Auteur du Mur de Berlin, histoire et chute, Marc Geoffroy revient, pour Boulevard Voltaire, sur les jours qui suivirent l'effondrement du mur.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, on boit, on chante, on rit, on se congratule à Berlin-Ouest. Des bistros offrent des hectolitres de bière. Des Berlinois euphoriques commencent à se jucher sur le mur qui divise la ville depuis 28 ans. Cet événement reste marqué dans l’histoire allemande sous le nom de Die Wende (« le tournant »). À quelques mètres de la célèbre porte de Brandebourg, le sommet du mur possède la caractéristique de ne pas être surmonté d’un tuyau « anti-prises » comme ailleurs. Il est plat et large de trois mètres.

Après l’ouverture, des Berlinois l’escaladent par centaines et des milliers de personnes font la fête au pied de la porte de Brandebourg. Ils sont les premiers Occidentaux à contempler le monument d’en dessous depuis bien longtemps. En l’absence d’ordres, les soldats restent confinés dans les casernes. À 3 heures du matin, environ 500 soldats et policiers forment un cordon et parviennent progressivement à refouler les fêtards. Au petit matin, la place est vide, même si le mur reste occupé.

Le vendredi 10, le ciel est bleu et le soleil radieux sur Berlin. L’Union soviétique n’a pas bronché. Gorbatchev se contente dorénavant d’appliquer la « doctrine Sinatra » en permettant aux pays du pacte de Varsovie de choisir leur voie. Cette dénomination ironique est une allusion à « My Way », la célèbre chanson du crooner américain.

À Berlin-Ouest, l’afflux populaire s’intensifie. Seules les personnes munies d’un visa peuvent dorénavant gagner Berlin-Ouest. Le tampon s’obtient très facilement et les contrôles sont rapides. La frontière est également ouverte entre la RFA et la RDA. La fête se poursuit tout le week-end pendant lequel les agents est-allemands accorderont quatre millions de visa. De nouveaux points de passage sont ouverts au bulldozer par les autorités est-allemandes afin de décongestionner les points de contrôle complètement submergés. Les gardes-frontières sont souriants et avenants.

Les événements s’enchaînent rapidement. La destruction du mur est décidée le 29 décembre 1989 et commence officiellement le 13 juin 1990. Seuls six segments commémoratifs seront préservés. Le 3 octobre 1990, Berlin retrouve son unité le même jour que celle de l’Allemagne tout entière. Une fois le mur démantelé, la bande géante séparant les deux secteurs de la ville est progressivement aménagée.

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10 novembre 2019 à 13:57

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