Oise Hebdo, qui a balancé le policier de Nanterre, coutumier des procès

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« Pourriture Hebdo », « Oise ragots », « Oise crado », « torchon »… Depuis la publication sur son site Internet d’un article anonyme, qui révèle le visage, le nom de famille et l’adresse du policier impliqué dans la mort de Nahel, les qualificatifs injurieux pleuvent sur Oise Hebdo. Poussé par l’indignation de nombreux lecteurs et d’une grande partie de la classe politico-médiatique, Gérald Darmanin a annoncé son intention de saisir le procureur de la République. « La "publication" Oise Hebdo publie des informations mettant en danger la vie de la famille du policier en détention », justifie le ministre de l’Intérieur.

Mais malgré la pression, l’hebdomadaire picard persiste et signe. BV l'a contacté, le directeur a répondu à nos questions. Ce 7 juillet, « la rédaction » et son directeur, Vincent Gérard, publient un nouvel article – dans lequel l’identité du policier est à nouveau divulguée – pour justifier leur liberté d’expression. À les lire, le policier en question n’étant « pas inclus dans la liste » des forces de l’ordre ayant le droit à l’anonymat, il est tout à fait légitime, selon la loi sur la liberté de la presse, de rendre publiques certaines informations personnelles. « Oise Hebdo ne donne pas le numéro et le nom de la rue alors que les autres sites l’ont fait. Ils l’ont fait d’ailleurs avec une intention de nuire », assure l’hebdomadaire. Une justification qui ne tient pas, selon Maître Henri de Beauregard. Sur son compte Twitter, l’avocat cite l’article 223 du Code pénal qui dispose : « Le fait de révéler, de diffuser ou de transmettre […] des informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser aux fins de l’exposer ou d’exposer des membres directs de sa famille à un risque direct d’atteinte […] est puni de trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. » Une disposition légale qui, selon l’alinéa 5, s’applique également aux titres de presse. Cette affaire n’est pas la première à laquelle est confronté ce journal local à « la réputation sulfureuse ».

« Une trentaine de procès »

Dès 1998, soit quatre ans après la création de l’hebdomadaire, Jacques F., l’un des journalistes de Oise Hebdo, est condamné en première instance à trois mois de prison avec sursis et 5.000 francs d’amende et à verser 2.000 francs aux policiers victimes, pour outrage et rébellion. Quelques semaines plus tôt, le journaliste aurait insulté et bousculé des agents de police afin de prendre en photo, malgré l’interdiction du parquet, une suspecte afin d'illustrer son article. Alors qu’il plaidait la liberté d’informer, le substitut lui rétorque : « Si quelqu’un a empêché quelqu’un de faire son métier, c’est vous en entravant la mission des policiers qui consistait à empêcher que trois enfants ne découvrent l’image de leur mère entravée entre deux policiers à la une d’une certaine presse. » Une dizaine d’années plus tard, un autre journaliste de Oise Hebdo et son directeur de rédaction comparaissent devant la cour d’appel d’Amiens pour diffamation. Leur article « laissait croire que l’inspection d’académie avait mis fin à [à la carrière d’institutrice de la plaignante] du fait d’un comportement d’une particulière gravité […] ce qui s’est révélé inexact », note le tribunal. Les deux hommes sont condamnés à verser 1.500 euros à l’enseignante lésée.

À l’été 2015, Oise Hebdo fait pour la première fois les gros titres de la presse nationale. Le journal local est condamné à retirer l’un de ses numéros de la vente après avoir publié un article sur le présumé suicide d’un commerçant, avec certains détails privés. Une décision finalement cassée en appel. Quelques mois plus tard, la rédaction de l’hebdomadaire comparaît à nouveau devant le tribunal dans une affaire de diffamation contre une entreprise de pompes funèbres. Le média est condamné en première instance. Une décision confirmée deux ans plus tard en appel. Au total, France 3, dans un article publié en 2017, recense « une trentaine de procès en 23 ans ».

Cette succession d’affaires s’explique par la ligne éditoriale adoptée par Oise Hebdo depuis sa création. À l'instar des tabloïds britanniques, ce « magazine local habitué aux unes morbides ou racoleuses », comme le résume « »Arrêt sur images » en 2015, aime mettre sur la couverture les visages et noms des protagonistes impliqués dans les faits divers du département. Pour rappel, diffusé à moins de 8.000 exemplaires chaque semaine, l’hebdomadaire a reçu, en 2021, 17.048 euros de subventions.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

42 commentaires

  1. « Pour rappel, diffusé à moins de 8.000 exemplaires chaque semaine, l’hebdomadaire a reçu, en 2021, 17.048 euros de subventions. » Lorsqu’on finance un malfaiteur, on est complice.

  2. Quelqu’un peut-il vérifier, s’il vous plaît, comment ces journalistes ont traité l’affaire des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo?
    Si ils les ont relayés et défendu quand c’était encore à la mode à gauche, merci de le faire massivement savoir tout en donnant les noms des journalistes et l’adresse de leurs bureaux.
    C’est pas interdit non plus, et ils verront que ça n’est pourtant pas souhaitable.

  3. Je pense que ce torchon ferait du deux poids deux mesures en ne divulguant pas par exemple , les coordonnées d’un violeur assassin d’enfant où autres atrocités du genre , mais comme c’est un flic , on peut y aller .

    • Pardonnez moi, j’ai réagi avant de vous lire en reprenant le même argumentaire. Comme quoi nous sommes nombreux à penser la même chose. Bon Dimanche

  4. Certains journaux en France ne subsistent et ne vivent que de subventions. Il faut arrêter d’abreuver ces médias, enfin qui se disent « médias » et qu’ils gagnent leur existence grâce à un travail honnête et sans bavures.

  5. Ce Vincent Gérard, étant jeune devait déjà être un délinquant, un type mal adapté, anarchiste.
    C’est un délinquant recasé. Mais toujours un délinquant dans l’âme. Et bien sûr, qui s’assemble se ressemble, les autres journalistes de Oise info ont la même couleur. Espérons que la Justice passe et les pénalise pour ce crime ignoble qu’ils ont commis en ciblant les enfants et la femme du policier en question. C’est bien un appel au crime dont ils se sont rendus coupables, et ils doivent payer pour ça, pour leur bêtise crasse. Ce sont des nuisibles. Ensuite, suppression des avantages financiers qu’ils ont, ce ne sont pas des journalistes.

  6. Suppression immédiate de la subvention, ce qui équivaudra à la disparition à très court terme de ce torchon

  7. Désigner à la vindicte populaire une personne est un des moyens privilégiés des dictatures ( voir les murs de la honte en Chine, le quart d’heure de délation etc… ) .Dans une Démocratie qui se respecte ceux qui pratiquent ce genre d’ exercice sont , au mieux , appelés des mouchards, des indics, au pire, des pousse au crime.

  8. Encore une preuve que notre argent distribué en subventions l’ai sans discernement.
    Il faut impérativement couper ce robinet et tant d’autres, mais pour cela faudrait-il du courage et là…

  9. Ce gouvernement subventionne un média condamné 30 fois. Voila comment Macron dépense nos impôts : en encourageant les médias diffamatoires et les associations qui font le trafic de migrants….

  10. ce genre de torchon n’a d’utilité que pour tapisser le fond des poubelles sociétales – donc aucune raison de le subventionner, c’est l’évidence même !

  11. Ce torchon fait concurrence à Médiapart pour être sûr la première marche du podium de l’ignominie abjecte. Le camarade commissaire politique, patron de Médiapart devrait le poursuivre pour concurrence déloyale.

  12. Ce torchon manifeste-t-il la même audace lorsqu’il s’agit des adeptes de la fameuse religion dite de paix et d’amour ? Loin s’en faut ! Difficile de sortir du puits de la médiocrité.

    • C’est une question que j’entendais poser. Nous sommes bien d’accord. De l’autre côté, les représailles seraient exemplaires.

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