[Livre] Violence de droite, violence de gauche : radiographie d’un traitement médiatique inégal

bouclier

La droite et la gauche naissent à la fin du mois d’août 1789, au moment de décider du droit de veto du roi Louis XVI, qui lui permettrait de refuser de signer une loi de l’Assemblée constituante. Les partisans du veto se placent à la droite du président d’assemblée, les antagonistes à sa gauche. Avec 673 voix contre 325, ce sont les seconds qui l’emportent. Le clivage gauche/droite est né. « L’acte fondateur est essentiel : la gauche a pris naissance sur une victoire, la droite sur un échec », explique Thierry Bouclier, l’auteur de La Gauche ou le monopole de la violence. De 1789 à nos jours (La Nouvelle Librairie), dans son introduction.

Thierry Bouclier signe un livre passionnant. À travers cinq thèmes (les intrusions au Parlement, le terrorisme, les mouvements de rue, la confrontation politique et l’agit-prop), il recense toute la violence commise par la gauche de la Révolution jusqu’à aujourd’hui, avec précision et pertinence. L’ouvrage démontre la flagrante différence de traitement médiatique des faits selon qu’ils ont été commis par la droite ou par la gauche. « D’un côté, la violence de la droite, parfois manifeste, souvent fantasmée et toujours condamnée. De l’autre, la violence de la gauche, toujours réelle, constamment ignorée et très rarement sanctionnée. Deux poids et deux mesures que la gauche est parvenue à imposer et que la droite a fini par accepter. »

Le talent de l’auteur est de mettre tout au long du livre en parallèle deux événements similaires, l’un mobilisant des gens de droite, l’autre des gens de gauche, qui se soldent de façon opposée : grande sévérité pour les premiers, impunité totale pour les seconds. Exemple récent : on se souvient du tollé médiatique lorsqu’une vingtaine d’étudiants de l’ICES (Institut catholique de Vendée) ont perturbé, le 18 mai 2019, une manifestation de lutte contre l’homophobie à La Roche-sur-Yon. Bilan : des cris « Homo-folie, ça suffit ! », des ballons crevés, un drapeau arc-en-ciel volé, une barrière renversée et la main d’un militant LGBT touchée par un des étudiants. Aucun coup échangé, le chahut dure deux minutes. Mais pour la gauche et les journalistes, les militants homosexuels ont subi une attaque d’une rare violence de la part d’un « groupe d’extrême droite et de cathos » venus les impressionner. Le parquet ouvre une enquête, deux jeunes sont mis en garde à vue, le domicile d’un autre est perquisitionné. Tous sont poursuivis devant le tribunal correctionnel : cinq sont condamnés à un emprisonnement de deux mois avec sursis ! Les peines de prison seront annulées par la cour d’appel de Poitiers le 1er juillet 2020. Les jeunes étudiants doivent néanmoins payer des amendes. « Des condamnations pour ce qu’ils sont et ce qu’ils pensent et non pour ce qu’ils ont fait », estime l’auteur.

Thierry Bouclier met le traitement médiatique et judiciaire en parallèle avec celui réservé à des étudiants de gauche lors d’un autre événement semblable. Le 26 janvier 2021, des membres de la Cocarde étudiante, syndicat classé à droite, manifestent avec d’autres étudiants à Paris pour la réouverture de leur faculté, fermée pour cause de Covid-19. Ces étudiants se rendent à la manifestation sans badge ni stickers, pour ne pas politiser la mobilisation. Alors qu’ils marchent avec les autres manifestants, ils sont sauvagement attaqués par un groupe d’antifas au visage dissimulé, armés de cadenas de vélo, de bouteilles en verre, de pavés et de bâtons. Le lynchage dure deux minutes. Deux étudiants sont gravement blessés. L’attaque est filmée et tourne sur Internet. Deux antifas sont clairement identifiés. « Mais aucun des grands médias ne relaie l’attaque. Silence absolu. La violence de l’extrême gauche n’existe pas. Si elle existe, elle ne doit pas être montrée. […] Pas de garde à vue, pas de perquisition. Et naturellement, aucun procès. »

La gauche étant dans le camp du bien peut et même doit réprimer violemment le fascisme de droite, camp du mal et de la haine. Cet excellent livre fait toute la lumière sur la réalité des violences commises, qui ne viennent pas souvent d'où on le dit.

Matthieu Chevallier
Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

36 commentaires

  1. A ce clivage gauche droite on peut ajouter le clivage entre religions, une seule religion pratique la violence et le terrorisme en France, l’islam, et les faits sont niés ou minimisés, on se souvient du terrorisme qui n’était pas qualifié d’islamiste alors qu’il n’était que çà.
    Plus de 250 morts et de 800 blessés dans des attentats islamistes en France depuis janvier 2015, et la campagne électorale a ignoré le problème , effarant, imaginez les conséquences d’un seul attentat d’extrême droite.

  2. Bon article, mais déjà plus d’actualité ! Il faut être « d’extrême centre » maintenant, comme nous l’a doctement annoncé Macron…Le juste milieu en somme, le lieu de toutes les forfaitures !

  3. L’égalité de traitement gauche / droite n’est malheureusement pas le vrai sujet.
    La réalité, pour les gens qui donnent leurs instructions à ceux que nous croyons élire, est de faire comprendre à leurs opposants qu’il ne sert à rien de chercher à contrarier leurs plans. L’opposant doit savoir qu’il peut à tout moment se faire rouer de coups sans jamais pouvoir répliquer. Sur l’opposant, la justice veille nuit et jour et sait agir dans l’urgence là où elle est si lente habituellement.

  4. La gauche et la droite n’existent aujourd’hui que par la définition qu’en donne les médias dominants à la botte de l’oligarchie. En fait, contrairement à ce qui est rabâché, il n’existe que deux camps, celui qui ne voit que par la mondialisation où l’humain n’est qu’un objet et l’autre qui met l’homme au centre de ses préoccupations et qui reste persuadé qu’un peuple a un héritage fondé sur des valeurs puisées de son histoire qu’il se doit d’enrichir et de transmettre à ses descendants.

  5. C’est ce qui a coûté l’élection d’Eric Zemmour. Dès septembre j’avais prévenu son entourage que son 1er adversaire n’était pas Macron, mais bien les Journalistes. On a vu leur affolement à l’aune des sondages qui grimpaient … 18% ! Et leur peur panique à ne lui trouver aucun angle d’attaque ; il était inaccessible, insaisissable. Mais stupeur ! il ne vit pas le piège grossier qu’ils lui tendirent et dans lequel il chut comme un débutant, lui le pro du journalisme. L’hubris n’épargne personne.

  6. La gauche a toujours raison, c’est bien connu, puisque tous les médias ( à part Valeurs actuelles, c news et bien sûr BV) et quasiment tous les magistrats sont de gauche. La « messe » est dite d’avance. Même quand elle a tort, elle a raison quand même. La gauche est totalitaire. Si nous sommes en désaccord avec la gauche, nous ne sommes plus démocrates, donc de dangereux fachos et donc condamnés d’avance. Il nous reste le droit de vote, mais là aussi, grâce aux médias, c’est plié d’avance…

  7. Antérieurement à 1789, notre bon Jean de la Fontaine concluait déjà « Les animaux malades de la peste » par la célèbre phrase :
    « Selon que vous serez puissant ou misérable,
    Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
    De nos jours, c’est devenu :
    « Selon que vous serez de gauche ou de droite,
    Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
    (Toute connotation ethnodifférentialiste étant bien-entendue exclue).

  8. On souhaiterait que tous les jeunes journalistes aient votre vision des choses et le courage comme vous d’exprimer avec justesse et talent la réalité alors que d’autres s’évertuent à la travestir – félicitations.

  9. La violence de gauche naît de la Terreur, se nourrit de la Commune, puis du PC qui malgré sa collaboration avec les Nazis (jusqu’en 41), sera légitimé par le rôle que de Gaulle négocie pour lui avec l’URSS. Il sera à la mode (Sartre, Montant, Gréco, etc), puis dépassé par le Trotskysme (mai 68). Car le PC c’était trop favorable l’ordre. Enfin le Trostkysme disparaît (en même temps que l’URSS) mais il laisse deux déchets : le ‘wokisme’ et les ‘black blocs’, deux hochets de Macron

  10. La visibilité du champ politique qui paralyse l’objectivité professionnelle des journalistes tous médias confondus est largement démontré dans votre article, votre engagement monsieur Chevalier à dépeindre cette réalité vous honore, merci à vous.

  11. Ce qui est marrant, c’est que dans presque tous les autres pays du monde la situation est exactement inverse. Si vous sortez comme ça dans la rue au milieu de la journée manifester (pacifiquement) en brandissant des slogans de (gauche) comme: les autres sont bons, c’est nous les méchants, la nationalisme = le chaos… etc, vous serez pris pour un fou et vous serez chanceux si vous en sortez indemne.

  12. Très intéressant , mais les GJ n’étaient ni de droite ni de gauche ils étaient simplement contre. Ne pas y avoir répondu mais avoir eu recours à la répression c’est avoir ouvert une porte que ni la gauche , ni la droite et encore plus les syndicats, avec leur ralliement à Macron , ne seront refermés. Nous allons payer durement la limite intellectuelle de l’élite qui a la prétention de nous gouverner, Macron en est le parfait exemple.

    • Les GJ; mouvement spontané , a fait l’objet très vite d’essais de récupération par l’extrême gauche.

    • Oui, les GJ n’étaient « à priori  » ni de droite ni de gauche , sauf que , en en faisant partie, j’ai su très rapidement qu’il ne fallait pas parler d’immigration.. soit ! puis un chef d’entreprise a été mis sur la touche, dans une petite ville car les protagonistes se connaissaient et cet homme n’était pas invité aux réunions …puis l’extrême gauche s’est infiltrée et tout cela était terminé !! la gauche n’a pas bronché et les autres ont fuis ! alors votre commentaire n’est pas tout à fait juste

  13. Matthieu, votre texte est tellement actuel ! Vous êtes étudiant en journalisme et je constate que vous ne faites pas parti de la caste des journalistes, caste de gauchos et d’islamo gauchos.
    Ce n’est pas un reproche, bien au contraire, vous avez cette pureté. Vous savez analyser, reconnaître le « bien du mal », vous n’avez pas d’à priori. Et par dessus tout, vous dîtes les choses telles quelles sont ! Être journaliste, c’est être Factuel, sans compromission. Vous serez un Grand Journaliste :-)

  14. À l’époque de la guerre d’Indochine, nos grands blessés qui arrivaient par bateau au port de Marseille étaient « accueillis » sur leurs civières à coups de barres de fer par les militants CGT. Et je ne mentionne pas les munitions sabotées dans les usines ou cet ignoble traître de Georges Boudarel, communiste convaincu et commissaire politique au camp vietminh n° 113 où il torturait les prisonniers français. Bilan: retour en France en 1966, carrière universitaire, amnistié, jamais jugé…

    • De nos jours, l’islamisme a pris la place du communisme de jadis. Et on trouve les mêmes intellos ex d’extrême gauche pour soutenir et défendre les islamistes.

    • Scandaleux ! tout à fait scandaleux !
      Les gauchistes sont violents, ce sont des fachistes, des intolérants, des provocateurs !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois