Le CAC 40 est au plus haut depuis douze ans, à 5.889, le Dow Jones à 27.681, le NASDAQ à 8.474, le taux à dix ans sur la dette américaine est remonté à 1,936 %, vendredi dernier. Conclusion, selon les boursiers et les médias : continuez d’acheter des actions !

La vérité, c’est que l’on oublie les réalités, que tout est basé sur des « tweets » de Trump, des déclarations de la Fed ou de la BCE, en se moquant du cycle économique actuel record de douze ans, des taux réels de croissance pas très brillants, de la folle création monétaire, des effets des taux d’intérêt négatifs pour les banques et les compagnie d’assurance-vie, du super-endettement des États et des entreprises, des résultats réels des entreprises, des entreprises zombies en surnombre, des risques politiques et géopolitiques systémiques.

La vérité, c’est que les « QE » monétaires ont atteint leurs limites lorsqu’il s’agit de doper l’économie réelle. Leur seule fonction actuelle est d’empêcher l’effondrement des marchés actions et obligataires. Lors de la dernière réunion annuelle du FMI, Mervyn King, ancien président de la Banque d’Angleterre, a pu déclarer : « En adhérant à la nouvelle orthodoxie des politiques monétaires et en prétendant que nous avons rendu le système bancaire plus sûr, nous nous dirigeons tels des somnambules vers la prochaine crise. »

La Réserve fédérale (Fed) a dû, en fait, renoncer à augmenter ses taux et à réduire son bilan (« tapering ») car l’économie américaine ne le supporte pas. La marche arrière du « QE » de la Fed est en fait monstrueuse, car aux 60 milliards de dollars de rachats officiels mensuels programmés de bons du Trésor américain, il convient d’ajouter 165 milliards de dollars d’injections supplémentaires sur le marché monétaire du « Repo », soit, en fait, 225 milliards de dollars, à comparer aux 75 milliards de dollars de « QE » injectés, après la crise de 2008 ! Depuis le 4 septembre, le bilan de la Fed est passé de 3.759 à 4.019 milliards de dollars.

Suite à l’élection de Trump, la dette publique aux USA a augmenté de 3.000 milliards de dollars (baisse des impôts et hausse des dépenses militaires), avec un déficit public prévu, en 2020, de 1.000 milliards de dollars.

La vérité, c’est que la dette aux États-Unis, tout comme en Europe avec la France et l’Italie, n’est plus tenable ! Le monde est tombé dans le piège de la dette, des récessions à éviter car mortelles, et des banques centrales qui font grimper le cours des actifs pour prévenir la banqueroute des États incapables de payer des taux d’intérêt normaux. Le Système ne peut accepter un krach boursier et ne fait que repousser l' échéance en dévalorisant la monnaie, ce qui aboutira à un effondrement systémique.

Macron ne trouve rien de mieux que de s’attaquer au dogme budgétaire des 3 % et des 60 % de l’endettement par rapport au PIB en nous vantant les mérites de l’innovation et des investissements d’avenir sans s’attaquer aux dépenses publiques pour les financer. Raison pour laquelle les Allemands ne considèrent pas, à juste titre, les Français comme des gens sérieux avec, pour grave conséquence politique, le rejet de plus en plus grand de la France chez les députés CDU.

Il n’est pas certain que la politique de fuite en avant des banques centrales avec inflation des actifs et dévalorisation de la monnaie puisse continuer même aussi longtemps que durent les roses, car des agents économiques avertis pourraient subitement perdre confiance dans le Système et la monnaie avec, pour effet immédiat, un effondrement monétaire digne de l’Allemagne de 1923 en même temps qu’un krach financier et une crise économique pire qu’en 1929 ! Tel sera le juste prix à payer des réalités qui se vengent toujours un jour ! En économie, il n’est pas possible d’avoir le beurre et les canons, comme l’enseignait déjà feu le célèbre professeur américain Paul Samuelson avec, en prime, l’argent du beurre, comme en rêvent encore trop souvent nos contemporains !

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10 novembre 2019 à 10:13

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