Rodéos urbains : quand une sociologue vit dans une comédie musicale

Capture d'écran
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Connaissez-vous Isabelle Veyrat-Masson ? Non ? Quel dommage ! Vous devriez. Cette dame est historienne et sociologue. Elle a consacré l’essentiel de ses travaux de recherche à la communication politique et aux relations entre l’Histoire et les médias. Chercheuse au CNRS, elle a évidemment son rond de serviette sur certaines chaînes d’information.

 

Isabelle Veyrat-Masson avait déjà fait parler d’elle lors de l’assassinat de Thomas, à Crépol, par des jeunes issus de l’immigration qui étaient venus « planter du Blanc ». Pour elle, ce n’était pas du tout un crime raciste. C’était une querelle amoureuse entre des jeunes gens au sang un petit peu chaud, voilà tout. Elle avait cité en référence Roméo et Juliette. « On est dans Shakespeare », avait-elle assené, dans l’émission 28 minutes, à des Français qui avaient plutôt compris, eux, qu’on était quelque part entre Banlieue 13 et Orange mécanique.

En état de récidive, Isabelle Veyrat-Masson était invitée, le 30 août au soir, sur une chaîne d’information qui lui ressemble : BFM TV. Même inspiration parisienne, même mépris pour les vrais enjeux, qualifiés de « populistes », même aveuglement face au réel. Elle était invitée à commenter le meurtre de la petite Kamilya, en état de mort cérébrale après avoir été fauchée par un abruti qui roulait à contresens sur la roue arrière de sa moto. Allait-elle, cette fois, donner au réel l’un de ses véritables noms : tribalisation, mépris de la vie humaine, pourrissement de la société ? Non. Mme Veyrat-Masson vit dans une comédie musicale. Pour elle, ces rodéos, c’est West Side Story. Ce sont des jeunes gens désœuvrés, qui s’ennuient et qui « font des bêtises ». Des bêtises comme tuer une petite fille qui n’avait rien demandé. Elle pousse même l’indécence, pour justifier son positionnement, jusqu’à citer le cas du fils d’une de ses amies « très bon chic bon genre » qui faisait des tags et a fini par se ranger, se marier et fonder une famille.

À ce stade de déconnexion bourgeoise, l’adjectif « nauséabond » ne suffit plus. Quel rapport entre un quelconque Jean-Eudes du XVIe nord qui tague « Zut » sur le pont de Bir-Hakeim et une racaille pour qui la vie humaine n’a aucune importance. Le meurtrier de l’adjudant Comyn n’avait-il pas été déjà condamné dix fois ? Alors...

Tant que la sociologie de ces faits de société sera traitée, face caméra, par ce genre de personnages CSP+ qui vivent dans des pièces de Shakespeare ou des comédies musicales, on continuera de creuser. Et le narcotrafic, c’est quoi ? Le Parrain, avec code d’honneur, mandoline et costume à rayures ? Et les voitures qui brûlent dix fois par an à cause de l’immigration de masse, c’est quoi ? L’incendie du Walhalla à la fin du Crépuscule des dieux ? Et les viols dans les quartiers perdus, ce sont les Étoiles noires de Starmania ? On ne sait pas à quoi carbure Mme Veyrat-Masson, probablement rien d’illégal et c’est peut-être ça, le pire. Laissons-la à son monde de vidéocassettes classiques, pourvu qu’elle laisse ceux qui sont en prise avec le réel s’en occuper…

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

85 commentaires

  1. Elle fait partie de la génération 70 biberonnée par le factieux Cohn Bendit « Il est interdit d’interdire » avec comme leitmotiv : La liberté d’expression.Cette dernière mise dans la tête d’individus intellectuellement sommaire,la liberté d’expression devient aussi la liberté de faire.Les phrases toutes faites ne sont pas faites pour être mises dans la tête de tout le monde.

  2. Donc si on comprend bien dès que l’on s’ennuie on est atteint d’une envie pressante d’aller tuer son voisin…

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