Les personnes âgées, proies faciles pour des agresseurs sans scrupules

Une découverte macabre, dans un HLM de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Ce 30 juin, aux alentours de 21 heures, les sapeurs-pompiers découvrent le corps sans vie d’une octogénaire, allongée sur son lit, un pic à brochette planté dans le thorax. C’est son fils, inquiet de son absence de réponse à ses appels répétés, qui avait donné l’alerte. Rapidement, le parquet de Bobigny s’est saisi du dossier. Une enquête pour meurtre a été ouverte et confiée à la brigade criminelle. Pour l’heure, aucune trace d’effraction n’a été constatée au domicile de la victime, ce qui laisse penser qu’elle connaissait son agresseur ou bien qu’elle lui a ouvert la porte sans se méfier. Cette sordide affaire vient relancer le débat sur l’insécurité grandissante qui vise les personnes âgées.

Angèle, le visage d’une génération violentée

Proies faciles, les personnes âgées sont en effet régulièrement prises pour cibles, dans la rue ou à leur domicile. Arrachage de collier, cambriolage violent, vol à la tire, viol… De trop nombreuses et récentes affaires viennent malheureusement le prouver. Angèle, 89 ans au moment des faits, est devenue bien malgré elle le visage de ce déchaînement de violence inouïe contre les plus fragiles de notre société. Le 29 août 2022, l’octogénaire rentre chez elle après avoir effectué quelques courses. Devant sa résidence à Cannes, trois adolescents la frappent par derrière afin de lui voler son sac à main. La Cannoise de 89 ans est laissée au sol, inanimée. Hospitalisée pendant huit jours suite à une hémorragie cérébrale, elle s’en sortira avec de nombreuses fractures au visage et contusions. La scène filmée par les caméras de vidéosurveillance avait, à l’époque des faits, provoqué une vague d’indignation. Deux de ses agresseurs avaient écopé, en juin 2023, d’une peine d’un an de prison avec sursis probatoire. Le troisième, qui filmait la scène, avait été relaxé.

Deux ans avant l’agression subie par Angèle, une autre octogénaire, à Paris cette fois-ci, avait également vécu un déchaînement de violences à son domicile. Agnès, 85 ans, ancienne femme de ménage, vivait tranquillement dans son petit appartement au sein d’une résidence HLM, dans le XIV^e arrondissement. Le 8 juin 2020, trois jeunes gens, dont un adolescent de 15 ans, frappent à sa porte et s’engouffrent chez elle. Là, ils la « massacrent » et lui volent son coffre à bijoux. Agnès, souffrant d’un traumatisme crânien et d’un saignement interne au niveau du front, sera retrouvée par sa petite-fille avant d'être hospitalisée. Les malfrats ont-ils agi à visage découvert, connaissant la vulnérabilité de leur victime ?

Des cours de self-defense pour seniors

Plus récemment, le 29 mai dernier, une retraité de 83 ans a été victime d’une violente agression à Marseille. Son agresseur lui a volé son sac avant de prendre la fuite. Prise en charge par les secours, l’octogénaire aurait été victime d’un AVC au cours de son transport vers l’hôpital. Quelques jours plus tard, à Dijon, un homme en situation irrégulière et déjà condamné 20 fois par le passé s’en est pris à une octogénaire dans la rue pour lui arracher ses colliers. Interpellé, il a été condamné à 30 mois de prison ferme.

Et à ces agressions violentes s’ajoutent les sordides viols de femmes âgées, à leur domicile ou au sein de leur résidence. Danielle, 86 ans, accuse le veilleur de nuit de sa résidence pour seniors de l'avoir violée. Berthe, 91 ans, a quant à elle été violentée à son domicile en juin 2022. « Elle a pris des coups sur la tête, le cou, le sein. Elle a été déshabillée. Il y avait une suspicion d’agression sexuelle… », confie l’avocat de la famille au Figaro. En octobre 2024, en Isère, un adolescent de 16 ans s'est introduit chez une octogénaire afin de lui dérober des bijoux et bibelots. Il a ensuite forcé sa victime à monter à l'étage et se déshabiller avant de la violer.

Face à ce climat d’insécurité grandissante, plusieurs seniors décident donc de prendre des cours de « self-defense ». Dans l’Eure, par exemple, Monique, victime d’une récente agression dans la rue, raconte à nos confrères : « Ça permet de dédramatiser et de savoir comment réagir en cas d’agression. Ça aurait pu m’aider, il y a quelque temps. » La semaine suivante, « on verra quelques techniques pour faire face à un agresseur armé d’un couteau », promet le professeur. Désormais, en France, nos aînés se retrouvent donc contraints d’apprendre à se défendre par eux-mêmes plutôt que de profiter sereinement de leur retraite. Y a-t-il plus flagrant signe de décivilisation que celui-là ?

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