Du doux zéphir soufflant sur la salle des fêtes du palais de l’Élysée a surgi « le patriotisme inclusif ». Trouvaille. Faire plaisir au contradicteur populiste en reprenant l’une de ses idées maîtresses et y adjoindre un adjectif qui en détruit le sens. La formule mérite médaille au concours Lépine de l’oxymore. L’inventeur de la « laïcité ouverte » en pâlit de jalousie.

Concept directement inspiré de l’écriture inclusive qui transforme une phrase simple en un champ de bataille illisible, les séries de points qui émaillent les mots seront remplacées par divers drapeaux au gré des humeurs et des nationalités des non-inclus. La République macronienne s’ouvre à la fermeture. La laïcité aux religions. Face à la grogne populaire, le conférencier s’est montré bien décidé à trancher dans le vif avec un couteau sans lame auquel il manque le manche. Du patriotisme, mais certainement… Pensez donc… On en a des kilos en stock. Du vrai bon patriotisme qui inclut à peu près tout ce qui se présente. Qui fait une large place aux groupuscules, aux lobbys divers, aux exceptions les plus alambiquées et surtout aux non-patriotes. On en a.

Utiliser la force de l’adversaire pour le retourner. La technique s’enseigne sur les tatamis. Macron ceinture noire. Quels mots vous feraient plaisir ? Patriotisme, c’est fait. Français ? Alors parlons de « l’art d’être français ». Le mot est casé. Le judoka précise sa pensée : « Cet art d’être français, c’est un attachement particulier à notre langue, notre culture, et à quelques permanences. » La nationalité entre dans le domaine artistique. Les plus beaux spécimens seront exposés dans les permanences « En marche ! ». En vitrine.

Attention, certains ne vont pas y arriver. Il ne suffit pas de se coiffer d’un béret et de marcher dans la rue avec une baguette sous le bras. C’est autre chose. Avoir « un attachement particulier » à une culture qui n’existe pas demande des années de travail. Un mental. Une sévère conviction du néant de ce pays. Rougir de sa nationalité, s’excuser de son passé, nier ses racines n’est pas à la portée du premier venu. Raser les murs en passant devant un alignement de migrants désœuvrés sur un trottoir du XVIIIe arrondissement de Paris demande une technique, une aptitude qui confine à l’artistique. La jeune femme qui se fait insulter sans rien dire maîtrise cet art d’être français.

En complément de madame Loiseau, maillon faible des européennes, le maître de l’inclusivité s’en fut rassurer l’électeur. Islam politique, retraite, impôts… Très décidé. Toujours aussi peu artistiques, les Français n’ont pas senti le vent du changement. La posture volontaire ne cadrait pas avec la philosophie sous-jacente. Oxymore et enterré. Oxymore de rire. Les réactions ont montré que le baratin n’avait pas produit l’effet escompté.

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28 avril 2019 à 16:31

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