Mayenne : des jeunes locaux refusent la destruction de leurs églises

La Baconniere

À La Baconnière, petite commune au nord de Laval, le jeune collectif « Mayenne protège son patrimoine » se mobilise contre la destruction programmée de l’église Saint-Corneille-et-Saint-Cyprien. Cette jeunesse entend tout mettre en œuvre pour sauver le patrimoine mayennais.

Démolition totale

« Le nom « place de l’Église » n’aura bientôt plus aucun sens à La Baconnière… » Samy Fouchard, porte-parole de « Mayenne protège son patrimoine », ne masque pas son amertume depuis l’annonce de la destruction de l’église de la commune. Accompagné d’une quarantaine de jeunes et d’habitants de La Baconnière, il interpellait, ce samedi 4 février, la mairie depuis le parvis de l’église menacée. « Nous devons préserver ce que nous avons reçu de nos aînés et le transmettre aux prochaines générations », explique le collectif. Après cette mobilisation qui a « permis de mettre les projecteurs médiatiques sur la Mayenne […] nous espérons obtenir un rendez-vous avec le maire afin d’avoir davantage d’informations sur l’église et les travaux nécessaires et aussi pour discuter d’éventuels projets », ajoute auprès de BV Samy Fouchard. En plus du rassemblement, une pétition a été lancée et compte déjà 1.300 signatures.

L’église Saint-Corneille-et-Saint-Cyprien est fermée depuis 2014 « pour des raisons de sécurité »explique la mairie. En 2019, l’édifice « a subi d’importants dégâts lors du passage de la tempête Miguel ». Résultat : une partie de la charpente et des ardoises s'est effondrée dans le chœur. Pendant un temps, le conseil municipal a envisagé de restaurer l’église. Mais « compte tenu des sommes annoncées pour la rénovation – entre 1,4 et 6 millions d’euros selon les projets, il n’est plus envisageable pour la municipalité de procéder aux travaux », annonce le maire lors du dernier conseil municipal, le 30 janvier dernier. Après avoir obtenu le décret d’exécration de l’évêque de Laval, les élus municipaux ont donc voté, à l’unanimité, en faveur de la « démolition totale » de l’église. À la place, un projet de commerces et de logements sociaux devrait voir le jour, nous informe le collectif d’opposants.

Malgré la récente mobilisation, la mairie semble rester sourde aux revendications du collectif. Seul un rendez-vous, à la fin du mois de février, avec une habitante de la commune, également opposée au projet, a été programmé. En attendant, les membres du collectif vont à la rencontre d’anciens élus locaux pour comprendre comment l’église a pu être laissée à l’abandon pendant tant d'années. « Si les travaux avaient été faits dans les temps, ils n’auraient coûté que 2 millions d’euros. Mais à force d’attendre, les frais ont été multipliés », s’agace Samy Fouchard qui dénonce une « inaction politique ».

L’église de La Baconnière est loin d’être la seule menacée en France. À une quinzaine de kilomètres de la commune, l’église de Saint-Isle doit également être détruite avant la fin du mois de février. Fermé depuis 2005 pour prévenir les accidents, l’édifice demande un important investissement financier que la commune déclare ne pas pouvoir supporter. Dans quelques jours, la cloche de l’église sonnera donc une dernière fois, avant de se taire à jamais.

Sauver le patrimoine

Au-delà du cas de la Mayenne, le collectif demande que « les communes investissent maintenant pour éviter de nombreuses autres destructions à l’avenir ». En effet, confronté à une déchristianisation massive, une inaction ou un manque de volonté politique – Roselyne Bachelot assumait encore récemment la destruction inévitable des églises du XIXe siècle – et un manque cruel de moyens, le patrimoine cultuel est en danger. Un rapport sénatorial réalisé au mois de juillet 2022 prédit ainsi que 2.500 à 5.000 églises seront menacées d’être abandonnées, détruites ou vendues d’ici 2030.

Alors que, chaque année, des milliards d’euros sont déversés dans les caisses de médias publics, de spectacles ineptes et d'associations bien-pensantes, l’État consacre seulement un milliard d’euros à la restauration du patrimoine. Un budget largement insuffisant pour sauvegarder les églises, châteaux et autres monuments français. En attendant une revalorisation du budget, les Mayennais espèrent sauver au moins quelques vitraux ou vestiges de leurs églises.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

40 commentaires

  1. ça ne vous rappelle rien, à la place de l’église, il y aura des commerces et des logements sociaux pour y loger des migrants, exactement (sans la destruction de l’église) le projet qui devait se faire à Callac en bretagne, qui a été annulé du fait de la mobilisation de la population

  2. Et j’ai lu par ailleurs que sur une autre Commune de France, un collectif d’association s’oppose à la construction d’une Eglise…L’on voit bien ainsi quel est l’Objectif final. Le Grand Remplacement est bien En Marche, et pas du tout sûr que ce soit la Paix. On le voit déjà. Le pire c’est que les ficelles sont tirées depuis des milliers de Kms, et que l’Elysée semble en être satisfait..

  3. … « comprendre comment l’église a pu être laissée à l’abandon pendant tant d’années… »
    Peut-on connaître la couleur politique très largement majoritaire de ce conseil municipal et du maire ?
    Rebaptiser la « Place de l’église » en « Place des logements sociaux », ça sonne à gauche toute.

  4. L’effondrement de la toiture n’est-il pas en principe partiellement couvert par une assurance ? Certes, sa vétusté a certainement favorisé ces dégâts mais la tempête est à l’origine de la dégradation.

  5. Ils ont raison il faut tenir, il y en a marre de tous ces destructeurs de notre culture. Il ne reste que cela pour l’économie c’est déjà fait nous avons une République qui à la palme et la prétention d’être les derniers de l’UE, mais c’est encore une chose qu’il ne faut pas dire à cette grande prétention Républicaine.

  6. Supposons qu’une commune enviseage la destruction d’une mosquée, vous allez voir le tollé de la chienlit gaucho bobo !!!

    • Je suppose que pour les autres édifices religieux, comme les mosquées, les temples, il appartient à l’Etat d’entretenir les murs, le clos et le couvert. Ma question est : y a t’il des mosquées dont le bâtiment est en dégradation ou abîmé par des intempéries et que fait l’Etat face à une telle situation ?

  7. Les membres de ce collectif devraient aller « toquer » à la porte d’un certain chatelain mayennais dénommé fillon pour obtenir un peu de fric ! Mais que fait ce bon stéphane bern ?

    • Monsieur FILLON est « sartois » (ou du 72 : département de la Sarthe, si vous préférez). Les membres du collectif « MAYENNE protège son patrimoine » devraient plutôt « toquer » à la porte de la famille BESNIER, propriétaire du groupe international LACTALIS. Cette famille et les actionnaires de LACTALIS feraient une bonne oeuvre pour le patrimoine religieux local en investissant comme mécène et en le faisant savoir (publicité) pour bonifier son image de marque : l’industrie laitière au secours du patrimoine religieux : une idée à creuser………..

  8. La destruction, toujours la destruction, que ce soit pour les églises comme pour notre culture ou notre économie, ce gouvernement ne pense qu’à ça… Ets Macron, destruction en tout genre. Quand retrouverons-nous un gouvernement bâtisseur ? Quand les français voteront pour lui, au lieu de se laisser berner.

  9. Malheureusement vu la facture , la commune seule ne pourra pas sauver cette église. Notre patrimoine fout le camp , notre gouvernement , mais d’autres avant lui , préfèrent financer l’institut du monde arabe …..

    • Vous avez raison : il suffirait de verser le fric donné à cet institut et tout ce qu’il arrose et nous aurions de quoi déjà sauver pas mal d’églises!

  10. Ces églises sont devenues des ruines immobilières et spirituelles. C’est bien joli de défendre ces lieux de mémoire, ce serait mieux de les fréquenter. L’église était l’affirmation d’une société, un lieu de rassemblement et de prière. Qu’en reste t il aujourd’hui ?

    • Aujourd’hui il en reste une société grandement athée, consumériste, déconnecté du réel dans une république anti-cléricale, pro-islamiste et une classe politique des copines copains !

  11. Bien triste nouvelle que ces destructions programmées de notre patrimoine chrétien, mais il ne faut pas croire pour autant que l’on puisse régler ce type de problème avec ceux qui les ont créés. Alors battons nous, fédérons nous autour de projets communs. Ils ne veulent pas nous voir vivre unis. Tout ce qu’ils veulent c’est que nous continuons à nous quereller, à nous affronter, voire à nous entretuer ! Pour triompher le mal n’a besoin que l’inaction de gens de bien !

  12. Grace à Vatican II, la France comme d’autres pays se déchristianise, il serait temps que le Vatican se réveille et dégage le pape François qui met les derniers clous dans le cercueil du Catholicisme.

  13. Très juste : les églises ne sont pas la priorité de l’état , ni le patrimoine français d’ailleurs , mais pour la presse , les acteurs , des films de propagande etc il y a de l’argent .

    • Noter que l’État, après avoir pris au niveau national la décision de voler les églises aux catholiques, en a laissé l’entretien à la commune, et s’est récemment employé à priver les communes d’un certain nombre de leurs ressources.
      Je ne voudrais pas sombrer dans le complotisme, mais, objectivement, tout a été fait pour mettre un certain nombre de petites communes dans l’impossibilité d’entretenir leur église.
      Il y a là, au moins, une lourde faute de l’État (si ce n’est un plan machiavélique pour pouvoir se débarrasser des églises en douce, petit à petit, sans en avoir l’air, après les avoir volées aux catholiques).
      Or, ce même État gaspille par ailleurs des MILLIARDS de nos impôts !
      Il faut le mettre devant ses responsabilités.

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