[MEDIAS] Cannabis : une émission façon page de publicité gratuite sur France TV !

© Shutterstock
© Shutterstock

Mardi 2 avril dernier, France 5 diffusait Cannabis, un documentaire « à valeur pédagogique » réalisé par Mathieu Kassovitz et Antoine Robin. Son but : comparer l'approche de la France avec celle des pays qui ont légalisé le cannabis. « Il n'était pas question de dire si c'est bien ou mal, mais de comprendre quels sont les résultats de ces pays », affirmait Kassovitz, dans la presse, promettant une enquête sans parti pris. « Ce n’est pas à nous, reporters, de donner les réponses. Nous, on n'a que des questions. » Sauf que les questions se sont avérées très orientées et les interlocuteurs et autres experts soigneusement sélectionnés.

Pendant un an, Mathieu Kassovitz a ainsi fait le tour du monde pour les besoins de son enquête. Son périple débute en France. Première étape : le cabinet parisien de Steeve Ruben, présenté pudiquement comme un spécialiste des stupéfiants, mais connu surtout comme l’« avocat des cités » pour sa propension à défendre les voyous impliqués dans divers trafics. Ensemble, les deux hommes évoquent la loi du 31 décembre 1970, dite loi Mazeaud, qui pénalise la consommation et la possession de cannabis. Celle-ci est immédiatement présentée comme une loi très contestable, vaguement populiste, prise sous le coup de l’émotion, à la suite de quelques faits divers tragiques. Mathieu Kassovitz en parle sur un ton grave, accompagné en fond sonore d’inquiétantes nappes de violons. « Un cadre juridique strict, ultra-répressif, qui n’empêche pas le commerce illégal de proliférer », dit-il.

Vis ma vie de dealers

Pour en faire la démonstration, notre enquêteur à la petite semaine embarque avec un dealer de région parisienne. Il se montre rieur et affable avec le délinquant, bien plus qu’il ne le sera plus tard dans l’émission avec les douaniers ou les forces de police… Séquence suivante : Mathieu Kassovitz est en compagnie d’un autre trafiquant qui sort sous son nez d’énormes liasses de billets. Interrogé sur son implication dans un business dont les ravages sur la santé des Français ne sont plus à prouver, le gros bonnet répond qu’il dort comme un bébé la nuit, la conscience parfaitement tranquille. L’acteur s’esclaffe.

Plus tard, il fait la rencontre de deux producteurs marocains de haschich, qu’il nous assure être des « légendes » dans leur domaine, des « passionnés ». « Le cannabis, au-delà d’être une drogue, est aussi une culture », déclare Mathieu Kassovitz. Le comédien est comme un poisson dans l’eau : il joue des percussions avec ses hôtes, plaisante avec eux, tout sourire, prend une dernière photo pour immortaliser cette rencontre émouvante, avant de laisser aux deux narcotrafiquants le mot de la fin : « C’est un médicament, pas une drogue ! » Notez bien que ce documentaire « à valeur pédagogique » a été diffusé sur France 5, mais aussi sur France.tv Slash, le site de France Télévisions destiné au public jeune…

Direction le CHU de Montpellier, où Mathieu Kassovitz a rendez-vous avec une addictologue, la bien nommée Dr Rigole. Il s’agit du seul et unique médecin qu’on verra dans le documentaire. Par un hasard cosmique, il se trouve qu’elle est favorable à la dépénalisation du cannabis. Très favorable. D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à elle, toutes les drogues seraient dépénalisées. « Sur le plan du symbole, dépénaliser l’ensemble des drogues et ne pas faire de différence entre elles, je trouverais ça très intéressant pour les gens malades », lance-t-elle au comédien ravi. Tenez-vous-le pour dit : pour certains militants, la légalisation du cannabis n’est qu’une première étape. L’objectif final est de légaliser l’ensemble des stupéfiants. Beau projet.

Vive le Canada !

Mais pour l’heure, le constat est amer, pour Mathieu Kassovitz : « La légalisation du cannabis en Europe est encore un fantasme », déplore-t-il. Alors, c’est au Canada, là où s’achève le documentaire, que l’acteur part retrouver le sourire. Là-bas, la vente et la consommation sont légales depuis 2018. Le narrateur a décroché un rendez-vous avec Justin Trudeau. « Pourquoi la France est si en retard sur la question du cannabis ? », lance-t-il, tout de go. Le Premier ministre canadien se garde bien de répondre sur le fond, mais déroule l’argumentaire dont il avait usé pour convaincre ses électeurs : plus d’argent pour l’État, moins d’affaires à juger dans les tribunaux, une qualité des produits contrôlée… « La légalisation, c’est la façon de tout régler ! », assure le souriant Justin. En face, le comédien français est bluffé. « Franchement, ça fait réfléchir… Je ne dis pas que ce serait simple de dupliquer le modèle canadien à la France, mais quand même, on pourrait s’en inspirer. […] Il faudrait peut-être qu’un jour, en France, on arrive à ouvrir le débat. » Fin du film.

Rien n’aura été dit sur la place centrale de l’immigration dans le développement des trafics, ni sur le rôle joué par le cannabis dans l’abrutissement généralisé d’une société. Rien, non plus, sur le fait incontestable que les mêmes arguments pourraient servir à justifier la légalisation de n’importe quelle autre drogue. Merci, France Télévisions, pour ce film de propagande !

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Pas besoin de débattre, la légalisation du Cannabis est inéluctable car décrété par les gens de Davos. Point barre.

  2. De deux choses l’une: ou bien on fait une guerre sans merci au trafic de stupéfiants et y compris au cannabis, ce qui n’est pas le cas actuellement, ce sont des mesures homéopathiques sans intérêt, ou alors on légalise, ce qui ne changera rien à la consommation et laissera plus de temps à la police pour s’occuper de la délinquance et criminalité, qui pourrit au quotidien la vie des français. Je ne crois pas que nous ferons, ni l’un ni l’autre, on continuera à faire semblant.

  3. Dans le contexte actuel où le gouvernement tire à « boulets rouges » sur les conducteurs ayant franchi un âge canonique , voilà que jusqu’à lors la conduite sous l’emprise de stupéfiants était fortement répréhensible (on a encore en mémoire l’affaire de Pierre Palmade) , alors voulons nous voir sur nos routes ces adeptes de la drogue roulant à vive allure et dans un état second ? un peu de bon sens ne peut nuire.

  4. « Rien n’aura été dit sur le rôle joué par le cannabis dans l’abrutissement généralisé d’une société » ? FAUX ! Je suis désolé , j’ai regardé cette émission car ce sujet m’interpelle depuis longtemps , surtout sur la position absurde persistante de la France dans le refus de la « Légalisation » du cannabis . L’émission se termine effectivement sur les propos de Monsieur Justin Trudeau , ou ce dernier affirme que depuis que le Canada a adopté cette mesure de « bon-sens » évident , les » Autorités et Services concernés , n’ont pas observé d’accroissement , ni de la consommation , ni des conséquences désastreuses des addictions à ces produits que nous savons TOUS comme nocifs et dangereux pour la Santé humaine , comme le sont l’Alcool et le Tabac » . Quasiment la même conclusion qu’en faisait la semaine dernière votre éditorialiste Dominique Jamet , que je salue à nouveau , d’une part pour son réalisme , d’autre part pour son courage , en allant « contre » les esprits les plus « bornés » de ce qui est encore , malheureusement ici , une majorité de vos lecteurs !

  5. Il n y a plus qu’à espérer que ces défenseurs des drogues ne touchent pas des intérêts… Et on attend impatiemment de voir le rôle de la maire socialo macro-compatible qui est en garde à vue actuellement.

  6. C’est a se demander si nous serions pas victime tout au moins pour ce qui nous concerne, la victime d’une guerre qui ne tait son nom, la déstabilisation du pays, d’une part la drogue qui monopolise des sommes énormes vers une population hostile qui lui donne les moyens d’agir de façons néfaste contre nos intérêts nationaux d’autre part par une délinquance utilisant une jeunesse endoctriné dont la religion et leur culture servent d’instrument. Il n’est que de voir que ces jeunes avec leur psychologie demain adultes produiront une population exponentiellement a même de détruire complètement ce qu’était la France dans un passé encore récent. N’oublions pas que l’énorme dette qui se creuse toujours à présent nous rend totalement dépendant de certains pays non démocratiques du Golf propriétaires financier de la France

  7. Ce problème de drogue est devenu insoluble. Vendre de la drogue donc empoisonner est prévu et sanctionné par le code de la santé publique. Encore faur il des politiques et des magistrats pour l’ appliquer et le vouloir.

  8. La sœur de Manuel Valls a aussi un avis : son témoignage est glaçant . Et vendue par ses « amis »…

  9. Reporter ou acteur dans ce soi-disant documentaire ? Abrutir la jeunesse semble bien être le but recherché

  10. C’est comme d’habitude. Un documentaire propagande. Je ne connais dans mon entourage qu’une personne qui fume sec qui est passée d’un QI supérieur à une limitée hystérique colérique à capacité tronquée C’est certainement moins flagrant chez les demis idiots qui démarrent avec des lacunes, mais je suis toujours peiné quand je rencontre cette personne qui était si prometteuse.

  11. Et bien sur une fois de plus ils ciblent nos jeunes qu’ils laissent à la merci d’un journaliste incapable de mener à bien un vrai documentaire mais qui fait de la propagande pour la drogue .

  12. Kassovitz veut nous faire croire à son impartialité en matière de drogue et France inter lui jette des fleurs. Propagande en bande organisée.

  13. La cannabis reduit le champ visuel et ralenti les réflexes.
    C’est une cause d’inaptitude définitive pour exercer certaines professions sujette a des visites médicales.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois