Étrange émission que celle d’Élise Lucet sur les mystères de l’industrie laitière française !

Certes, le premier groupe laitier mondial à l’ascension fulgurante, la très familiale Lactalis, est bien connu pour ses pratiques peu transparentes et ses démêlés avec ses fournisseurs de lait. Le journalisme d’investigation a découvert l’eau chaude.

Certes, la puissante coopérative Sodiaal ne brille pas toujours par ses choix judicieux, ni par son soutien à ses agriculteurs sociétaires. Les limiers de la télé ont découvert l’eau tiède, cette fois.

Et, en prime, on nous offre un petit voyage en Nouvelle-Zélande pour pimenter à la sauce écolo ce plat décidément très plat.

Les explications, la vérité, ce sera pour plus tard, tant il est vrai que des journalistes de la presse subventionnée et généraliste, ça ne peut pas tout savoir et encore moins exposer honnêtement un sujet complexe, qu’ils prétendent cependant connaître, mais qu’ils ne maîtrisent nullement.
Car en France, il existe des industries laitières performantes, des productions prestigieuses et des éleveurs formidables.

Regardez, par exemple, nos « fruitières » comtoises des montagnes jurassiennes. Pourquoi cette réussite du fromage de Comté alors que les conditions naturelles sont bien plus âpres que celles de la France de l’Ouest ? Justement parce que, siècle après siècle, les paysans de Franche-Comté ont appris à tirer parti de dures conditions climatiques et construire une production laitière prestigieuse au profit de tous. Le Comté se conserve pendant le long hiver jurassien et conserve toutes les saveurs des pâturages estivaux. Le consommateur le plébiscite.

Cette recherche de la qualité, plein d’autres appellations fromagères françaises, du roquefort et du bleu des Causses au camembert au lait cru moulé à la louche de Normandie, l’ont réussie, la perpétuent et en vivent bien. Souvent, les sociétés phares de ces appellations d’origine ont été rachetées par ces passionnés de fromages que sont les dirigeants de… Lactalis !

Première remarque : tout cela, madame Lucet n’en parle pas. J’appelle cela la haine de soi à la française, spécialité hélas servie à toutes les sauces dans nos médias grand public.

Deuxième remarque : pourquoi ces fiascos et drames humains rencontrés par madame Lucet ?

Ce n’est pas simple, madame Lucet, l’économie agricole. Il n’y a pas un lait, mais des laits. Le lait des estives jurassiennes produit un comté fruité et savoureux, le lait des pauvres vaches en stabulation dite libre nourries à l’ensilage dans les contrées de l’Ouest n’a pas les mêmes caractéristiques et qualités et il ne donnera jamais un chef-d’œuvre gastronomique. Un lait de moindre qualité se négocie forcément plus près des cours mondiaux. Si, de surcroît, l’agriculteur veut se payer le tracteur dernier cri, ou si sa gestion n’est pas prudente, alors…

Comprenez-vous, Madame Lucet ?

En tout cas, votre production à vous, croyez-moi, ce n’est pas une appellation d’origine contrôlée française prestigieuse, c’est tout juste du bas de gamme. Pas de quoi en faire un fromage.

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19 janvier 2018 à 10:42

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