Loi Climat : moins claire que les recommandations de l’Europe

Assemblée nationale

L’Europe est souvent un monstre de complexité et de bureaucratie. Mais pour la réduction des émissions de gaz carbonique (CO2), sa politique est plus claire que la loi Climat qui va être incessamment adoptée par le Parlement.

La réponse de l’Europe s’articule autour de trois objectifs simples et faciles à comprendre : interdire les moteurs thermiques vers 2040 ; instaurer une taxe carbone aux frontières sur les produits importés provenant de pays qui ne feraient pas d’efforts pour lutter contre les gaz à effet de serre ; réduire les émissions de CO2 dans la construction et les transports publics.

La loi Climat, elle, compte 350 articles et est un saupoudrage de petites mesures prises surtout pour des raisons politiques et pour faire plaisir à tous les secteurs de l’écologie. Elle part dans tous les sens, entend lutter contre les voitures au centre-ville, contre l’artificialisation des sols, contre les emballages plastique trop polluants, contre le voyage aérien, contre le béton, contre la publicité, prône des repas végétariens dans les cantines publiques. Elle est principalement punitive et non incitatrice. Elle vise à contrôler et à brider la consommation. Elle induira un grand nombre de normes de production de carbone dans tous les domaines. Les fonctionnaires vont se régaler, mais prédisons que ces textes vont créer un monstre bureaucratique le plus souvent inapplicable et qui fonctionnera cahin-caha à l’aide de multiples dérogations.

En fait, une dictature verte est sur le point de se mettre en place, mais elle ne provoquera pas le même rejet que les mesures sanitaires perçues par beaucoup comme totalitaires. Personne ne protestera contre la suppression de la viande dans les cantines, alors que, quoi qu’en disent les végétariens, elle est indispensable pour une croissance saine des enfants, la viande apportant des éléments qu’on trouve difficilement dans les végétaux. Personne ne va protester contre la suppression des moteurs thermiques au profit des électriques, pourtant polluants et néfastes avec leurs batteries qui saccagent l’environnement. Il aurait suffi, pourtant, de relever au maximum les normes de rejet des moteurs à essence ou fonctionnant au diesel pour les rendre, sinon propres, du moins acceptables. Personne ne va protester contre l’éjection des centres-villes de la voiture individuelle, rendant très difficile le quotidien des franges les plus modestes de la population.

Beaucoup sont tétanisés devant les injonctions des prophètes verts et prennent pour argent comptant toutes leurs affirmations. Souvenons-nous, pourtant, des prédictions qui ne sont pas réalisées. Non, la banquise n’a pas disparu en 2013 comme le prétendait Al Gore, elle nécessite que la Russie construise des brise-glaces nucléaires pour circuler dans l’Arctique. Non, Tuvalu n’a pas été submergée avec le changement de millénaire, au contraire, sa superficie s’est quelque peu agrandie. Les modèles de climat qui annonçaient des lendemains catastrophiques se sont révélés incapables de prédire l’évolution des dix dernières années. Il ne s’agit pas de nier le réchauffement climatique mais de prôner la prudence et la mesure. On n’a rien à gagner à se soumettre aveuglément à des ayatollahs verts.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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