Michel Thooris : « Il y a la volonté de blesser gravement ou de tuer des policiers… Malheureusement, silence radio du côté des politiciens ! »

Michel Thooris

Des policiers ont été attaqués au mortier à Grigny (Essonne). Un véritable acte de guerre ! Réaction de Michel Thooris au micro de Boulevard Voltaire. Selon lui, on n'a pas franchi un palier de violence, on est juste dans la continuité de cette violence systématique qui s'exerce à l'égard des forces de l'ordre.


À Grigny, la nuit a été compliquée. Des policiers ont été attaqués au mortier. Ils ont répondu en faisant usage de leurs armes. Franchit-on un palier ?

Il faut rappeler que Grigny n’est pas un territoire qu’on ne connaît pas. Je tiens à vous rappeler qu’en octobre 2016, nos collègues étaient en surveillance dans un véhicule banalisé pour protéger une caméra de vidéo surveillance au pied de cette cité. Cette caméra était dédiée à limiter le trafic de stupéfiants. Nos collègues ont été attaqués à coup de cocktail Molotov dans leur véhicule. Ils avaient été brûlés. Cette attaque avait déclenché une manifestation spontanée de nos collègues.
Rien n’avait été fait par les politiciens et par la justice pour tenter de lutter contre ces réseaux de criminalité organisée. Ces derniers s’apparentent à des systèmes mafieux qui contrôlent totalement certains quartiers. Le palier a été franchi en 2016 lorsqu’on a tenté de brûler vif nos collègues dans le véhicule de police. Aujourd’hui, on est que dans une continuité de violences systématiques à l’encontre des forces de l’ordre.


Avez-vous l’impression qu’aucune réponse n’a été formulée ?

Il n’y a eu aucune réponse sur le plan pénal et politique. Dès que les collègues pénètrent à l’intérieur de ces quartiers, ils sont systématiquement attaqués avec des actes de guerre. On parle d’explosifs improvisés, fabriqués et utilisés contre les forces de l’ordre avec la volonté de blesser gravement et de tuer des fonctionnaires de police dans l’indifférence la plus générale.
Au moment des Gilets jaunes, Christophe Castaner s’était empressé d’aller sur les lieux de la pseudo intrusion de Gilets jaunes à la Pitié Salpétrière. Là, malheureusement, c’est silence radio du côté des politiciens pour s’indigner, dénoncer ou se déplacer sur les lieux de cette ignoble attaque pour apporter une réponse politique.


On achète la paix sociale et on les laisse faire leur trafic, mais on ne règle pas du tout la situation…

L’État s’est complètement désengagé sur la sécurité des Français dans les quartiers. Emmanuel Macron et Christophe Castaner ne sont pas totalement en cause. Cette situation a démarré sous Nicolas Sarkozy avec le retrait de la police de proximité dans les quartiers. Dès lors que la police de proximité a été supprimée dans ces quartiers, on a abandonné le territoire aux gangs de narcos trafiquants et on n’a jamais pu y remettre les pieds. Très honnêtement, à part des opérations très ponctuelles où les collègues rentrent dans des conditions apocalyptiques quasiment en état de guerre civile, ces quartiers ont complètement été abandonnés. Les trafiquants détiennent les pleins pouvoirs dans ces quartiers pour l’organiser à la fois sur le plan sociétal et sur le plan économique.


Des policiers ont fait usage de leurs armes. C’est suffisamment rare pour être signalé.
Risque-t-on d’atteindre un point de non-retour ?

C’est uniquement dû au professionnalisme des collègues. Ils choisissent de mettre en danger leur vie plutôt que de faire des dégâts de l’autre côté. Le collègue était parfaitement en légitime défense. Il aurait été bien fondé à ouvrir le feu de manière létale sur ses agresseurs, mais il a fait le choix prudent et raisonnable de tirer dans le sol et d’essayer, au péril de sa vie, d’éviter de faire des blessés et des morts du côté des assaillants. Il est évident qu’un jour ou l’autre cette situation ne sera plus possible. Il y a aura alors forcément des morts d’un côté ou de l’autre.

Michel Thooris
Michel Thooris
Secrétaire général du syndicat France Police

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