L’honneur du préfet de la République
Interviewée par Le Figaro du 26 juillet, la préfète Nicole Klein souligne la responsabilité de sa décision de faire tirer sur les deux djihadistes qui ont assassiné le père Hamel dans l’église de Saint Étienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016. J’avais pu apprécier les grandes qualités et la compétence de Nicole Klein lorsqu’elle était, au sein du cabinet du Premier ministre, à l’école de Michel Rocard.
Elle a raison d’assumer l’ordre donné de mettre hors d’état de nuire et de tuer ces barbares assassins. La situation était d’autant plus exceptionnelle que le pays, en état d’urgence, devait faire face à la guerre déclarée par l’islam radical. Ce crime abominable, qui était signé (par le cri d’Allahou Akbar), pouvait être prolongé par d’autres assassinats.
Au demeurant, le préfet, en charge de l’ordre public, ne peut pas se contenter d’être un commentateur d’actualité, ni un témoin passif, ni un philosophe du vivre ensemble. Il a pour mission de prendre les décisions qui s’imposent pour la sécurité de la population, pour le respect des lois et pour les intérêts nationaux, comme le lui prescrit la Constitution (article 72). Le préfet n’a pas la possibilité d’attendre les consignes ou les autorisations du niveau supérieur et doit faire face au danger immédiat qui menace la société. C’est l’honneur du préfet de prendre la décision qui s’impose, sans état d’âme, avec la seule âme de l’État.
Certes, le préfet est seul au moment de décider, face au gouvernement, au juge, à la presse, à l’opinion. Il ne manque pas d’informer en confiance le gouvernement et de s’appuyer en équipe sur l’ensemble des services de sécurité et des forces de l’ordre. Il accomplit son devoir dans la seule satisfaction de faire son travail au nom de la République et d’être en règle avec sa conscience. Dans de nombreux autres domaines, la même exigence s’applique au représentant de l’État, notamment en matière de sécurité civile lorsqu’il s’agit de faire évacuer des populations menacées par l’incendie ou l’inondation, lorsqu’il est nécessaire de fermer une autoroute devenue dangereuse par l’abondance de neige, lorsqu’il faut réprimer une manifestation dangereuse et rétablir l’ordre public. Ce métier difficile est exaltant par le courage nécessaire et par les risques encourus. C’est pourquoi une telle nomination ne devrait pas être proposée à des amis du pouvoir, quittant le cabinet ministériel et cherchant un simple titre de marquis.
Placé au cœur de la nation, entre le pouvoir et la population, le préfet veille et agit en vue du respect de la loi, des libertés et de la protection des citoyens. Il n’y a pas de plus bel idéal pour un serviteur de l’intérêt général. Le corps préfectoral entretient le culte de son Grand Ancien, le préfet Jean Moulin, qui déclarait : "Je ne savais pas qu’il était si facile de faire son devoir quand on est en danger."
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