Invité du « Grand Rendez-vous », dimanche 15 novembre, sur Europe 1, Clément Beaune, le secrétaire d'État aux Affaires européennes, était interrogé, entre autres, sur la politique migratoire et le lien entre immigration et terrorisme. À ce sujet, il déclarait : « On peut se voiler la face, dire plus d'immigration = plus de terrorisme. C'est un mensonge, nous ne tomberons jamais dans cet amalgame. » Allez tenir ce discours si politiquement correct, Monsieur le secrétaire d’État, face aux familles de victimes de Nice dont l’assaillant venait d’être accueilli par la Croix-Rouge à Lampedusa. Seront-elles sensibles à ce souci d’éviter toute « récupération politique » ? Clément Beaune poursuit : « Ce serait une erreur factuelle de dire que c'est l'immigration qui entraîne le terrorisme. Sur 30 attentats terroristes qui ont lieu en France, ces dernières années, 22 ont été commis par des gens qui sont nés en France. »

Il est évident que tous les immigrés ne sont pas des terroristes. Mais ce constat posé suffit-il pour assurer notre sécurité ? Les trois derniers attentats (le 25 septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, le 16 octobre contre Samuel Paty et le 29 octobre à Nice) ont été commis par des ressortissants étrangers : un Pakistanais, un Russe d’origine tchétchène et un Tunisien. Quand bien même même la majorité des attaques seraient commises par des gens nés en France, la minorité des attaques liée à l’immigration ne mérite-t-elle pas, pour autant, que l’on s’interroge quand même ? Sinon, pourquoi ce mini-sommet européen virtuel tenu, le 10 novembre, suite aux attentats en France et en Autriche ? Angela Merkel fait-elle un amalgame en précisant qu’il « est urgent et crucial de savoir qui entre et qui sort » ? Sebastian Kurz, le chancelier autrichien, commet-il cette « erreur facile » en annonçant « Nous avons des milliers de combattants terroristes étrangers qui ont soit survécu aux combats en Syrie, en Irak […] et sont revenus, soit qui n’ont pas pu partir parce qu’ils ont été arrêtés. […] Ce sont des bombes à retardement » ?

Certes, le lien entre immigration et terrorisme met à mal une partie de la classe politique contrainte de se prononcer sur ces sujets, une pince à linge sur le nez. Si bien qu’Emmanuel Macron, en déplacement à la frontière franco-espagnole, le 5 novembre, annonçait prudemment : « Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme, mais il nous faut regarder lucidement les liens qui existent entre ces deux phénomènes. »

Quant aux 22 attentats commis par des « gens nés en France », sans se « voiler la face », ils sont le fait de Français, mais de Français convertis à l’islam ou d’origine étrangère et non assimilés. « Le principal corrélat de l’activité terroriste est toujours l’implication d’un pays dans un conflit armé, interne ou international », écrit Alex Nowrasteh dans une étude parue en 2019, intitulée « Do Immigrants Import Terrorism? » Outre les questions de politiques migratoires se posent donc celles, indispensables, d’assimilation à notre nation. Ce n’est pas en brandissant le mot « République » à chaque occasion que nous parviendrons à leur faire aimer notre beau pays, riche d’une culture, d’une histoire, d’un patrimoine, de traditions, de héros et de saints qui ont fait la France…

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16 novembre 2020 à 16:23

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