Muriel Pénicaud, notre ministre du Travail, doit être satisfaite : en cette période de crise sanitaire, il y a des embauches ! On apprend, par BFM Paris, que l'hôpital Lariboisière, dans le Xe arrondissement, a recruté de nouveaux agents de sécurité pour accompagner les médecins, infirmières et autres personnels de santé jusqu'aux transports en commun, notamment la gare du Nord. Ils sont, en effet, régulièrement victimes d'agressions verbales ou physiques. Depuis l'installation contestée d'une salle de shoot dans l'enceinte de l'hôpital, en 2016, le quartier attire du trafic, des violences et des toxicomanes. Les mesures de confinement n'arrangent pas la situation.

Une aide-soignante témoigne : « Avant, il y avait toujours du monde, maintenant [avec le confinement], on se sent vraiment seul. Et c'est vrai qu'on est facilement abordé pour avoir de l'argent ou des choses comme ça. On ne se sent pas en sécurité. » Sur France Info, un délégué syndical confirme : « J'ai une collègue de mon syndicat qui, elle, s'est fait cracher dessus lors d'un retour chez elle, elle était avec d'autres collègues, et leur état de soignant était clairement visé. » Ce type d'incident, qui existait déjà auparavant, a tendance à se multiplier, le confinement restreignant le nombre de passants qui vaquent à des occupations normales.

On ne sait si tous les agresseurs sont des drogués ou des individus mal intentionnés qui profitent de rues quasi désertes pour commettre leurs actes d'incivilité et de délinquance. Le fait est que la direction de l'hôpital a dû embaucher des gardes du corps et les mettre à la disposition des soignants pour les accompagner, entre 18 et 22 heures, jusqu'aux gares et stations de métro, toutes les vingt minutes. Une conséquence inattendue de la crise du coronavirus.

Inattendue ? Ne faut-il pas y voir, plutôt, un nouvel exemple de l'imprévoyance des autorités ? Le quartier était déjà connu pour les incidents liés à la toxicomanie et à ses trafics. Dès 2017, des commerçants, victimes de vols à répétition, avaient dû fermer leurs portes. D'autres, plus optimistes, estimaient que le trafic existait avant l'ouverture de la salle de shoot et que, si la situation ne s'est pas améliorée, elle ne s'est pas dégradée. Pas sûr que ces derniers aient subi des préjudices. Ou alors ils sont un peu masos.

Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse d'accros ou de simples délinquants, le confinement dévoile des aspects peu reluisants de notre société. Pas seulement autour de l'hôpital Lariboisière. Des personnels de santé témoignent, sur les réseaux sociaux, avoir reçu des avertissements pour le moins indélicats. Une infirmière lyonnaise raconte avoir trouvé le message d'un voisin, courageusement anonyme, lui enjoignant de quitter son appartement pour la santé de tout l'immeuble. Quant à l'Ordre des Pharmaciens, il a alerté l'opinion sur une forte hausse des agressions.

À côté des actes de bravoure souvent méconnus, à côté des manifestations de soutien aux personnels de santé auxquelles les chaînes de télévision donnent une large publicité, la crise du coronavirus réveille, chez une minorité, des instincts égoïstes, voire barbares, qui se déchaînent d'autant plus que les autorités semblent les minorer. Elle met en relief les maux de notre société ainsi que l'incapacité de nos gouvernants à assurer la sécurité sur l'ensemble du territoire. Un élément de plus dans la faillite de l'État !

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02 avril 2020 à 15:03

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