[Point de vue] L’Oréal devait-il suspendre l’activiste Rima Hassan ?

Pourquoi, moi qui suis une Française née au milieu du siècle dernier, suis-je en train de me tortiller sur ma chaise pour savoir comment tourner ce papier qui, d’un mot l’autre, pourra me renvoyer tout autant dans le camp du Bien que dans celui du Mal ?

Et pourtant, Dieu m’est témoin que je ne suis pas adepte du « en même temps », mais voilà, il y a l’Histoire, il y a les faits, et puis il y a le manichéisme qui nous tue. Et aujourd’hui, Dieu m’en est aussi témoin, soit l’on soutient Israël sans aucune réserve, soit l’on est réputé soutenir le terrorisme du Hamas. C’est cet interdit du moindre recul par rapport aux faits, l’impossible distance, le matraquage d’une info qui se phagocyte elle-même… tout cela nous ligote face à une société de plus en plus tendue par l’impact migratoire, l’ignorance des foules et l’idéologie perverse de ceux qui les manipulent.

L'Oréal suspend le contrat de sa conseillère " Diversité, Équité et Inclusion" Rima Hassan après ses prises de position sur la guerre Hamas-Israëlhttps://t.co/CwVdC39qnr pic.twitter.com/vsVNEiMI7Z

— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) November 6, 2023

Nous voilà donc priés de réagir à l’annonce de la mise à l’écart de Rima Hassan par le groupe L’Oréal. La jeune femme, Palestinienne née dans un camp de réfugiés en Syrie, est aujourd’hui une juriste de haut vol, saluée par le magazine Forbes en août dernier comme figurant parmi les « 40 femmes d’exception qui ont marqué l’année et qui ont fait rayonner la France à l’international ».

Fondatrice, en 2019, de l’Observatoire des camps de réfugiés, elle est embauchée par la firme des cosmétiques comme conseillère « Diversité, équité et inclusion ». Refusant le qualificatif « d’activiste » de la cause palestinienne, Rima Hassan s’est largement exprimée dans les médias de gauche, depuis le 7 octobre, sur le conflit qui ensanglante la région. Elle y a dénoncé « un carnage » qui relève d'une logique de « génocide ».

Libération, qui ne tarit pas d’éloges, salue en elle une nouvelle figure : « À l’ère des colères algorithmées, de la colonisation sans fard de la Cisjordanie et du blocus sans fin de Gaza, le fedayin moderne n’était plus un terroriste mais un juriste parlant la langue des campus américains, juché sur toute la rectitude du droit international. »

Tandis que l’on continue de décompter les morts suppliciés d’Israël et qu’on ramasse les corps des Palestiniens abandonnés par le Hamas, tandis que se multiplient sur notre sol des actes antisémites perpétrés le plus souvent par une jeunesse issue de l’immigration et totalement décomplexée dans sa haine du Juif, d’aucuns s’avisent qu’il est plus qu’urgent d’attendre avant de prendre position. L’Oréal a donc suspendu le contrat de Rima Hassan et devrait – dit l’intéressée – réexaminer la question en février prochain.

Des internautes s’offusquent : « Ridicule et lâche. Même pas licenciée », s’indigne celui-ci. « Match nul = balle au centre. Pas de vague, que du vent ? », demande un autre qui voudrait aussi la voir à terre.

Depuis la Jordanie où elle se trouve, Rima Hassan dénonce, auprès de Mediapart : « "L’apartheid" se matérialise à Gaza avec un blocus illégal qui dure depuis 17 ans. Dans les territoires occupés, il se matérialise par un régime militaire, tandis que les colons dépendent d’un régime civil », et puis il y a « les routes de contournement qui quadrillent le territoire » et empêchent tout lien entre les villages, l’accaparement des ressources en eau, etc.

C’est donc depuis le camp de réfugiés où elle enquête, en Jordanie, que Rima Hassan aura appris la proposition du ministre israélien Amichay Eliyahu : utiliser l’arme nucléaire sur la bande de Gaza. Tout comme L’Oréal a suspendu le contrat de Rima Hassan, Benyamin Netanyahou n’a fait, lui aussi, que suspendre « jusqu’à nouvel ordre » la participation du ministre de l’Héritage israélien aux réunions gouvernementales. Deux suspensions de contrat.

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