Non possumus, Monseigneur

messe

Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, par un tweet publié le 14 novembre, tente de décourager les catholiques de manifester et de prier devant des cathédrales et des églises de France. Son message débute par l’expression de sa compassion, se poursuit par une exhortation à la charité et dénonce un mélange des genres : prier et manifester en même temps, c’est confus, la prière s’adresse à Dieu et la manifestation à l’autorité civile. En outre, cela nuirait au dialogue des représentants du culte avec ceux de l’État, dont il espère qu’il sera fécond.

Non possumus. Nous ne pouvons pas.

Sera-t-il permis à des fidèles de penser que « le dialogue fécond » envisagé n’est pas possible, qu’il sera biaisé ? Ce pouvoir, qui a tant menti depuis le début de cette crise sanitaire, qui a tant usé et abusé de la peur pour tenir en laisse et asservir la population, sert plus ses ou des intérêts que le bien commun, et il est allé jusqu’à faire voter la PMA sans père, les embryons chimères et l’avortement jusqu’au neuvième mois au creux de l’été.

La confiance se mérite. Le pouvoir en place n’a rien fait pour mériter celle des catholiques, bien au contraire. Le verbatim du discours d’Emmanuel Macron aux bernardins qui a fait se pâmer les naïfs mérite d’être relu. Nous l’écoutons avec intérêt, avec respect et même nous pouvons faire nôtres nombre de ses points. Mais cette voix de l’Église, nous savons au fond vous et moi qu’elle ne peut être injonctive. C’est une façon polie de dire : « Cause toujours, tu m’intéresses ! »
Le risque de faire échouer des discussions entre prélats et ministre est-il plus grand si des catholiques montrent leur détermination à voir restaurer le culte ? Au contraire, la perspective d’un rapport de force trouve parfaitement sa place dans une négociation, et ce pouvoir ne comprend, semble-t-il, que ce langage.

En décembre 2012, le député Alain Tourret, maintenant passé à La République en marche, avec une morgue et un mépris palpable, intimait à Monseigneur André Vingt-Trois de ne pas « lancer [ses] catholiques, s’il en reste », lors de l’audition des religions pour le mariage Taubira. Des catholiques (beaucoup, mais pas seulement) se sont effectivement lancés, avec fougue, avec inventivité et aussi avec respect dans cette lutte pour tenter de préserver une anthropologie compatible avec les enseignements de l’Église. Cette lutte dure encore. Ces mêmes catholiques peuvent se lever aussi pour défendre la liberté de culte. Certains le veulent. J’en suis et je serai devant la cathédrale de Vannes, le 15 novembre.

Quant au mélange des genres qui consisterait à prier en manifestant, ou l’inverse, saint Ignace de Loyola lui-même a déjà répondu : « Prie, car tout dépend de Dieu, mais agis comme si tout dépendait de toi. »

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