Gouvernement Borne : 110 nuances de gauche, sauf une

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On savait depuis un mois que notre Président réélu n'avait rien de « nouveau ». On sait depuis vendredi que son gouvernement non plus. À une exception près : le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye. En choisissant un universitaire qui s'est illustré par sa participation à des réunions interdites aux Blancs et dont les obsessions sont le racisme (sauf le racisme anti-Blanc, qui n'existe pas), le déni des violences policières et autres « wokeries », il affiche une belle icône mélenchonniste. Lequel ne s'y est d'ailleurs pas trompé en saluant dans cette nomination « une audace ».

Éric Zemmour, en campagne dans le Var, a été plus direct : « C'est le gouvernement dont Jean-Luc Mélenchon aurait rêvé. » Incontestablement, Emmanuel Macron a voulu dégonfler la baudruche Mélenchon : en mettant le cap vers la gauche diversitaire (le nouveau ministre a lui-même reconnu qu'il était le « symbole de la diversité »), il ravira toute une partie de la gauche colorée et professorale, qui a fait les gros bataillons des 22 % de Mélenchon, le 10 avril. On appréciera cette réaction sur franceinfo de Didier Georges, secrétaire national du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN) : « Le parcours de Pap Ndiaye peut nous rendre peut-être optimiste. » Dans mon établissement, où l'on ne jure que par toutes les dingueries wokistes - et où l'on ne rend surtout pas hommage à Samuel Paty -, on se pâme.

Mais Pap Ndiaye est l'arbre qui cache la forêt. Macron II est résolument tourné à gauche. La preuve par le parcours d'Élisabeth Borne elle-même. Conseillère au ministère de l'Éducation nationale auprès de Lionel Jospin puis de Jack Lang dans les années 90, elle suit Jospin à Matignon en 1997 comme conseillère technique chargée des transports pendant cinq ans. De 2008 à 2013, elle est directrice générale de l'urbanisme à la mairie de Paris sous le mandat de Bertrand Delanoë. Et, donc, un pilier du socialisme macronien depuis cinq ans. Son directeur de cabinet, Aurélien Rousseau, a commencé sa carrière politique au PC et rejoint ensuite les équipes Delanoë à Paris, puis Valls, avant d'être nommé en 2018 directeur de l'ARS d'Île-de-France. Matignon 2022 a donc revêtu toutes les nuances possibles de la gauche de ces vingt-cinq dernières années.

Le psychodrame Vautrin n'a peut-être existé que pour rappeler que le macronisme est un enfant du PS : Kohler, Ferrand, toute l'aile gauche auraient pesé pour la nomination d'Élisabeth Borne. En fait, le PS n'est pas mort, il a simplement changé de nom. Macron a ripoliné la façade.

Sur les réseaux sociaux, vendredi soir, nombreux étaient les messages moqueurs à l'endroit des électeurs LR ayant une nouvelle fois voté Macron. Du côté LR, il a reconduit les vieilles prises : Darmanin, Le Maire. Et Abad, vu l'état du parti, devrait être la dernière. Son arrivée ne compensera pas, dans l'esprit des LR qui voulaient croire au « sérieux » de Macron, le remplacement de Blanquer par Ndiaye.

Ce retour de Macron à son ADN socialiste avec une forte dose Mélenchon est en fait une bonne nouvelle : il constitue une nouvelle étape de la recomposition politique en cours. Les trois blocs du 10 avril n'en seront bientôt plus que deux, la gauche Macron et la gauche Mélenchon se disputant le même électorat. Leur division les affaiblira un temps avant que le vieux réflexe d'union ne les réunisse dans un machin NUPES ou autre, macroniste ou pas. De ce point de vue, la nomination de Pap Ndiaye est plus qu'un symbole. Alors, ce qui reste de gauche et de centre droit républicains, anti-woke et anti-burkini (pour rester dans les symboles), sera bien obligé de choisir son camp. C'est d'ailleurs cette vieille nuance de gauche qui sort perdante de ce gouvernement Borne. Et certains, sur Twitter, ne se gênaient pas pour le dire à ses plus illustres représentants:

Il y a là - une fois encore - un boulevard pour la droite. Pourvu qu'elle s'assume de droite. Et qu'elle adopte les stratégies gagnantes de l'adversaire. Il suffirait de le vouloir.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

49 commentaires

  1. La mort de la France après plus de 2000 ans de construction , la gauche s’affiche dans le laïque en vérité sa laïcité n’est qu’un vulgaire torchon pour effacer toutes ces turpitudes de mélanges des gens et des genres ces gens sont imbus de pouvoir ils sont prêts a écraser tous ceux qui se mettront sur leur route , ils ont trouvé dans la mondialisation économiques un allié même si ce concept n’est pas tout a fait dans ses composantes en vérité la vrais valeur c’est le libéralisme .

  2. Vu que la droite française, entre guerre d’ego et convictions fluctuante, repousse sans cesse les limites de la bêtise, la gauche sauce Macron n’a pas grande inquiétude à avoir. Les 70% de français n’ayant pas voté, par contre…

  3. Les contradictions s’accumulent, on va bien rire quand les enseignants devront défendre les minorités en classe comme le veut leur nouveau ministre, surtout les minorités LGBT+ contre les minorités (ou majorités !) musulmanes… Pap Ndiaye se dit d’ailleurs noir alors qu’il est à moitié blanc, comme Obama.

  4. Tout cela était prévu. Je prédisais il y a 6 mois une montée terrible de la gauche quand les abrutis s’imaginaient scotchés devant C.news l’arrivée d’un candidat nationaliste en France. Le capital a besoin de soupapes pour continuer à maintenir tête hors de l’eau le système marchand à bout de souffle ( surproduction, baisse des profits, monnaie de singe) . De droite comme de gauche les MLP, Zemmour, Mélenchon, écolos etc ne sont que des acteurs bidons sur la scène du grand théâtre.

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