LREM vs. les Black Blocs : la nouvelle guerre des boutons

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Après le déchaînement de violences qui s’est abattu sur les Champs-Élysées pour l’acte XVIII du combat des gilets jaunes, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé, lundi, un "changement de doctrine" permettant de juguler radicalement les mouvements de foule. Après quoi, la préfecture de police de Paris a subi un véritable séisme : le préfet Michel Delpuech ainsi que son chef de cabinet Pierre Gaudin et le patron de la DSAP Frédéric Dupuch ont été révoqués. Il fallait bien restaurer l’autorité du ministre « des profondeurs » Christophe Castaner, récemment piégé par un paparazzi dans une soirée arrosée. Visiblement, le poids lourd de la Macronie ne maîtrise plus rien, et encore moins lui-même… Sans oublier que le Président « bronzé » fait du ski (Macron était à La Mongie durant le week-end dernier).

Castaner aura multiplié les postures grossières devant les caméras de télévision : d’une cellule de crise (le 17 novembre 2018) à la place de l’Étoile (samedi dernier), celui qui est surnommé « Kéké » (selon Aude Le Gentil, dans un article du Journal du dimanche datant du 16 octobre 2018) jette l’opprobre sur des (sous-)citoyens – aux yeux du gouvernement – qui n’ont plus rien à perdre. Il ose encore les assimiler aux Black Blocs, voire à des « brutes » d’extrême droite. Ce sont, pourtant, ceux qui arborent le mot d’ordre « pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes » qui tuent, dans l’œuf, cette légitime fronde sociale. À cause de ces groupuscules complaisamment infiltrés par des crypto-salafistes (officiellement militants pro-palestiniens), cette fronde s’est mutée en révolte politique.

Tragiquement, notre République « en marche arrêt » n’est plus qu’un jardin d’enfants : l’arène où il est aisé de s’envoyer des noms d’oiseaux avec des répliques censées faire mouche comme « c’est celui qui dit qui est » ou encore « c’est toi le chat ». Peinture contre lacrymogène. Ou matière fécale contre LBD. Un vrai théâtre de marionnettes où chaque mot prononcé comme chaque crime commis le sont au nom d’une guerre d’usure. Or, dans ce marché de dupes, tant que le syndicat majoritaire de la police nationale, Alliance, ne dépose pas les armes, rien n’évoluera dans le bon sens. Puis, à l’image d’Antonin Bernanos – l’arrière-petit-fils du célèbre camelot du roi –, les petits-bourgeois en mal de sensations fortes, accompagnés d’agents provocateurs, pourront longtemps profiter de la récré. De fait, l’homme moderne fut, est et sera un grand enfant.

Dans le même temps, le gilet jaune Éric Drouet continue de subjuguer des internautes avec des banalités. Manifestement, le quart d’heure warholien est de plus en plus long… Comme il était difficile, en 2017, de concevoir un pouvoir présidentiel aussi machiavélique ! La Macronie veut, à présent, une France à sa mesure, autrement dit totalement chaotique. Dans ce tohu-bohu généralisé, tout un chacun – du lampion de la haute fonction publique au donneur d’ordres léthargique – cherche, à tout prix, à surnager. Il s’agit, également, d’en être dans la cité où tout est une fête. Or, dans ce grand brouhaha, les questions nationales et sociales sont éludées. Quoi qu’il en soit, il faudra, pour rétablir l’ordre, le retour des coups tordus et des polices parallèles. Alors, de l’autre côté de la barricade, rien ne pourrait empêcher la reconstitution d’une bande à Baader. Triste République…

Henri Feng
Henri Feng
Docteur en histoire de la philosophie

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