Le pape ne sait pas d’où vient Macron
Dans un entretien avec la presse, le pape François a eu, l’autre jour, une sorte d’inspiration divine ou d’intuition mystique, sur un être qu’il ne connaissait pas et qui lui semblait venu d’ailleurs : Emmanuel Macron.
Il était question des deux adversaires du second tour de la présidentielle, et après avoir dit à propos de la première, Marine Le Pen, qu’elle représentait la "droite forte", il s’est interrogé à propos du second, disant qu’il ne savait pas d’où il vient.
Comment pourrait-on, en effet, le définir autrement ? Quelle est l’origine et, par extension, l’essence génétique, politique, spirituelle de Macron ? Quelle est la nature du vide qui le fait exister et marcher ? Vide terrestre, vide du langage, vide du tout et du n’importe quoi, vide hystérique, vide existentiel, vide cosmique : qui pourrait le dire ? Et le pape lui-même, sidéré à son tour par le mystère sidéral de cet être, surgi un jour des interstices de l’espace, montrant à ses interlocuteurs un étonnement sincère mais inquiet, n’a pu que se demander "d’où il vient". Et, bientôt, ne doutons pas que les Français se demanderont où il va !
Mais dans sa simplicité et sa naïveté, cette réflexion spontanée du pape François n’est-elle pas une sorte de vérité prophétique, une de ces illuminations qui, soudain, viennent irradier la chair des inspirés et fait sortir de leur bouche la vérité ?
On ne sait d’où il vient, on ne sait qui il est. Mais n’est-ce pas, justement, là le propre de ceux qui, à l’instar du Lohengrin de la légende, ce chevalier de nulle part, sont venus sur Terre accomplir une mission divine : sauver Elsa, sauver la France, sauver le monde…
Tout porte à croire - et le pape François l’avait peut-être pressenti - qu’il pourrait s’agir d’un nouveau messie, comme il se présente lui-même, dans sa gestuelle, ses discours lyriques et ses annonces grandioses sur le destin de l’humanité. Oui, si Macron disait vrai… S’il était réellement un nouveau messie, le messie du progrès et des temps modernes…
Car, enfin, revenons aux Évangiles. Parmi les miracles par lesquels Jésus s’est fait reconnaître des hommes en tant que messie, fils de Dieu, sauveur (Théou Uios, Soter), on trouve au premier rang celui de guérir les malades et les paralytiques, mais aussi et surtout celui de ressusciter les morts, et tout le monde connaît le célèbre épisode de Lazare. Cet homme est mort depuis des jours et Jésus fait retirer la pierre qui ferme le tombeau et lui demande de sortir et, soudain, Lazare apparaît à l’entrée, défaisant ses bandelettes… Et lorsque Jésus rencontre le paralytique, il s’approche et lui dit aussi :"Lève-toi et marche !"
Et n’en est-il pas de même pour Macron, le seul capable de faire la même choses avec tous les moribonds et les trépassés… Car, les uns après les autres, on voit ressusciter tous les disparus de la politique : Robert Hue, que tout le monde avait oublié et enterré, et qui fut jadis premier secrétaire d’un parti dont on se demande encore s’il existe ; Bertrand Delanoë, l’antique maire de Paris ; Jean-Louis Borloo, qu’on croyait enseveli sous une caisse de whisky ; Kouchner, Cohn-Bendit de 68 et tant d’autres… Mais à chaque jour ne suffit pas sa peine et ils ne cessent d’affluer, tous ces chers disparus, et c’est une nouvelle et immense résurrection en forme d’événements médiatiques continus, et l’on voit tous ces fantômes sortir de l’ombre et ressusciter pour lui tendre la main avec laquelle on porte les maroquins.
Oui, on les croyait tous évanouis dans les oubliettes de l’Histoire, où ils étaient plongés pour l’éternité, mais le nouveau messie Macron est arrivé et ils les a fait se lever tous et marcher, il les a fait sortir de leurs tombes pour faire du nouveau, du renouveau, du moderne et du progrès.
Entre Évangile selon saint Jean, et Nuit des morts-vivants, le nouveau messie Macron parcourt les allées des cimetières politiques et en fait jaillir une nouvelle armée de zombies, en marche vers un avenir fantastique…
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