Ouf ! Vont pouvoir rester ministres…

Ouf

Surtout ne pas confondre débâcle et repli stratégique. Se retirer sur une position préparée et reconnue à l’avance, comme on dit dans les manuels militaires, c’est le b.a.-ba de la guerre. En politique, c’est la même chose. Les stratèges qui nous gouvernent semblent l’avoir compris : les ministres qui seront battus aux élections municipales ne seront pas tenus de démissionner. C’est la bonne nouvelle de la journée. Pour eux, en tout cas. Ainsi en aurait décidé qui vous savez, selon des informations recueillies par Le Parisien. « Du coup, vous pouvez vous détendre, les gars, allez-y, les filles, on vous garde votre place au chaud pour le 22 mars soir. »

Le 28 janvier dernier, Le Figaro demandait à ses lecteurs si les ministres devraient démissionner du gouvernement en cas de victoire aux élections municipales. Sur les près de 74.000 votants, 86,96 % ont répondu « oui ». Dommage que la question n’ait pas été posée en cas de défaite… Cela dit, un lecteur facétieux écrit : « Et s’ils perdent aussi, question de démocratie ! » C’est un point de vue, mais aucune loi n’oblige ce terrible sacrifice. D’ailleurs, Sibeth Ndiaye, qui aime bien faire sa savante, vient de donner un petit cours de science politique sur Public Sénat en rappelant que « la légitimité du ministre ne procède pas du fait qu'il soit élu parlementaire ou élu local ». Merci, Sibeth, on ne savait pas. L’ajout de ce petit harnais de sécurité pour les ministres qui veulent s’essayer au grand saut à l’élastique municipal arrive cependant un peu tard. Le 27 février, dépôt des listes en préfecture. Va falloir faire fissa, se dépêcher d’enfiler un parachute avant de sauter dans l’inconnu. Pas certain, finalement, que cela se bouscule à la porte de l’avion.

Il est vrai, aussi, que le terrain en bas est un tantinet miné. Selon un sondage Odoxa publié la semaine dernière, La République en marche ne serait créditée que de 18 % d’intentions de vote pour ce scrutin, soit, finalement, son socle historique. Gaël Sliman, président d’Odoxa, rapporte Ouest-France, estime que « les Français sont tentés de se servir des municipales pour sanctionner le gouvernement » : 30 % des personnes interrogées, ce qui n’est pas rien. D’où la préparation de positions reconnues d’avance. « T’es battu ? Tu restes au gouvernement quand même. Pourquoi ? Parce que les élections municipales sont un enjeu local. Ah, d’accord ! »

D’ailleurs, pour les électeurs qui voudront se payer un macroniste à ces élections, ça va pas être coton. Pas évident de les repérer, dans cette campagne touffue, à part des têtes de drakkar normand comme Philippe, au Havre, ou de gondole, comme Griveaux, à Paris. Et tout le monde n’a pas la chance d’habiter la Ville lumières (on met un « s » quand elles sont plusieurs). Dans les lointaines provinces, c’est un peu la chasse à la galinette cendrée ou la cueillette des champignons : si on ne connaît pas les coins, c’est même pas la peine d’enfiler ses bottes. Si, peut-être, un truc, un conseil qui vaut ce qu'il vaut : se dire qu’un seul LREM sur une liste municipale suffit à la qualifier de LREM. Vous allez voir, la politique locale, voire nationale, va vous paraître, d'un coup, beaucoup plus claire...

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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