Marine Le Pen chahutée en Guadeloupe : pourquoi Emmanuel Macron vole à son secours…

Après une campagne frôlant le sans-faute, l’algarade guadeloupéenne ferait-elle figure de premier faux pas pour Marine Le Pen ? Certains qui, à gauche, la trouvent trop à droite, d’autres qui, à droite, la jugent trop de gauche aimeraient bien. Mais les prophéties autoréalisatrices ont leurs limites. La preuve par ce qui s’est passé en Guadeloupe ce week-end.

Tout d’abord, rembobinons le film des événements. Arrivée, ce samedi, à l’aéroport de Pointe-à-Pitre, la candidate est accueillie avec les flonflons d’usage – traditionnelle hospitalité antillaise oblige : orchestre du cru, selfies et embrassades tombant aussi dru qu’à la saison des pluies. Seul hiatus, la quarantaine d’opposants indépendantistes qui la pistent la journée durant. Pourtant, lors des élections européennes de 2019, le Rassemblement national, arrivé en tête dans toute la France, l’a également été dans huit sur onze des territoires d’outre-mer, dont… la Guadeloupe. De deux choses l’une : ou nos compatriotes ultramarins sont de fieffés idiots ou le mouvement en question n’est pas l’hydre raciste qu’une petite minorité de Guadeloupéens nous dépeint. Ainsi, ils ne sont qu’une infime poignée à venir troubler l’entretien accordé aux médias locaux par Marine Le Pen, de la terrasse de son hôtel. Pas assez pour troubler le voyage, mais suffisant pour que les médias et ses concurrents à la magistrature suprême s’emparent de l’affaire.

Le premier d’entre eux, Emmanuel Macron, se dit « choqué par cette scène inacceptable » qu’il condamne avec « la plus grande fermeté » à l’occasion d’un passage à « Dimanche en politique », sur France 3. De son côté, Marine Le Pen en profite pour tacler le premier policier de France : « Si Gérald Darmanin faisait son travail plutôt que de faire campagne contre moi, ça n’arriverait pas. » Ensuite, le candidat communiste Fabien Roussel, qui assure que lors « d’une élection présidentielle, chacun doit être libre de défendre ses idées ». Mais évoque-t-il Marine Le Pen exprimant ses idées ou ceux professant des idées contraires, quitte à avoir recours à la violence ? Cette déclaration pour le moins jésuitique n’aide guère à démêler la question…

Plus sérieusement, de violences réelles en violences verbales, ce week-end fut riche. La foule du Trocadéro, venue écouter Éric Zemmour et, pour une minorité, scander des « Macron assassin », a été condamnée à la fois par Valérie Pécresse et Marine Le Pen. En revanche, à l’heure où cet article est mis en ligne, ni Pécresse ni Zemmour n’ont condamné les violences endurées par la candidate lepéniste. À cela, il y a au moins deux raisons.

La première est que Valérie Pécresse et Éric Zemmour pensent probablement plus aux législatives de demain qu’à la présidentielle d’aujourd’hui, se disputant ainsi le futur leadership de la droite, rêvant tous deux de ressusciter les UDF et RPR de naguère. Ce qui, en matière de projet d’avenir, n’a rien de fulgurant. La seconde, c’est qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen, eux, campent dans de plus hautes sphères politiques. Hormis le fait que l’un se dise « de droite et de gauche » et l’autre « ni de droite ni de gauche », ils sont finalement sur la même longueur d’onde, incarnant chacun deux visions du monde bien distinctes : bloc élitaire contre bloc populaire, enracinement contre nomadisme. En ce sens, Alain de Benoist, bien connu de nos lecteurs, parle d’or quand il affirme : « L’électorat de Zemmour est un électorat anti-immigration, celui de Marine Le Pen est un électorat anti-Système. »

Il est donc parfaitement logique que ces deux candidats se ménagent l’un l’autre, laissant les autres prétendants faire de la figuration. À ce titre, on notera qu’Emmanuel Macron est le premier à s’inquiéter de la montée en puissance de Marine Le Pen et d’un second tour à venir qui n’aurait rien d’une formalité. Car si la panique ne règne pas encore à l’Élysée, l’inquiétude commence à faire entendre sa petite et lancinante musique.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Au second tour, que ce soit Marine Lepen ou Eric Zemmour, la gent journalistique inféodée à ses émoluments et à Macron, se fera un plaisir « d’orienter » nos bons moutons de Français dans le sens correspondant aux attentes des commanditaires mondialistes..
    La France ne sera pas gagnante, quant aux Français, ce seront les nouveaux serfs.
    Méritent-ils plus ?

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