Passe sanitaire jusqu’à la Saint-Glinglin ?

Pass

La semaine dernière, Boulevard voltaire posait cette question à ses lecteurs : « Croyez-vous que le passe sanitaire aura disparu avant le 15 novembre ? » Sur les 2.653 lecteurs qui répondirent, 1.991, soit 75 %, dirent « Non ». Pessimistes ou réalistes, les lecteurs de Boulevard Voltaire ? Cette question n’avait rien de vicieux et n’était, à l’évidence, porteuse d’aucun procès d'intention à l'égard du gouvernement. Elle faisait simplement écho aux propos du président de la République, le 16 septembre. Macron prévoyait l'heureuse issue « dès que les conditions sanitaires le permettront et, à mon avis, quand je vois les chiffres, ça ne va pas venir si tard », ajoutait-il. Mais rien n’est plus relatif que le temps ! « Un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour », dit l’Écriture. Quand Emmanuel Macron affirme que « ça ne va pas venir si tard », on ne sait pas s’il faut se munir d’une montre, d’un calendrier 2022 ou d'un agenda perpétuel.

Depuis jeudi dernier, on commence à avoir une petite idée. Le « Maître des horloges » a parlé. Vient alors le temps des interprétations par les apprentis horlogers. En l’occurrence Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, en réalité porte-parole du Président. Interrogé sur France Inter, le secrétaire d’État a déclaré : « Je préfère qu’on réactive le passe sanitaire plutôt qu’on referme les restaurants, les bars, les théâtres, les cinémas. » Présenté comme ça, effectivement, on ne peut qu’être d’accord ! Mais doit-on vraiment s’enfermer dans cette alternative qui ressemble à un chantage : passe sanitaire ou fermeture. Le journaliste de France Inter fait alors cette remarque à Gabriel Attal : « Vous savez que les députés arrêtent de siéger le 28 février, donc ça veut dire que si vous le prolongez, c’est jusqu’à l’été 2022, après les législatives. » Cela, en raison de la campagne électorale. Réponse de Gabriel Attal : « C’est évidemment une dimension qu’on intègre. Je ne peux pas vous donner le calendrier aujourd’hui mais je reviendrai volontiers quand on présentera le texte dans quelques semaines. »

On sait qu’un projet de loi sera présenté, le 13 octobre, en Conseil des ministres en vue de proroger le dispositif du passe sanitaire. Quelle sera la teneur de cette nouvelle loi ? On peut avoir quelques inquiétudes lorsqu’on écoute, par exemple, la députée Anne Genetet, porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée : « Le passe sanitaire a été mis en place dans le cadre d’une loi d’urgence, et il a démontré son efficacité [NDLA : on voudrait des preuves]. Aujourd’hui, il pourrait rentrer dans le droit commun, comme le carnet de vaccination pour les enfants et le permis de conduire, c’est-à-dire comme un outil qu’on doit avoir sous la main, et qu’on peut sortir en cas de besoin. » Nous y voilà. C’est-à-dire qu’on entrerait dans le droit commun le fait de conditionner à la détention d’un passe sanitaire l’accès à certains services, activités, lieux ? Qui a dit que la Macronie avait un problème avec les libertés individuelles ?

Mais nos libertés individuelles sont-elles encore un sujet dans ce pays ? Le débat entre Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon a consacré exactement zéro seconde à ce sujet…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois