L’Union européenne face à l’immigration : une trahison des peuples et des nations

Avec un tel idéal, les sociétés européennes, bien loin de pouvoir se redresser, courent directement à la perte de leur identité.

Pour régler le problème de l'immigration, il suffit de « passer de la migration irrégulière à la migration régulière » ! S'il fallait une seule preuve que l'Union européenne conduit à la dilution des nations dans un ensemble supranational, qu'elle fait fi de l'opinion des peuples, qu'elle considère l'Europe, voire le monde, comme un immense marché, il serait instructif de relire le discours prononcé à l'ONU par Ylva Johannson, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, à l'occasion du Forum quadriennal d'examen des migrations internationales qui s'est tenu à New York, du 17 au 20 mai 2022.

Dès le préambule, le ton est donné : « La migration est normale, la migration est naturelle. Elle a toujours existé et elle existera toujours. Et l’Europe a besoin des migrations. Nous sommes une société vieillissante dont la main-d’œuvre diminue. » Tout est dit et présenté comme l'expression d'une vérité intangible. Pas question de la nuancer, encore moins de la contester, sans passer pour un réactionnaire ou, pire, un horrible facho. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où l'on semble se résigner à une Europe qui ne peut survivre sans l'aide d'une main-d'œuvre étrangère.

Ce constat fataliste est un véritable hold-up sur la souveraineté des peuples européens qu'on méprise au point de les mettre devant le fait accompli. Si quelques pays résistent, comme la Pologne ou la Hongrie, d'autres se font les complices de cette action criminelle. Force est de constater que Macron, l'ancien et le nouveau, est l'un des plus fervents adeptes de cette entreprise de démolition de la nation. Il se situe dans la lignée de François Hollande qui, le 7 octobre 2015, déclarait à Strasbourg que « le souverainisme, c'est le déclinisme ».

Comme le Président qu'il a servi avant de le laisser tomber, comme Angela Merkel et tous les chefs d'État qui sont au service du marché et de la finance avant d'être au service de leurs concitoyens, Macron considère qu'il sait mieux que les Français ce qui est bon pour eux. À l'instar des empereurs romains qui voulaient endormir le peuple en leur distribuant « du pain et des jeux », comme le Grand Inquisiteur imaginé par Dostoïevski, il entend, en éliminant toute contestation, le faire avancer comme un troupeau passif guidé par l'oligarchie au pouvoir.

Tout est fait pour persuader les Français qu'il faut donner carte blanche aux dirigeants, qui leur épargnent le souci de participer eux-mêmes à la construction de leur avenir. Il est facile de les abuser en leur distribuant des aumônes ou en les détournant de l'essentiel. Il est facile de leur faire croire qu'on les laisse exercer leur esprit critique alors qu'on les prive, pour la plupart, des connaissances nécessaires pour le mettre en pratique, se contentant de les gaver des lieux communs simplistes de la bien-pensance plutôt que de leur apprendre à discerner la complexité du monde.

On peut imaginer des coopérations entre des peuples. On peut concevoir une immigration maîtrisée où l'on choisit d'accueillir, pour des raisons humanitaires ou économiques, des étrangers qui acceptent de s'assimiler à la culture et aux usages français. Au lieu de cela, le discours dominant, que reprend la commissaire européenne, traduit non seulement une négation de l'existence des nations au profit de l'européisme et du mondialisme, mais la réduction des peuples à des exécutants et des consommateurs, qui ne sont bons qu'à faire tourner les marchés. Avec un tel idéal, les sociétés européennes, bien loin de pouvoir se redresser, courent directement à la perte de leur identité.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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