Les militants de Reconquête sont-ils des robots ?

C’est ce qu’affirme une enquête du Monde du 2 février reprise par Libération le lendemain. Les deux rédactions de gauche s’étonnent de la quantité de tweets repartagés chaque jour par des centaines de comptes de soutien à Éric Zemmour. Le Monde accuse Reconquête d’utiliser des programmes informatiques qui automatiseraient les retweets et les militants de gonfler artificiellement la présence du candidat sur les réseaux sociaux. Libération évoque « la stratégie dite d’astroturfing, terme américain qu’on pourrait ici traduire par “similitantisme” tant elle est artificielle ». Un joli néologisme partisan, en somme.

Un militant d’Eric Zemmour selon Le Monde. (1)

La réalité. (2) #JeNeSuisPasUnRobotEtJeSoutiensZemmour pic.twitter.com/dMtdapNCrE

— Stanislas Rigault (@stanislasrig) February 3, 2022

Contacté par Boulevard Voltaire, Samuel Lafont, directeur de la stratégie numérique d’Éric Zemmour, dément formellement et ironise : « Le Monde s’est ridiculisé. Ils ont voulu écrire un article pensant maîtriser le sujet alors que ce n’est pas le cas. Ils sont venus faire un reportage à charge et ont écrit des énormités. »

Et Samuel Lafont de préciser qu’ils n’ont pas de robots mais simplement « qu’il faut deux secondes pour retweeter », qu’ils ont « l'équipe la plus nombreuse consacrée au numérique dans une campagne en France », soit 1.400 personnes, « des gens très compétents et qui travaillent énormément ». Il rappelle que depuis mars 2021, il prépare cette campagne et qu’il n’a pris ni vacances ni week-ends. « Cela fait nécessairement une différence avec les autres qui ne tweetent pas assez ou n’ont pas suffisamment de contenus. » Et il ajoute : « Si on a besoin de robots, c’est qu’on n’a pas de militants et, dans ce cas, on passe à côté de la campagne. ».

Le Monde écrit, par ailleurs, que Samuel Lafont « assume » ces pratiques sur Twitter et qu’il « s’en félicite publiquement sur le site d’extrême droite Boulevard Voltaire ». De fait, dans un papier de Jean Bexon de novembre dernier, le communicant présentait son opération préparée à l’avance et réussie (20.000 tweets publiés en simultané sous le #LesFemmesAvecZemmour, en troisième position des tendances du réseau social). Pour lui, Le Monde « découvre le militantisme, il n’y a rien d’artificiel, c’est de la forte mobilisation ». Il fustige « l’analyse biaisée » du quotidien tandis que le parti est sur le point d’obtenir 100.000 adhérents en très peu de temps, les meetings sont pleins, la dynamique est réelle, au point que Les Républicains craignent même un vote caché pour Éric Zemmour.

Ce qui est vrai, en revanche, c’est que l’équipe de campagne a mis en place un nouvel outil numérique, et L’Opinion lui consacre un papier. L'Épervier est un système cartographique permettant de cibler les zones d’électeurs potentiels et optimiser ainsi les tractages.

#JeNeSuisPasUnRobotEtJeSoutiensZemmour , on va gagner 🇫🇷⚔️🙏 pic.twitter.com/5pbM892SAb

— Saint Remy de Provence 💉💉🥕 (@Saintremy496) February 3, 2022

Enfin, « pour mobiliser leur base militante, prouver à ceux qui en doutaient qu’ils étaient très nombreux et produire du contenu amusant », l’équipe a lancé sur Twitter le #JeNeSuisPasUnRobotEtJeSoutiensZemmour, il y a deux jours. Les militants ont dégainé, postant des robots, des photos d’eux avec une affiche ou le livre de leur candidat, tractant dans les rues ou posant à côté d’un représentant de Reconquête. À l'heure de publier ces lignes, le hashtag compte 66.402 tweets. Samuel Lafont conclut : « On ne remplacera jamais un être humain militant par un robot, jamais », n’en déplaise au Monde et à Libération.

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