C'est une photo qui a tourné en boucle sur les réseaux sociaux : Édouard Philippe - mine légèrement constipée, il est vrai - et son très néanmoins sérieux ministre de la Culture Franck Riester - air dégagé -, tenant à la main ce livre pour enfants : Caca Boudin. Blague de potache ? Humour salace et vengeresque d'un gilet jaune du samedi ?

Même pas ! Plutôt une affaire prise au sérieux par CheckNews, qui s'est cru obligé d'enquêter : "Ce cliché n’est pas un montage pour le ridiculiser. Il a été immortalisé par Olivier Dion, photographe travaillant pour Livres Hebdo, dans une compilation de photos consacrées à l’inauguration du Salon du livre. La photo est présentée ainsi : “ L’édition, ce n’est pas 'caca boudin' ”." On salue, au passage, la précision ; l'honneur de la République est sauf. Celui de nos enfants un peu moins.

Ce best-seller de la célèbre École des loisirs, Caca Boudin, remporte un succès fou depuis sa publication en 2002. Traduit dans plusieurs langues et adapté par France Télévisions, il est en quelque sorte, selon Libé, la "carte de visite" de son "autrice", Stephanie Blake. On peut rêver mieux comme carrière littéraire... Car les aventures de ce petit lapin ne font guère rêver ; il ne sait que dire "caca boudin" à ses parents jusqu'au jour où il se fait manger par un loup. Lequel contracte la même habitude. Sauvé in extremis par un médecin lapin, notre héros découvre le langage châtié (quelque peu ridicule, d'ailleurs, lorsqu'il s'adresse à son papa et à sa maman) jusqu'au jour où, rien à faire, il ne sait plus que dire "prout". Ou comment, avec du vulgaire, éduquer nos enfants au degré zéro de la culture. Où sont passés nos génies de la littérature enfantine, ces Comtesse de Ségur, ces Alphonse Daudet, Saint-Exupéry, Andersen ou Grimm... qui, finalement, en plus de charmer les imaginations fertiles, assuraient la transmission d'un b.a.-ba des règles du bien "vivre ensemble" ?

Cette affaire aurait pu rester anecdotique. Mais c'est notre Premier ministre qui s'en est mêlé. Comme un encouragement à l'abrutissement de notre jeunesse, cible de cette littérature couplée à l'Éducation nationale depuis des décennies... Car, après la crèche et la maternelle, le petit Français n'en a pas fini de descendre dans cet abîme de contre-culture. Matraquée à la déconstruction des genres, à la lutte contre tout type de stéréotypes, à la littérature de bas étage du collège à la terminale, cette pauvre jeunesse n'a plus que la défense du climat où se raccrocher. Et encore... Les slogans de samedi de certains lycéens et collégiens qui n'ont, au passage, pas ému grand monde, devraient nous alerter. Et pourtant, sur certains panneaux, on pouvait lire : "Bouffe mon clito, pas le climat" ou encore "Enculez-moi plutôt que le climat". Comme "éléments de langage", peut mieux faire !

À la décharge des adultes, depuis qu'Emmanuel Macron lui-même s'est incliné devant la petite Greta et face à l'emballement médiatique, difficile de critiquer au risque de passer pour réactionnaire.

Seulement voilà, à force de tout déconstruire, de briser les tabous et de délivrer des messages ineptes, il y a des morales toutes simples qui ne passent plus. Comme "ne pas tout casser le samedi sur les Champs-Élysées". C'est l'État, maintenant, qui règle la facture et ne sait plus comment faire face... Au point d'envoyer l'armée ?

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21 mars 2019 à 18:35

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