Mathieu Gallard, directeur délégué de Ipsos France, a publié, ce mardi 15 février, un sondage indiquant les intentions de vote des Français en fonction de leur attachement à la religion catholique. Il y divise l’électorat en trois catégories : les catholiques pratiquants, les catholiques non pratiquants et les personnes sans religion. Si Emmanuel Macron conserve globalement sa place de favori - sauf chez les catholiques pratiquants, où il remporte seulement la seconde place, derrière Valérie Pécresse -, une tendance se dessine cependant clairement chez les catholiques : ceux-ci penchent de plus en plus vers la droite. Chez les catholiques pratiquants, Éric Zemmour et Marine Le Pen pèsent ainsi 34 % à eux deux, quand 33 % des catholiques non pratiquants s’apprêtent à leur donner leur suffrage.

Si l’on compare ces sondages aux résultats du premier tour des présidentielles 2017, le chemin parcouru est net : Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan avaient obtenu, leurs scores cumulés, 19 % des voix chez les catholiques. À l’époque déjà, le défi relevé par la droite était de taille. Le politologue Jérôme Fourquet livrait alors cette analyse à La Croix : « On voit des catholiques inquiets de se sentir devenir minoritaires dans une société où l’islam se développe. Il s’agit d’un sentiment d’insécurité culturelle mais aussi d’insécurité physique, attisé par l’assassinat du père Hamel en juillet dernier. » Cinq ans après l’assassinat du père Hamel, alors que le procès des terroristes a débuté ce lundi, ce « sentiment d’insécurité » se serait-il approfondi ?

Dans cette tendance qui semble se confirmer, un élément interpelle cependant. Le clergé français est en effet loin de se faire remarquer pour ses positions conservatrices. Du non possumus de Monseigneur de Berranger, en avril 2002, à la tribune publiée dans La Croix par Mgr Jean-Luc Brunin, le 18 janvier dernier, les élites de l’Église semblent unanimes : l’« extrême droite » apparaît comme la bête immonde, l’ennemi ultime contre lequel tout catholique digne de ce nom se doit de faire vigoureusement barrage. Ce faisant, ils ne se font que les relais de la parole papale, résolument engagée contre les extrêmes – donc contre l’extrême des extrêmes, Marine Le Pen. « Je ne veux pas être désagréable ou dire à votre pays ce qu’il doit faire. Mais c’est inquiétant. Je suis inquiet de la montée des populismes. Mais l’antidote, c’est un mouvement populaire. Et écouter ce mouvement. Il faut opposer au populisme le “popularisme”. Un bon gouvernement doit faire confiance aux citoyens, il doit les écouter », martelait le pape François, en mars 2021. Une sortie qui n’a pas plu à la candidate du Rassemblement national, qui a vertement répliqué qu’elle était « convaincue que de nombreux croyants seraient ravis que le pape s'occupe de ce qui se passe dans les églises plutôt que dans les urnes. Que chacun fasse ce pour quoi il est destiné. » Selon les vœux de la candidate, l’électorat catholique semble en effet délaisser les conseils d’en haut, pour se fier cette fois-ci à son bon sens.

La déconnexion entre les hommes d’Église et leurs fidèles semble, au regard de ce sondage, irrémédiablement consommée. Les électeurs n’ont plus confiance dans leurs dirigeants, que ce soit au niveau politique ou au niveau religieux, et se trouvent livrés à eux-mêmes pour poser les choix qui leur seront réellement bénéfiques. Gageons que ce réveil porte des fruits concrets et que l’insécurité ne devienne, cette fois-ci, plus qu’un « sentiment » !

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16 février 2022 à 19:04

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30 commentaires

  1. Je constate à quel point les principales critiques de l’Eglise Catholique sont surtout faites par ceux qui la désertent. On a déjà assez de mal avec les anticléricaux. Rappelons-nous quand même que les choix électoraux ne se décident pas (ou plus) sous la pression des sermons du dimanche, et qu’au contraire de certaines autres religions, le chrétien pratiquant se sent libre de voter en son âme et conscience. En tous cas, c’est ce que moi je fais, sans me sentir en contradiction avec ma foi.

  2. Nous devons nous insurger devant l’escroquerie morale d’une Eglise aux ordres de son Pape François converti aux thèses de l’islamogauchisme.et qui prône la disparition de la civilisation judéo chrétienne.

    Le Père Hamel n’a certainement pas rejoint le » paradis de 76 vierges  » promis à ses assassins.. aux cris d’ALLAHOUAKBAR…
    Notre spiritualité place l’amour du prochain et la compassion comme clefs d’accès au Royaume de l’ineffable tendresse divine, socle de la communion des saints.

  3. En Belgique où le vote est obligatoire, je ne vote plus aux élections fédérales régionales et européennes depuis que tous les partis ont voté de « près ou de loin » des lois allant contre la VIE. Dès lors, sans porter de jugement mais en état de conscience, je ne comprends pas pourquoi chez vous, autant de catholiques voteraient notamment pour Macron, Pécresse, Mélenchon ou Jadot, en osant encore se regarder devant un miroir! Réflexion émise après méditation de l’évangile de ce jour !

  4. La France attend donc que les 66 % des catholiques pratiquant ou non, se réveillent, en privilégiant l’élection d’un candidat qui ne cesse de se réclamer de la Politique de De Gaulle, qui était un grand catholique, pour la France d’abord, se défendant des Commissions Européennes et de citoyens pas tous très catholiques mais au Pouvoir qui minent les intérêts de la France en donnant plus aux étrangers qu’à ses fils, filles, qui travaillent…. Civilisation Judéo Chrétienne, ne pas l’oublier

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