Notre souveraineté nationale morte et enterrée ?

nations unies

Un gouvernement démocratique pour sauver la planète ? Jacques Attali s’interrogeait déjà dans son livre Demain, qui gouvernera le monde ? Face aux crises économiques, sociales ou écologiques, il décrivait « un monde impossible à vivre, qu’il nous faut donc d’urgence oser rêver tout autre », imaginant les contours d’un gouvernement mondial, d’un projet fédéral géré par un exécutif planétaire. Au micro de France Culture, l’économiste et écrivain ajoutait : « Sans une grave crise, un gouvernement supranational du monde ne sera jamais mis en place. » C’était en 2011.

Dix ans plus tard, la grave crise est bel et bien là. Elle met en lumière notre interdépendance internationale, ne serait-ce qu’en matière de souveraineté pharmaceutique : pour mémoire, la rupture de stock du printemps dernier, puisque la majorité des principes actifs venaient de Chine, mondialisation heureuse oblige. De cette crise mondiale allait advenir cette utopie du « monde d’après ». « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner […] à d’autres est une folie », annonçait Emmanuel Macron dans sa « déclaration de guerre » promettant un retour aux relocalisations et aux circuits courts.

En matière de souveraineté nationale, notre Président maastrichtien (tel que le nomme Michel Onfray chez Christine Kelly dans une diatribe éloquente sur notre démocratie à revoir) est inféodé à la Commission de Bruxelles et ses directives venues d’ailleurs. « L’Union européenne est une machine qui permet de déresponsabiliser les élites françaises, qui, en passant par l’échelon européen, n’ont plus besoin de décider et d’assumer leurs décisions, ce qui est pourtant l’essence même du pouvoir », écrit le spécialiste en géopolitique Jean-Loup Bonnamy dans Le Figaro, reprenant à son compte l'analyse d'Emmanuel Todd. Et la gestion de la pandémie l’illustre quotidiennement.

Mais ce multilatéralisme s’apprête à s’étendre désormais au niveau planétaire puisque vient d'être proposé « un leadership mondial pour bâtir un système de santé mondial à la hauteur de ce millénaire ». Point de théorie du complot ou d'arguments illuminés, mais bien « un partage des responsabilités » réclamé par vingt-six chefs d’État et de gouvernement (dont Emmanuel Macron) et le directeur de l’OMS qui viennent de signer une tribune pour garantir « un accès universel et équitable aux vaccins, aux médicaments et aux diagnostics en cas de pandémie ». L'idée d'un gouvernement mondial est lancée, nous promettant de vivre « normalement », sortir, retrouver nos proches ou voyager grâce à la vaccination de masse, les QR codes et les certificats sanitaires. À moins d'habiter dans un village d'irréductibles Gaulois réfractaires ?

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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