L’Ukraine, seulement l’Ukraine, rien que l’Ukraine…

Capture d'écran ©CNEWS
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Mardi soir, Bernard-Henri Lévy était l’invité exclusif de Laurence Ferrari sur le plateau de CNews. En conclusion de ses péroraisons, le philosophe à grand col a eu une phrase magnifique. Parlant du président Volodymyr Zelensky, il a dit : « Nous pensions que les Ukrainiens avaient élu Coluche, c’était Churchill ! »

Voilà l’image qui prévaut aujourd’hui et que l’on doit imposer au monde "libre". Au point qu’Arte, qui diffuse pratiquement chaque soir un documentaire historique sur la Russie, Poutine ou l’Ukraine a fait une exception pour Churchill, le pitch étant ainsi rédigé sur le programme : « Comme le président Zelensky, Churchill… », etc. Zelensky est sans doute un homme extraordinaire, assurément extraordinairement doué pour la communication, et l’on ne doute pas que BHL nous présente demain un long métrage, financé par nos impôts, sur ce personnage romanesque (nous y reviendrons plus loin).

C’est terrible, mais après trois semaines d’images en matraquage continu, de décompte quotidien des bombes qui tombent sur Kiev ou Marioupol et de description d’une supposée et espérée débâcle russe, on éprouve un extrême sentiment de malaise. Toute l’actualité est concentrée sur ce drame : l’Ukraine, seulement l’Ukraine, rien que l’Ukraine. Et gare à qui voudrait jeter un œil de côté.

La Syrie ? Connais pas. Le Yémen, l’Afghanistan, le Liban, l’Iran ? C’est où, ça... Il n’y a plus personne pour couvrir ces conflits, plus grand monde pour seulement les évoquer. Les reporters de guerre sont tous occupés à sonder les cœurs et les plaies des martyrs ukrainiens. La seule façon de ramener ces conflits dans l’actualité, c’est de chipoter sur l’accueil des réfugiés. Les belle âmes râlent parce que le Français franchouillard préférerait avoir chez lui un réfugié de culture chrétienne plutôt qu’un demandeur d'asile de culture musulmane.

C’est comme si la vie s’était arrêtée, suspendue au conflit ukrainien. Ainsi, si le reportage du Figaro à Starobilsk, une ville occupée par les groupes séparatistes de Louhansk, alerte sur le fait que « le programme (scolaire) a changé. Les cours de littérature et d’histoire ukrainienne ont été remplacés par ceux sur la Russie », on relève que « malgré l’occupation, les institutions scolaires devraient rouvrir ». Dans le même temps, on découvre, par un entrefilet de l’AFP, que les talibans, quelques heures seulement après la réouverture des écoles secondaires pour filles, viennent d’en imposer de nouveau la fermeture. Au Yémen, ce sont plus de 2.500 écoles qui ont été détruites et « plus de 10.200 enfants ont été tués ou blessés » depuis le début du conflit, dit l’UNICEF. Qui s’en soucie ?

Celui qui pilonne les Yéménites n’est pas Poutine, c’est le prince régnant d’Arabie saoudite, notre grand ami Mohammed ben Salmane, qui a fait exécuter, le 12 mars, 81 personnes, dont 8 étrangers, présentés comme « coupables de terrorisme et de crimes odieux ». La guerre au Yémen aurait fait 380.000 morts, depuis 2014, et plongé le pays dans une misère totale sans faire bouger un cil à l’Occident. Ça n’intéresse même pas BHL, c’est dire…

Pourtant, notre chef de guerre médiatique a fait fortune sur les conflits, et l’on peut augurer que celui qui se déroule à l’Est viendra une fois de plus arranger ses affaires. Pour de plus amples informations, je vous suggère de vous reporter à l’excellent article que publiait Capital, en mai dernier, sur la façon dont France Télévisions, Arte, le CNC, etc., ont financé sur nos deniers les très chers films et documentaires du philosophe, lesquels n’ont rencontré aucun public ou presque.

Utile précision : BHL préside le Conseil de surveillance d’Arte depuis 1993, ce qui fait de lui un « membre permanent du comité de sélection des films financés par la chaîne ».

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Pendant que notre actualité est dans les égouts, l actualité chinoise inaugure le plus grand pont du monde, rapatrie ses astronautes, engage la lutte anti corruption et encourage les hommes a etre hommes sans ambiguite…

  2. Il devrait rejoindre la « légion des volontaires internationaux » en Ukraine, je le vois bien en treillis avec un casque, tant qu’à défendre ses bons amis il ne faut pas faire semblant.

  3. A côté de la Com de Zelensky, des commentaires et des images toujours venant des mêmes sources,faudrait-il aussi prendre un peu de recul pour voir les causes et responsabilités à la source de ce conflit : qui a poussé l’Ukraine à se tourner exclusivement vers l’ouest au lieu d’adopter la position prudente de neutralité que la géographie commandait ? voir l’Autriche au temps du rideau de fer ? Qui a pilonné le Donbass depuis 8 ans et refusé d’appliquer les accords de Minsk II ? etc.

  4. BHL est comme son alter ego Zelensky dans la propagande communicationnelle à outrance. Zelensky adapte sa propagande à son public de parlementaires. En Israel il a evoqué la Shoah s’attirant les foudres de bon nombre de parlementaires. il récidive avec le parlement français cette fois en évoquant Verdun. C’est comme BHL un bonimenteur inculte tout dans l’apparence l’agressivité haineuse du va t en guerre . Les morts des civils ils en ont rien à faire ils les manipulent. Egocentrisme dangereux.

  5. Zelensky est une marionnette américaine inquiétante. Qu’il nous explique pourquoi il en est arrivé là. Cette histoire sera réglée par Biden quand il l’aura décidé, c’est à dire quand l’Europe sera à terre. La grande gagnante sera l’Amérique, comme d’habitude, mais aussi la Russie qui avait tout prévu sur le plan économique. Zelensky, manipulé, culpabilise l’occident qui est couché.

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