« Chez certains, entre les paroles et les actes, il y a parfois un fossé. Dans le cas de madame Schiappa, c’est plutôt un ravin ! »

La secrétaire d’État Marlène Schiappa compte adresser aux députés une note intitulée "Laïcité".

Les députés Les Républicains et le Front national seront, d'emblée, exclus de cette distribution… Mais pourquoi donc ? Emmanuelle Ménard aimerait comprendre pourquoi ces députés-là ne seraient pas dignes de lire sa prose…

La secrétaire d’État Marlène Schiappa va adresser à certains députés une note intitulée "Laïcité". Les autres députés Les Républicains et le Front national seront exclus de la distribution. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

J’ai lu cette information avec beaucoup de rires dans un entrefilet du Figaro le week-end dernier. Je ne sais pas pourquoi et ça m’intéresse de le savoir, justement. J’ai, d’ailleurs, écrit à madame Schiappa pour qu’elle m’explique la raison de cet ostracisme. Elle qui se fait le défenseur de l’égalité à tout crin et, évidemment, de l’égalité homme-femme.
Apparemment, les députés ne sont pas tous égaux. Il y a des députés fréquentables et d’autres non. Il y aurait des députés sensibles à sa littérature et d’autres qui ne doivent pas l’être, des députés bornés et étriqués et d’autres, très certainement éclairés, selon ses propos.
Je lui ai donc écrit pour qu’elle m’explique pourquoi les députés des Républicains et du Front national ne seraient pas dignes de lire sa prose.

On pourrait penser que cette note s’adresse uniquement à la majorité, mais a priori les députés Insoumis sont concernés. Seraient-ils plus laïcs que vous ?

Non, je pense que c’est malheureusement la démonstration que, chez certaines personnes, entre les paroles et les actes, il y a parfois un fossé. Dans le cas de madame Schiappa, c’est plutôt un ravin. Elle dit que nous devons tous être égaux et placés sur un même plan. Elle se fait, évidemment, le chantre de l’égalité homme-femme, mais lorsqu’on quitte ce débat-là, ses beaux principes ne sont plus valables.
Elle est donc toujours dans l’ostracisme politique. À droite, nous sommes de vilains réactionnaires et les autres sont fréquentables.

Marlène Schiappa a peu apprécié un colloque organisé par votre collègue Marie-France Lorho. Ces journées parlementaires pour la vie ont attiré les foudres de la secrétaire d’État, qui a qualifié ses participants de réactionnaires moyenâgeux et obscurantistes. Trouvez-vous, là, un début de réponse ?

C’est la suite logique de son raisonnement.
Lors des questions au gouvernement, Marlène Schiappa a répondu à une question adressée au Premier ministre. Elle a dit : "Rendez-vous compte qu’au nom de la liberté d’expression, un “colloque contre l’avortement” est en train de se tenir actuellement dans l’Hémicycle par de vilains “réactionnaires, obscurantistes et moyenâgeux”."
D’abord, ce n’était pas du tout un colloque contre l’avortement, mais un colloque sur le transhumanisme. Il faudrait probablement expliquer à madame Schiappa la différence.
J’ai cru, un moment, qu’elle allait dire aux députés « Levez-vous et allons manifester devant la salle où se tient le colloque ». Elle n’est pas allée jusque-là.
Mais c’est le reflet de cette intolérance. C’est le propre de ces personnages politiques bien-pensants qui sont assez peu intéressants, finalement, car assez peu ouverts au dialogue et au débat.
J’étais contente que le colloque se tienne dans le cercle de l’Assemblée. Il me semble que l’Assemblée est, justement, le lieu où nous devons pouvoir débattre de tout.

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Emmanuelle Ménard
Journaliste et essayiste - Députée de l'Hérault.

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