Mesures de simplification pour les Français : ¡caramba! encore raté !

castex

« La numérisation de nos services publics est une démarche très positive, attendue, et synonyme de simplification de l’accès aux services publics », déclarait solennellement Jean Castex, début février. En septembre dernier, il annonçait également une batterie de mesures pour permettre son « choc » de simplification administrative… Las, le tollé de la nouvelle attestation dont la France entière rirait encore si tant de nos compatriotes ne subissaient pas les élucubrations de sa bureaucratie prouve que ce gouvernement est décidément incapable de se dépêtrer du fameux « en même temps » macronien.

Et le récent rétropédalage n’y changera rien. Les réseaux sociaux disposaient d’un boulevard, ce week-end, pour ironiser sur l’aspect ubuesque des nouvelles restrictions. Du couvre-feu au confinement rebaptisé #confifeu ou #coufrement, les annonces contradictoires devenues délirantes ont décrédibilisé un peu plus une communication gouvernementale déjà bien en peine. Les stations de ski restées fermées tout l’hiver apprécieront d’apprendre que le virus circule moins en plein air !

« Alors, je vous l’accorde, l’attestation est complexe », a reconnu Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur, au sujet de feu l’attestation imaginée par une administration « enfermiste » qui proposait pas moins de quinze cases à cocher, complétées par un long encadré renvoyant à autant d’astérisques. Face à une telle dérision sur son chef-d’œuvre bureaucratique, acculé, le gouvernement est contraint de revoir sa copie mais le mal est fait : le fossé se creuse chaque jour un peu plus entre les Français pragmatiques et les autorités dogmatiques, définitivement dénuées de tout bon sens. « Depuis un an, nous n’assistons qu’à des réactions au coup par coup, une communication désordonnée, des contradictions permanentes », ironisait Christian Jacob dans le JDD.

Alors, tôt ou tard, les Français privés de leurs libertés devront demander des comptes, parce que noyés sous des annonces de chiffres, ils devraient comprendre que la situation « n’est pas catastrophique et n’a rien de comparable avec ce que l’on a connu au printemps dernier », selon Christophe Prudhomme, médecin au SAMU 93 et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). Dans un entretien accordé au Figaro Vox, il note qu’« aujourd’hui en Île-de-France, nous avons 1.100 malades atteints de la Covid en réanimation, 4.200 pour l’ensemble du territoire national, alors que nous étions montés à 7.500 de manière brutale, au printemps dernier ». Il accuse donc les « enfermistes » de vouloir détourner l’attention des vrais sujets : « Nous n’avons ouvert aucun lit de réanimation depuis janvier 2020, c’est-à-dire juste avant la crise. Moins de 1.200 lits de réanimation en Île-de-France pour l’une des premières métropoles mondiales et 12 millions d’habitants… Il y a un problème. Problème soulevé l’année dernière. La situation n’était donc pas imprévisible. » Exactement comme l'année dernière, on reconfine pour éviter la saturation hospitalière : retour à la case départ. Mais errare humanum est perseverare diabolicum.

Dans un contexte d'insécurité galopante, au moins aussi dangereuse que le virus, le gouvernement concentre son attention sur des cases d'attestations et nous brandit la menace de la verbalisation. Totalement dépassé, il fait et défait ses propres mesures d’urgence, avec une maîtrise de sa communication tout aussi aléatoire puisque, pour sa part, notre ministre de la Santé refuse de parler de nouveau confinement. Sans craindre le ridicule, il lui préfère la jolie formule « S'aérer pour souffler, se distancier pour se protéger ». À l'heure où le Conseil scientifique préconise l’extension du confinement à d’autres départements, nous imposera-t-on une nouvelle attestation ?

Picture of Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois