[Livre] Comment prendre la bonne décision ?

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À première vue, le lecteur pourrait être tenté de penser que les conseils avisés de François Bert ne s’adressent qu’aux décideurs en entreprise ou en politique et, donc, à une cible relativement limitée. S’il est destiné, assurément, à « l’usage de ceux qui croient qu’être intelligent suffit pour décider », l’on s’aperçoit, à la lecture de ces pages, qu’en réalité, nous sommes tous confrontés à la prise de décision, quel que soit notre statut, quelle que soit notre situation.

Et telle est bien la vocation de ce précieux ouvrage sorti le 20 septembre : nous mettre in situ pour décider à l’écoute du réel, et non à l’issue de raisonnements certainement bien menés mais, somme toute, déconnectés du contexte particulier. François Bert dresse ce constat criant qu’il « manque dans les familles, dans les entreprises, les institutions et en France, de manière générale, des moments où l’agitation est volontairement suspendue pour que chacun puisse prendre conscience de lui-même, des autres, de l’environnement, de la mission en partage ».

Sortir de l'agitation

Car s’il faut faire preuve d’une grande humilité et admettre qu’« une décision parfaite n’existe pas », l’auteur se veut rassurant : « Un chef est un professionnel de l’imparfait, un navigateur d’éclaircies dans le gris, un expert du chemin. » S’appuyant sur des exemples très précis, aussi bien dans les domaines de l’éducation des enfants, du management en entreprise, de l’action politique ou militaire, l’ancien officier de la Légion étrangère nous donne des clefs concrètes pour apprendre à décider. Et plutôt que la performance, François Bert nous fait viser l’esprit de victoire, il nous apprend à profiter de chaque événement pour le transformer en un « positif à saisir ». Autrement dit, comment tirer d’un mal un plus grand bien ou remotiver les troupes quand tout semble perdu d’avance.

Pour cela bien sûr, il faut ce dont notre société de l’instantanéité nous prive quotidiennement : du silence et du temps, éléments indissociables du discernement. Aux « réponses à tout » et aux « commentaires immédiats », François Bert en appelle, dans cette « fièvre de la communication [qui] fait agir souvent à contretemps, par besoin d’exister, et sans capacité à demeurer », à retrouver le « goût du silence et de la solitude ». Ainsi, l’auteur d’insister sur ce qui « rétablit la juste perception du temps qu’il faut aux choses pour se réaliser. Il laisse décanter naturellement à l’esprit ce qui doit être écouté avant la décision et ce qui doit être exécuté, après. » Dézinguant les cabinets des dirigeants remplis d’« experts » et « communicants », l’auteur invite chaque lecteur à trouver en son intériorité les bonnes réponses ajustées. Puisse-t-il pour cela accepter les « règles de la réalité » et apprendre à se détacher de « l’abondance d’informations » considérée « comme une gêne plutôt qu’une aide à la décision ».

In fine, un bon décideur est celui qui saura bien discerner, se mettre à l’écoute de l’évidence. Mais comment la reconnaître ? Par ces trois critères : la « paix intérieure », « sa répétition spontanée » et « son installation calme et progressive dans notre esprit ». En fermant les pages de cet ouvrage, une conviction s’impose, celle d’être « vraiment efficace quand on agit au bon endroit et au bon moment. Il se fait une sorte de démultiplication de notre action. » Un livre tout simplement salvateur pour notre société agitée, invitant chacun à retrouver le lieu caché de son intériorité pour ne plus se laisser entrainer par les flots mais bel et bien « dans la tempête, devenir capitaine de sa vie et de celle des autres si on nous les confiait ».

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

10 commentaires

  1. savoir décider ne nécessite pas d’être ou se croire un omniscient et un virtuose de la communication mais nécessite de l’humilité et la capacité d’écoute. Aujourd’hui il est regrettable de constater que c’est bien loin d’être le cas. Il n’est, pour s’en persuader, que de voir comment fût gérée – avec force impositions absurdes – la crise du Covid.

  2. En matière de prévision, le jugement est supérieur à l’intelligence. L’intelligence montre toutes les possibilités pouvant se produire. Le jugement discerne parmi ces possibilités celles qui ont le plus de chance de se réaliser. ”
    Gustave Lebon

  3. Nous avons l’exemple à chaque étage de la vie politique de notre pays, que les diplômes ne sont pas « en même temps » synonymes d’intelligence. Des énarques à tous les niveaux et surtout à ceux ou ils ne devraient pas être, le plus flagrant, (suivez mon regard vers Jupiter)mais pas que celui là. Ils sont formés pour être les exécutants des décisions gouvernementales, ou ils ne sont pas trop mauvais et ils se cooptent pour truster les places politiques où ils sont complètement hors sol et prennent des décisions aberrantes.

    • De plus, je pense qu’il ne faut pas confondre intelligence et instruction (dans ma prime jeunesse, des camarades disaient « tu n’es pas intelligent, tu es instruit ! », pas nécessairement à bon escient…); la faculté de répondre aux bonnes questions à un examen ne signifie pas que l’on soit capable de mettre en relation des domaines différents.
      Les questionnaires à choix multiples, que j’ai expérimentés lors de mes débuts dans l’enseignement (et très rapidement abandonnés…) ne sont intéressants que pour les professeurs paresseux, mais sont une calamité pédagogique. Dans le même sens, on a, en Suisse, remplacé le terme de « maître d’apprentissage » par celui de « formateur » ; on formate donc les jeunes ? Un maître a fait le parcours, et il accompagne les élèves, il les ÉLÈVE.

  4. « un chef est un professionnel de l’imparfait, un navigateur d’éclaircies dans le gris, un expert du chemin ».
    Et, surtout, c’est celui qui est capable de décider « dans la solitude de son for intérieur ».

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