L’objectif d’Anne Hidalgo : faire de Paris un grand parc d’attractions !

Pari Tour_Eiffel pont d'iéna

C’était au début des années 90. Les « complotistes » (on ne les appelait pas encore ainsi) commençaient à dénoncer un gouvernement mondial dont les institutions européennes auraient été le bras armé. Un scénario était écrit de longue date, disaient ces gens, qui avait assigné les rôles et la répartition des pôles économiques : aux Anglais la finance, aux Allemands l’industrie, aux pays du Nord l’agriculture intensive, aux pays du Sud l’immigration et à la France le tourisme et la fête. Dans ce projet de mondialisation bien ordonnée, nous devenions le lupanar de l’Europe occidentale.

Force est de constater qu’au fil des décennies, nos divers gouvernants se sont employés à remplir la mission, les plus appliqués étant sans conteste les gouvernements de gauche. Il faut rendre, ici, à Jack Lang ce qui lui appartient, l’homme ayant fait de l’Homo festivus une figure centrale de notre société. Rendons donc hommage à Philippe Muray qui, le premier, analysa la chose de sa plume acérée.

« Panem et circenses », du pain et des jeux, disaient les Romains. Rien de tel pour tenir le peuple sous emprise. Le pain n’est pas toujours au rendez-vous, mais pour les jeux, nous sommes devenus champions. Le cirque, aujourd’hui, est surtout footballistique et olympique, et au nom de ces grand-messes mondiales, tout paraît possible.

C’est ainsi que Mme Hidalgo, n’osant pas (encore) transformer totalement la capitale en parc d’attractions, a décidé de faire de Paris un grand parc attractif. Son rêve : une grande zone verte où les bobos pourront flâner et s’ébattre sur les pelouses, jouer à colin-maillard dans les bosquets, faire la queue aux food trucks – très importants, les food trucks –, siroter en terrasse et, demain, peut-être, faire du pédalo sur la Seine.

C’est dans cette optique que s’inscrit le projet présenté par le maire de Paris, ce mardi : un parc de 50 hectares au cœur de Paris, du Trocadéro à l'École militaire en passant par le pont d’Iéna, le Champ-de-Mars et la tour Eiffel, réalisé pour les Jeux olympiques de 2024. Un projet à 72 millions d’euros qui « devrait permettre aux quelque 6 millions de visiteurs de la tour et 20 millions de personnes qui fréquentent les abords du site chaque année, de vivre une expérience totalement différente de celle d’aujourd’hui ».

Précision importante de l’édile : ce projet ne coûtera rien aux Parisiens puisque les fonds seront puisés sur la redevance que verse la SETE (Société d’exploitation de la tour Eiffel) à la ville de Paris.

C’est le projet de Kathryn Gustafson qui a été retenu, une paysagiste américaine qui confie au Parisien : « Je suis horrifiée par l’état des lieux qui ne sont pas adaptés aux flux de promeneurs et de visiteurs. Il faut tout repenser », affirme-t-elle. Elle va donc réaliser « le plus grand jardin de Paris ».

Mme Hidalgo en est toute renversée. « C’est un chemin extraordinaire ! On va offrir un nouveau parc aux Parisiens, qui vont pouvoir lâcher la main de leurs enfants et se balader en entendant le chant des oiseaux », dit-elle. « Aujourd’hui, nous faisons le pari d’une ville végétale […]. Paris se devait de garder le leadership à l’international sur la question environnementale. […]. Nous prouvons que nous savons nous adapter, nous questionner et nous réinventer. » Toujours modeste…

On en pleurerait de bonheur s’il n’y avait un hic : c’est la fermeture du pont d’Iéna, l’un des grands axes automobiles pour traverser la Seine, ce qui va encore repousser la circulation vers des tunnels saturés et accroître les embouteillages à la périphérie. Car Mme Hidalgo ne soigne que son électorat : les bobos chics à fort pouvoir d’achat. Elle pense Paris, jamais « Grand Paris », et n’a que faire des classes moyennes repoussées toujours plus loin en Île-de-France.

Il semble qu’une fois de plus, une fois encore, ce projet n’ait fait l’objet d’aucune concertation avec les communes limitrophes.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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