La non-augmentation (0,3 % : même pas une miette) des pensions de retraite en 2019, qui vient d'être actée, ajoutée à la hausse de la CSG du début de l'année vont-elles causer du tort au gouvernement ? demande-t-on au fringant Christophe Barbier, chroniqueur de BFM TV. Sous-entendu : nuirait-elle à la réélection d'Emmanuel Macron en 2022 ? Aucune importance, annonce Barbier : "Beaucoup [de retraités] ne seront plus électeurs en 2022 parce qu'ils seront morts." Pour celui qui ne veut pas "tomber dans le cynisme", c'est réussi !

Et d'expliquer, comme ça, presque ingénu, la tambouille électorale. Qui s'avère simple comme bonjour. D'un côté, en 2022, donc, Emmanuel Macron n'aura plus à se soucier d'une partie des retraités mécontents de sa politique qui ne voteront plus pour lui puisqu'ils auront passé l'arme à gauche. Mais, de l'autre, il pourra sans doute compter sur les nouveaux retraités qui, eux, "profiteront peut-être de cette politique actuelle". Et dans le cas contraire ? On mise sur une bonne grippe pour éviter les mal votants ? Car pour la réussite de la politique actuelle, on est pris comme d'un doute...

Cela dit, si on voulait remuer le couteau dans leur plaie, avouez qu'ils se sont montrés bien crédules, ces « inactifs », entre Mamie qui le trouvait beau et Papi qui le trouvait bien, les deux claironnant voter pour celui qui ne toucherait pas à leur retraite : 74 % à lui avoir faire confiance ! Le banquier les a bien remerciés... Mais bon, d'ici quatre ans, là où tous les prédécesseurs de Macron se sont cassés le nez ou ont tout bonnement laissé filer, peut-être bien que lui et son gouvernement vont découvrir la potion magique. En tout cas, c'est ce que Barbier veut leur faire avaler, aux retraités toujours en vie, qui voteront la prochaine fois.

Au fond, il n'est peut-être pas à quelques retraités près, le gouvernement ! Pourquoi ? Parce qu'il y a la part de marché de l'immigration, pardi ! Régularisés, naturalisés à tour de bras depuis déjà des années : en voilà, de futurs bons électeurs. Sans oublier le vote musulman acquis depuis des lustres à la gauche et désormais à la "ni droite ni gauche" : 92 % à avoir plébiscité Macron. Aucun risque, eu égard à la migration presque entièrement musulmane, qu'ils changent de crèmerie. Ça marche aussi comme ça, le comportement électoral, dirait encore, "sans tomber dans le cynisme", le Barbier de service. Faut raisonner en parts de marché.

Décidément, il fourmille toujours de bonnes idées, l'homme à l'écharpe rouge, été comme hiver (les idées et l'écharpe) ! Tenez, il y a un an, il décrétait, motu proprio, déjà qu'"il serait temps, aujourd'hui, que les Français renoncent d'eux-mêmes à cette cinquième semaine" [de congés]... Et il les épinglait, ces retraités qui ont connu "le plein emploi" (oubliant qu'on vient de se cogner quarante ans de chômage structurel, comme ils disent), qui ont eu la chance de vivre dans un pays "sans plus de guerre". Et tous ces hommes qui ont eu 20 ans entre 1956 et 1962 qu'on a envoyés en Algérie, ils n'ont pas connu la guerre, eux ? Tous ne sont pas morts, loin de là, heureusement. Et, aujourd'hui, le terrorisme islamiste, c'est quoi ? Mais, veinards et culottés, grâce aux progrès de la médecine qui leur permet de vivre très vieux, ils manifesteraient contre la hausse de la CSG ? "Ils doivent faire un effort et penser aux générations suivantes", assenait-il, professoral. Comme les gouvernements depuis quarante ans ?

Autre argument "barbieresque" qui inciterait les retraités à revoter Macron ? Bon sang, mais, bien sûr : la baisse de la taxe d'habitation. Parce que les mairies ne la compenseront pas en augmentant la taxe foncière, peut-être ? Qui atteint, dans certaines localités, déjà des sommets. Face à une telle profondeur d'analyse, on reste scotchés.

Au fond, pour le gouvernement, selon Christophe Barbier, mieux vaudrait un électeur mort qu'un mauvais électeur ! Vu comme ça...

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31 août 2018 à 23:39

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