Loi Avia : un formidable outil de répression-manipulation des individus

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Depuis que les Lumières se font passer pour des lanternes, les religions humaines s’évertuent à substituer à un corps social transcendant respectueux de la personne humaine un corps global immanent soumis à un contrôle social déshumanisant. De nos jours, au matraquage mental du citoyen par déresponsabilisation et infantilisation s’ajoutent une pression pseudo-morale omniprésente et une oppression légale croissante.

C’est dans ce but que l’industrie du sport mass-médiatisé, avec les autres dérivés opiacés « de pain et de jeux » destinés à agglutiner les masses par adhérence abrutissante plutôt que par adhésion épanouissante, sont placés sous l’autorité suprême de la religion du droit-de-l’hommisme. De cette idéologie sans référence externe, généralement présentée avec une commisération mièvre, y compris par des dirigeants corrompus et cyniques, découlent diverses impostures comme celle d’un égalitarisme aveugle et inhumain, ou l’idéologie du genre mise à toutes les sauces, qui afflige et lasse bien davantage de personnes naturellement - ou par éducation – curieuses des différences et respectueuses des minorités que d’indécrottables esprits bornés.

Les réseaux de masse, version 2.0 du « tam-tam » dont on a retiré l’utilité collective et le bénéfice individuel, sont de moins en moins sociaux mais toujours plus intrusifs. Pour préserver leur fabuleuse rente financière, les GAFA négocient actuellement avec les États une fiscalité avantageuse moyennant la concession du contrôle social et du monopole étatique, antidémocratique, des « fake news ». Dans cet esprit, la proposition ubuesque de loi Avia, officiellement justifiée pour « retirer certains contenus haineux des réseaux sociaux, des plates-formes collaboratives et des moteurs de recherches », offrirait aux États un puissant outil orwellien de manipulation-répression des individus.

En réalité, depuis que l’homme autoréférencé se prend pour son mètre-étalon et son seul maître, son orgueil s’est enflé du pouvoir croissant par domination technique des éléments et du monde du vivant dont il s’est déconnecté. Au point d’orgue de cet orgueil, l’hubris accumulée, un temps suspendue au déchaînement de conflits planétaires, provoque en retour la colère et la vengeance des forces de la nature. Comment croire que l’homme pourrait lui-même créer un référentiel de valeurs droit-de-l’hommistes qui le dépassent ? N’en déplaise aux adeptes du transhumanisme, aucune machine ne dépassera jamais le cerveau humain aux facultés de conscience et de créativité inégalables, non pas en degré mais en nature. D’où vient l’inspiration des génies et des poètes, et quelle construction humaine a jamais approché la merveille de complexité et de beauté du milieu naturel ? Quel monstre d’orgueil que la course à la hauteur des gratte-ciel, dont la tour Burj Khalifa de Dubaï détient actuellement le record de plus gros « pénis de substitution », avec ses 828 mètres ridicules ?

La quête désespérée d’autonomie doit laisser la place à la recherche d’hétéronomie ; d’une verticalité non pas factice comme celle d’hommes politiques creux qui misent tout sur la communication, mais d’une réelle transcendance qui mise sur l’intelligence de l’homme et sa liberté. Parmi les fulgurances de son essai La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil déclare que l’homme n’a pas de droits, il n’a que des devoirs : envers lui-même, son créateur, ses proches, autrui, le monde qui l’entoure. Par cette intuition, on passe d’une approche droit-de-l’hommiste totalitaire mais impuissante, désespérément revendicatrice de droits prétendument dus mais insatisfaits, à une approche réellement altruiste et responsabilisante, dont les devoirs assumés suffisent à combler les réels besoins de chacun.

Car une personne humaine totalement démunie a en théorie « tous les droits », mais n’a que ses droits pour se consoler. Alors que les devoirs demeurent et s’imposent naturellement, moralement, jusqu’à satisfaction des besoins d’autrui.

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Jean-Michel Lavoizard
Ancien officier des forces spéciales. dirige une compagnie d’intelligence stratégique active en Afrique depuis 2006

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