Macron enterre le rapport Borloo sur les banlieues : merci, M. le Président !

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Décidément, Emmanuel Macron n'a pas fini de nous surprendre. Et c'est très bien. Ce jeune premier qui a su retourner à son profit une situation que certains pensaient perdue, ou gagnée, ou imperdable, ou impraticable, a construit méthodiquement toute sa stratégie sur la dialectique de l'ancien et du nouveau monde. Cela en a réjoui beaucoup, qui se sentaient forcément faire partie du nouveau.

Mais les uns et les autres auraient dû mieux connaître leur Macron ou réviser leur catéchisme - ou leur Machiavel - et se souvenir qu'un élève des Jésuites, élève de Paul Ricœur et préoccupé par les questions de transcendance et d'incarnation, avait dû forger sa philosophie de l'ancien et du nouveau monde ailleurs que chez Marx ou dans le programme de l'UDI de M. Borloo.

Emmanuel Macron brouille les cartes - ou clarifie le jeu. Et là, c'est M. Borloo qui vient de l'apprendre à ses dépens. Lui qui se pensait, après avoir appelé à voter Macron entre les deux tours et indiqué qu'il voulait « se retrousser les manches », comme LE spécialiste "banlieues" de la modernité a été, en deux jours et trois fuites, ravalé au statut des murs décrépits de l'ancien monde.

Il pensait pourtant avoir frappé fort en listant « 19 propositions » et « 47 milliards d'euros » sans jamais parler d'islamisme ni d'immigration.

Le faire-part d'enterrement ? Un proche du Président, cité par Le Figaro, l'a rédigé ainsi :

Il y a une grosse déception sur le rapport Borloo. Il a fait un inventaire à la Prévert rempli de trucs pas très nouveaux en laissant de côté les sujets d'ordre public, de sécurité et de radicalisation.

Une fois de plus, ce que la droite frileuse n'a pas été capable de dire à sa droite boiteuse, c'est Macron qui le lui dit, après s'être appuyé sur elle. Et nous ne pouvons que nous en réjouir.

Et les hommes de Macron tapent où ça fait très mal pour cet ancien monde.

"D'abord, ce plan paraît infinançable", pour un ministre. Fini le temps où on balançait des dizaines de milliards d'euros dans les banlieues ? Comme on aimerait y croire...

Encore une gorgée ? "Le président de la République veut en finir avec les plans spécifiques pour la banlieue et faire déjà en sorte que le droit commun s'y applique comme partout ailleurs", ajoute un autre conseiller élyséen cité par Le Figaro.

En particulier, la folle idée d'une ENA pour les jeunes des quartiers, que nous avions dénoncée ici, a fait s'étrangler les ministres concernés :

60 millions pour 500 étudiants, c'est exorbitant. Je préfère utiliser cette enveloppe pour financer des bourses.[...] Cette mesure revient à acter que l'ENA n'est pas ouverte aux habitants des quartiers.

Si les ministres et le cabinet de Macron commencent à réfléchir comme beaucoup qui écrivent dans Boulevard Voltaire, avec cet enterrement des vieilles idées sur les banlieues, alors on peut commencer à espérer. Il ne reste plus, à M. Macron, qu'à passer aux actes. Mais ne pas réitérer ceux de M. Borloo, c'est déjà beaucoup.

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