C'est un beau roman, c’est une belle histoire. Les communicants se sont affairés, ces derniers temps, pour en optimiser les éléments de langage. Car rien n’y fait, malgré bien des efforts pour y échapper, la sécurité et l’identité feront partie des principaux thèmes de la campagne présidentielle.

Alors, Marlène Schiappa s’est chargée, le 6 février dernier, sur le plateau de CNews, de nous en résumer l’intrigue et de nous dévoiler son héros : « Jamais un Président ne s’était attaqué à l’islamisme comme l’a fait Emmanuel Macron. » Du danger, des vrais méchants, un sauveur. Vous n’avez pas fini de l’entendre.

Pour ceux d’entre vous qui seraient cependant du genre (Gaulois) réfractaires aux jolis contes du marchand de sable, je vous propose une autre version.

Nous sommes en octobre 2016, Macron n’est pas encore candidat. Dans Marianne, il dénonce les dangers d’une « laïcité revencharde ». Il fait référence à la polémique de l’été précédent au sujet du burkini qui avait conduit Manuel Valls à inviter les musulmans à la « discrétion » dans l'espace public. Au mois de juillet venaient, en effet, d’avoir lieu l’attentat islamiste de Nice et l’assassinat du père Hamel. Valls mesurait le danger.

Macron, à l’inverse, y voit l’occasion de se démarquer : « Je dénonce les considérations qui demandent à des citoyens d'être “discrets”. »  Il indique alors être « contre l’interdiction du voile à l’université ». Parce que, au nom de cette « laïcité revencharde », on en viendrait « à sortir des citoyens des lieux de la République et à les confiner à l'écart ». Tout s’inverse, ici. C’est la République qui, finalement, pratique le séparatisme. Il le dira plus clairement, quelques semaines après, dans Challenges : « La laïcité revancharde construit du communautarisme. »

Macron prend également l’exemple de l’école. Bien sûr, la religion « ne doit pas être présente à l’école » mais, « quand certains réclament des menus dans les écoles sans aucun accommodement et veulent que tous les enfants mangent du porc, ils pratiquent une laïcité revancharde dangereuse ».

Les « accommodements » : le terme est lâché mais il ne sera pas relevé. Macron brouille les pistes, comme d’habitude, mais cette référence au modèle multiculturel canadien reviendra tout au long du quinquennat.

L’idée est la suivante. Si vous voulez éviter la radicalisation, acceptez de faire des « accommodements raisonnables » : sur le voile à l’université, sur le porc à la cantine ou, autre exemple plus récent, sur le voile lors des manifestations sportives.

Élisabeth Moreno a récemment tenu ce discours à propos des hijabeuses : « Si elles veulent jouer au foot en étant voilées, en quoi c'est impossible ? [...] Très souvent, les filles ont l'impossibilité de sortir de chez elles pour faire des choses, la fameuse assignation à résidence. »

Bien sûr, elle a été rabrouée, mais pour « erreur de com' », pas sur le fond car l’amendement a bien été rejeté. Les réseaux islamistes qui sont derrière les « hijabeuses » ont ainsi gagné.

Revenons alors à la belle histoire. Celle qui voudrait que la loi contre le séparatisme constitue, de la part de Macron, « un tournant ».

En septembre 2020, alors que la loi est en préparation, les journalistes notent un « virage lexical ». Plus question, pour Macron, de parler de « communautarisme ». Le problème, c'est désormais le « séparatisme ».

C’est, en réalité, quelques mois avant, en février 2020, à Mulhouse, que Macron, lors d’un discours, avait amorcé son glissement sémantique : « Je ne suis pas à l'aise avec le mot de “communautarisme”. Je vais vous dire pourquoi. Parce que nous pouvons avoir dans la République française des communautés. »

Derrière le double langage et les manipulations, il y a une cohérence : dénoncer le modèle français de laïcité et d’assimilation.

Ce qui a alors réellement contraint Macron à se confronter à l’islamisme  ? « Le travail de la police, les remontées des ministres de l’Intérieur, les tentatives d’attentats : tout ça s’est imposé au président de la République », analyse Manuel Valls, dans un article de Marianne du 18 février dernier.

Et, le plus important, il répète ce qu’il analysait dès 2016 chez Macron : « Une forme de culture américaine, anglo-saxonne, de libéralisme qui ne correspond pas à nos traditions. »

La séquence des hijabeuses en est l’illustration qui devrait servir d’avertissement quant à la duplicité de Macron en la matière.

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27 février 2022 à 11:45

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12 commentaires

  1. Macron se couche devant toutes les exigences des islamistes qui , sournoisement infiltrent ce pays et sans armes .Pauvres de nous .

  2. Il n’y a pas d’accommodements raisonnables! C’est de la soumission par étape, je refuse l’acceptation par dévoiement des lois, le laisser-aller permissif, une main donnée et le bras est englouti. Refusons d’être la grenouille qui meurt parce qu’elle s’accoutume, revenons à nos valeurs judéo-chrétiennes, notre histoire non revisitée pour ne pas froisser certains, qui s’inquiète de notre ressenti, nos peurs face à ces dévoiements pour élus opportunistes qui nous, se renient sans honte. Macron Stop

  3. La loi sur le séparatisme a surtout été le prétexte de mettre à bas la liberté éducative des parents et d’entraver sérieusement la liberté scolaire. De là à dire que c’était l’objectif d’un Etat devenu totalitaire…

  4. Macron est un mondialiste, un immigrationniste, un islamophile béat, il était en parfait accord avec l’Allemagne de Merkel, il est en parfait accord avec l’idéologie de l’UE.
    Voir l’UE et le plan Kalergi nouvelle version, la destruction programmée des nations et des peuples européens, l’immigration de masse programmée.

  5. Ne serait-il pas important de recueillir l’avis du CRIF, et de ses diners où tout le monde politique et culturel se presse, sur la notion de communautarisme ? Il me semble que c’est un expert sur le sujet !

  6. Un état qui sert pour des motifs religieux des menus spéciaux dans les établissements publics n’est pas un état laïc ! Un état qui finance (sur le dos du con-tribuable spolié) des interventions chirurgicales pour motifs religieux, n’est pas un état laïc ! Un état qui tolère des tenues dangereuses sur la voie publique (visage dissimulé), voile pour la conduite de véhicule, voile dans le sport et les dangers d’accidents qui vont avec, n’est pas un état laïc ! Pas la peine de chercher midi à 14 h.

  7. Il y a quelques années est parue une photo d ‘un Macron tout joyeux de nous présenter dans ses mains un petit livret intitulé Eurislam ;
    Sans doute sa lutte contre le séparatisme ? j ‘ en doute fort surtout lorsqu ‘ il parle
    d ‘ « accomodements » qui annonce plutôt un début de renoncement ….

  8. Macron nous a habitué à dire tout et à faire le contraire. Le pire est que malheureusement , nous risquons fort avec cette crise ukrainienne qu’il soit réélu. Donc rien à espérer de ce coté là . Tout comme ce qui concerne cette immigration pléthorique . Les débats politiques seront absents de la campagne, le covid et maintenant l’Ukraine auront mis de coté toutes les discussions démocratiques. Seules les législatives peuvent provoquer un sursaut démocratique avec un contre pouvoir fort.

    1. « nous risquons fort avec cette crise ukrainienne qu’il soit réélu »

      Espérons que non.
      Encore qu’avec les médias à sa solde et l’intention des pays occidentaux de nous empêcher de connaitre l’avis du clan opposé (comme cela, plus facile de croire à leurs sornettes de serpents à sonnettes), c’est plus facile.

      Parce qu’empêcher les français d’entendre ou de lire le point de vue des deux parties, c’est démocratique, n’est ce pas….

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