage à droite s’est brouillé récemment à la faveur des combinaisons politiques. En 1998, Estrosi tente une alliance avec le Front national et perd son pari, il est battu à la présidence de la région par les socialistes. Aux élections régionales de 2015, il est largement devancé au premier tour par une certaine Marion Maréchal, qui obtient 40 % des voix, loin devant lui : Estrosi recueille 25 % des suffrages. Le pilote a senti et entendu le moteur vrombissant derrière lui, il a identifié la menace. Alors, Estrosi serre le frein à main et effectue un tête-à-queue radical. Il va désormais se poser en rempart contre le Front national, susciter le retrait des socialistes en sa faveur et recentrer son discours. En 2020, il appelle à un rapprochement avec LREM. En octobre dernier (dernier acte), il appelle à soutenir Macron aux présidentielles.

Il revient de loin, Christian Estrosi, alors il déploie dans les médias le zèle des nouveaux convertis. Il en fait plus, il en fait trop. Sans doute pour attirer la bénédiction du père adoptif, susciter l’onction d’Emmanuel Macron. C’est sa manière de solliciter le pardon du pouvoir pour cette longue carrière menée à droite, de manifester une repentance dont il demandera bien sûr rémunération, le jour venu, à l’hôte de l’Élysée… s’il est réélu.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

102 commentaires

  1. il n’a pas lu la notice de son kit d’auto-test ? C’est pourtant clair : quand ça résiste, on ne pousse pas l’écouvillon. Comme pour les coton-tiges dans les oreilles.

  2. Et si un de ces non-vaccinés côtoyait une personne qui vous est chère, comme votre enfant, ou votre partenaire de vie, ou bien un de vos vieux parents, que cette personne non-vaccinée ne se sachant pas contaminée parce que n’ayant pas de symptômes, contamine votre être cher, et que celui-ci se retrouve aux soins intensifs entre la vie et la mort, seriez-vous aussi sympathique à sa cause de non-vacciné?
    Essayez de voir un peu plus loin que le bout de votre nez…

  3. Nous nous souviendrons de lui quand toute cette mystification s’écroulera
    Qu’il prenne garde à ses arrières
    LUi et bien d’autres

  4. Quelle girouette cet Estrosi ! il donne raison à Macron en espérant que ce dernier s’en rappellera s’il est élu encore pour 5 ans mais il rêve tout éveille ce pauvre Monsieur, Macron ne sera plus là en Avril !

  5. Mettre en place l’apartheid en France, quelle honte ! Celui là il mériterait qu’on lui botte les fesses (je reste poli, car je pense à autre chose) On a connu interdit aux juifs, ou aux noirs et maintenant on a interdit aux non vaccinés . C’est tout aussi ignoble même si les conséquence ne sont pas les mêmes, l’ignominie de l’acte est toujours ausi forte.

  6. Etrosi, vertueux personnage qui n’a pas hésité à renier ses convictions politiques pour passer dans le camp adverse, propose .
    Mais il n’a pas été , ou pas osé aller, au bout de son raisonnement : l’enfermement dans une cellule, sans lumière, sans chauffage, sans visites, sans les médicaments habituels, et juste un quignon de vieux pain rassi et d’un gobelet d’eau plus ou moins pure par jour.
    Comme décideur, on peut rêver mieux !

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