Nicolas Dupont-Aignan, soyez fou, envoyez tout valdinguer ! Dans l’intérêt des Français…

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Dans cette élection, il y a aussi les « faux perdants ». Jean-Luc Mélenchon, bien sûr, qui a frôlé la qualification, mais aussi Nicolas Dupont-Aignan qui, certes, n’a pas passé la barre fatidique des 5 % lui permettant d’être remboursé, mais peut se targuer d’avoir attiré, depuis 2012, plus d’un million d’électeurs supplémentaires.

On attend à présent ses consignes de vote. On l’imagine, dans son bureau, faisant les cent pas, prière de ne pas déranger. Mettre ou ne pas mettre… un bulletin Marine Le Pen dans l’urne.

Car il est très courtisé par le FN, dont il est LE potentiel réservoir de voix. Marine Le Pen et Florian Philippot le caressent chacun leur tour dans le sens du poil, vantant son succès et mettant en avant le papier de cigarette qui les sépare.

Mais le vice-président de Debout la France, Dominique Jamet - qu’il est inutile de présenter sur Boulevard Voltaire puisqu’il en est un des fondateurs, unanimement apprécié des lecteurs -, le met en garde contre une perte d’autonomie et une satellisation. Stratégiquement, le risque est indéniable.

Son porte-parole, Laurent Jacobelli, souligne aussi, dans Le Figaro, qu’il doit prendre garde à ne pas « fâcher [leur] électorat » : un sondage OpinionWay publié lundi montre que 54 % des électeurs de DLF comptent voter au deuxième tour… Emmanuel Macron (contre 32 % pour Marine Le Pen).

Mais si, c’est possible. De quelle façon, par quel méandre tordu de la pensée, par quelle torsion spécieuse du raisonnement un électeur de Nicolas Dupont-Aignan peut-il échafauder le projet baroque de voter Macron au deuxième tour, en parvenant, en plus, à se convaincre qu’il s’agit d’une bonne idée ? Le mystère reste entier. L’élection a ses raisons que la raison ne connaît pas. Encore qu’Emmanuel Macron serait capable, si on lui posait la question, de se dire, lui aussi, non pas « souverainiste » mais « un souverainiste », « parce qu’en même temps, il y a plusieurs souverainismes », et tutti quanti, avec cette formidable capacité de s’emparer de toute conviction pour en siphonner la substance, la fragmenter, la disperser façon puzzle ou en faire du gloubi-boulga.

Quoi qu’il en soit, les faits sont là : stratégiquement, encore une fois, le risque est indéniable.

"Choisir, c’est renoncer", disait André Gide. La carpe ? Le lapin ? Ni la carpe, ni le lapin ? Impossible, puisqu’il avait promis, avant le premier tour, de « prendre ses responsabilités ».

Une solution serait évidemment - soyons fous - d’envoyer tout valdinguer : les probabilités, les statistiques, les courbes de Gauss, les projections pour les législatives, les retours sur investissement et les risques stratégiques indéniables. Pour ne garder que l’intérêt des Français.

Dans le livre-entretien de Samuel Pruvot 2017, les candidats à confesse (Éditions du Rocher), Nicolas Dupont-Aignan pense tout haut : « Je suis certain qu’il existe dans chaque être humain une petite flamme qui ne peut se réduire à de simples calculs. Cette gratuité rend la vie merveilleuse. C’est le miracle de la résistance. » Nous aussi, nous en sommes certains. Saint Aignan était justement thaumaturge. Réputé vous débarrasser de la teigne.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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