Médias : le président de l’Arcom met gravement en garde contre « une forme d’esprit de censure »

Siège Arcom
Siège Arcom

On peut avoir été nommé par le président de la République et défendre, à l’aide d’arguments implacables, les grands principes de la liberté d’expression.

Ce jeudi 23 février, face aux étudiants de Sciences Po Paris, le président de l’Arcom Roch-Olivier Maistre a eu le mérite de rappeler les règles du jeu. S’il a été nommé par le président de la République qui a exigé ce droit, il reste un haut fonctionnaire précis, droit, rigoureux et honnête. Cela existe. Un de ces serviteurs de l’État travailleurs et discrets grâce auxquels le pays donne parfois l’illusion de tenir encore debout. Ses propos sonnent comme une alerte auprès des politiques et de la société embarquée par les gentils Robespierre et les charmants Torquemada du politiquement correct sur une pente glissante. Quelques jours après que le ministre de la Culture a menacé C8 et CNews à l’antenne de France Inter, le président du CSA a le mérite - et le courage - de le dire noir sur blanc.

Que se passe-t-il dans cette France tentée par le réflexe du bâillon ? La « polarisation » favorisée par l’usage des réseaux sociaux, explique Roch-Olivier Maistre aux étudiants, « conduit à des expressions d’intolérance beaucoup plus grandes et plus fortes et, du coup, à une forme d’esprit de censure ». Le mot est lancé, il est juste. Bien des médias de droite pourraient en témoigner… Dans notre pays qui se gargarise encore de ce soi-disant modèle démocratique, une partie du public ne supporte plus les opinions divergentes. « Si on suivait l’ensemble des alertes qui nous sont transmises quotidiennement, il n’y aurait plus de radios et plus de télévisions », remarque Roch-Olivier Maistre. L’Arcom reçoit chaque mois des centaines, voire des milliers de signalements sur son site Internet. Comme si les Français ne supportaient plus la liberté éditoriale, un pilier pourtant de la liberté tout court.

Et de préciser encore, ce que devraient écouter le gouvernement et la gauche radicale : « La liberté d’expression, c’est ce qui heurte, ce qui choque. Si la liberté d’expression, c’est d’être uniquement dans le politiquement correct et de déverser tous le même robinet d’eau tiède, ça ne va pas. » On ne saurait mieux dire. Le rappel vaut encore pour les innombrables associations et ligues de vertu journalistique qui classent, calomnient et attaquent la légitimité et le sérieux des médias d’opinion sur le fondement d’une déviance vis-à-vis du politiquement correct.

« Dans la liberté d’expression, il faut une place pour la polémique, une place pour la contestation, la dispute intellectuelle, insiste le président de l’Arcom. Heurter, choquer, cela fait partie de la liberté d’expression. Dès qu’on s’attaque à cela, on entre très vite dans une spirale. » Celle de la dictature. Il met en garde contre ce qu’il appelle « la tentation chinoise, forte sur les réseaux sociaux ».

Roch-Olivier Maistre tire de ces principes une conclusion logique concernant CNews, la chaîne d’information devenue la bête noire de la gauche politiquement correcte en France.

« CNews est un cas intéressant. La chaîne respecte strictement les temps de parole des personnalités politiques […] mais au titre de [sa] liberté éditoriale, [CNews organise] des émissions de plateau où elle invite des éditorialistes qui défendent des opinions qui sont les leurs. » Et, aussi curieux que cela puisse paraître dans une démocratie, certains s’en alarment. « Certains nous disent : ce sont des opinions très marquées, que fait l’Arcom ? Mais la loi vise très précisément et seulement les personnalités politiques », précise le président Maistre, qui insiste : « Je ne connais aucune démocratie où l’autorité administrative contrôle le temps de parole des journalistes et des éditorialistes. »

Il y a tout de même une lacune dans ce discours d’une grande logique, c’est l’engagement des chaînes publiques. Que les LCI, C8, BFM, RMC, Radio Courtoisie ou Radio libertaire alignent les éditorialistes de leur choix, de gauche ou de droite, c’est leur liberté. Ces entreprises sont privées, financées par les annonceurs publicitaires et des actionnaires, qui déterminent leur stratégie, ou par des donateurs. Au contraire, les Français, de gauche ou de droite, devraient pouvoir exiger des médias publics, qu’ils financent sans en avoir le choix, une certaine retenue, un effort constant de respect et de neutralité : ils supportent à l’inverse, sur beaucoup de ces antennes, un militantisme de gauche débridé qui ne gêne apparemment personne…

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Après ce discours inattendu à des « étudiants-de-gauche », a-t-on des nouvelles de madame Rima Abdul-Malak ?
    J’imagine qu’il y a quelques glottes parmi les habituels représentants vociférant des médias aux ordres qui sont restées bloquées dans leur larynx et ont tordu quelques cordes vocales !

  2. La tentative de cette énième ministre contre notamment CNEWS qui dérange le pouvoir du fait de sa vraie information et non d’une machine de Propaganda soumise, a échoué. Cette intervention a été contre productive pour la Macronie démontrant la perversité insidieuse de ce gouvernement de fantoches. Bravo monsieur le président de l’ARCOM.

  3. « un militantisme de gauche débridé ». Il suffit de voir, depuis quelques jours, le matraquage pro-Ukrainien déversé par TF1 aux 13h et 20h à grands coups de « reportages exclusifs » et de documentaires qui n’ont rien à faire dans un JT.
    Ils ont même ressorti le prétendu « massacre » de Butcha alors qu’il a été prouvé que ce n’était qu’une mise en scène.

  4. Il est même fort étonnant que Radio Courtoisie qui représente une vraie tranche de bonheur au milieu d’une décharge puisse encore exister. Seule la gauche pourrie peut diffuser librement son venin. Le problème n’est pas seulement politique il est directement en rapport avec le niveau intellectuel des auditeurs. Les radios et télévisions sont au niveau des populations.

  5. Les chaines publiques devraient respecter la pluralité, et ce n’est pas le cas loin de là !!! D’où le boycott important de ces chaines par ceux qui ont autre chose dans la tête que des neurones en court jus !!!

  6. Monsieur Baudriller à raison, Les médias indépendants se doivent de respecter le pluralisme, mais les médias gouvernementaux devraient eux être politiquement équilibrés. J’écoute parfois les radios publiques ce n’est pas du journalisme, c’est de la propagande. La ministre de la censure ferait bien de se préoccuper de ce problème.

  7. un « haut fonctionnaire précis, droit, rigoureux et honnête » ça se bâillonne et ça se mute Ca peut aussi être mis à la retraite. Le juge Charles Prats en sait quelque chose. Le macronisme est un régime totalitaire anti-démocratique. Comme nous en avons l’expérience, et de multiples exemples, Macron fait l’inverse de ce qu’il vient d’annoncer. la fermeture de Cnews et C8 est-elle en préparation ?

  8. La ministre de la culture a passé sous silence ce média public où l’on a chanté que Jésus était pédé !

  9. La ministre de la culture désavouée et c’est tant mieux. Heureusement qu’il existe des chaines comme CNews et des publications , pour véhiculer une autre pensée que celle diffusée sur Radio Paris , pardon France Inter …..

  10. Ce monsieur risque de se retrouver au chômage si il défends la liberté d’expression. Ce n’est pas pour ça que son maitre l’a nommé à ce poste.

    • Un fonctionnaire , haut ou pas , n’est jamais au chômage sauf faute grave ou choix de mise en disponibilité. Il est, au pire, placardisé, au mieux muté..

  11. Voilà tout est dit; la France du réel contre celle des phagocytes, à qui on a rien demandé et qui nous contemplera de loin. Ciao.

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