Liban : une révolution orange qui ne dit pas son nom ?

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« Je ne peux retirer que 300 dollars par semaine, et encore, si j’ai de la chance. Certaines banques ont complètement bloqué les retraits en dollars dans les DAB. » Le Liban traverse une grave crise depuis un mois. Cette mauvaise passe, qui prend la forme d’une crise bancaire, sociale et politique, inquiète.

Comment peut-on imaginer, en effet, un pays comme le Liban, véritable coffre-fort de tous les pays arabes depuis le boom pétrolier des années soixante-dix, caractérisé par un système bancaire efficace et libéral, dont la renommée est mondiale, manquer de billets verts ?

Les affaires marquent le pas. Les entreprises sont en difficulté. Les banques doivent faire face à des complications dans leurs bilans car elles ont trop prêté à un État quasi failli.

La politique monétaire de la banque centrale (BDL) est aussi montrée du doigt car une dévaluation de la livre libanaise par rapport au dollar aurait dû avoir lieu depuis longtemps.

La corruption gigantesque est, de même, invoquée en sus de l’argent politique qui se fait rare depuis quelques années, alors que celui-ci irriguait l’économie du pays.

Une autre explication concernerait l’exploitation future du gaz off-shore estimée à plus de 100 milliards de dollars, qui aiguiserait les appétits de certaines puissances.

Pour d’autres, cette crise revêt une tout autre explication, politique cette fois-ci.
Le Liban payerait l’échec d’Israël, de l’Arabie saoudite, de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis à casser l’axe Iran-Syrie-Hezbollah. L’Oncle Sam s’efforcerait, avec ses alliés, de faire plier le pays en l’asphyxiant sur le plan économique afin de retourner la population contre le parti de Dieu, qui demeure la clé de voûte du système politique libanais et l’ennemi à abattre. La question reste de savoir si ce choix est judicieux.

Premièrement, le parti de Dieu est très implanté au Liban tant sur le plan politique (Hezbollah et Amal cumulent plus de 22 députés au Parlement, sur un total de 123 députés) qu’au sein de la population chiite, qui représente plus de 30 % de la population. Le sacrifice de plus de 30.000 Libanais chiites du Sud dans la résistance face à l’invasion israélienne est toujours dans les mémoires.

Deuxièmement, les Libanais, au fait du jeu des grandes puissances, savent très bien qu’ils sont les victimes indirectes de l’échec de la politique occidentale en Syrie qui, malgré des moyens considérables, n’a pas pu faire tomber le régime alaouite.

Troisièmement, le Hezbollah, qui ne bouge pas pour l’instant et qui interdit à ses partisans de rentrer dans le mouvement de contestation, pourrait, s’il jugeait ses intérêts stratégiques menacés, se lancer dans des opérations militaires internes et, pourquoi pas, contre Israël, afin d’assurer sa survie, tout simplement.

Dans les faits, le pays du Cèdre est dans une impasse, mais « ce petit pays, si important », comme le disait Metternich, n’a pas encore dit son dernier mot.

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