Rassurez-vous, les petits agneaux des prés salés qui broutent paisiblement sur la baie du Mont-Saint-Michel ne seront pas contaminés par des nappes de pétrole ! Pas de catastrophe écologique en vue mais bien un cataclysme idéologique pour les mauvaises langues. Cette marée noire vient donc d’une remarque cynique de Libération et de ses internautes qui critiquent la nomination du nouveau recteur du lieu. Le diocèse de Coutances annonce, en effet, sur son site que « Don Maurice Franc, en accord avec la communauté Saint-Martin, est nommé recteur du sanctuaire du Mont Saint Michel à partir du 1er septembre 2021. Il est chargé pendant un an d’étudier les modalités d’implantation de la communauté Saint-Martin sur le sanctuaire et ses environs pour septembre 2022. » Il est donc probable que si cette mission exploratoire devait aboutir, quelques abbés en soutane déambuleraient dans les allées parmi les 2,5 millions de touristes annuels.

« D’ici février, nous allons devoir présenter un vrai projet cohérent à partir des éléments donnés par le diocèse, réfléchir à la pertinence de la communauté dans ce projet ainsi qu’à ma présence au Mont, si je suis d’accord pour y rester », expliquait Don Maurice Franc à La Croix. Il n’en fallait pas moins pour déclencher l’ire de Libération qui titre sur l’arrivée des « cathos identitaires », ceux qui « ont battu le pavé contre le mariage pour tous » et ceux qui ont mené « la bataille de la messe » devant le Conseil d’État pendant le confinement : une vraie menace séparatiste, en somme.

Prendre des airs de vierges effarouchées face à l’arrivée de cette communauté et dénoncer la mainmise de l’Église, c’est un tout petit peu oublier que ce sont des catholiques qui ont bâti ce sanctuaire en l’honneur de l’Archange et que, deux siècles plus tard, en 966, ce sont d’autres hommes en noir, des bénédictins cette fois, qui installèrent leur monastère dans ce qui allait devenir un lieu de pèlerinage majeur de l’Occident chrétien. Alors Libé peut bien revoir ses fiches avant de critiquer l’Église qui chercherait à « transmuer une manne touristique en une manne spirituelle ».

Une petite suggestion, au passage, pour Assa Traoré et tous les militants racialistes qui nous lisent, si prompts à défendre la cause Black Lives Matter : il faudrait voir à dénoncer cette discrimination qui consiste à parler de marée « noire » pour qualifier l’arrivée de ceux que l’on exècre. Attention à vos expressions, Libé. Sincèrement, en rebaptisant le site « Le Mont libre », en 1793, les révolutionnaires avaient quand même plus d’imagination. Prenez garde à la rédaction, vous ramollissez !

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11 mai 2021 à 21:07

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