Les bouquinistes, premiers vainqueurs des JO 2024
Emmanuel Macron l’a annoncé ce 13 février : les boîtes des bouquinistes qui sont sur le parcours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques ne seront finalement pas démontées. Pour lui, « il s'agit d'un patrimoine vivant de la capitale » auquel il ne faut pas toucher. Il aura fallu la parole présidentielle pour mettre fin à l’entêtement du préfet de police Laurent Nuñez et à l’hypocrisie d’une Anne Hidalgo qui disait soutenir les bouquinistes… tout en acceptant le démontage des historiques boîtes vertes.
BV avait interrogé Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, au début de l’affaire, puis lorsqu’un test d’enlèvement des boîtes avait été effectué. Aujourd’hui, il nous fait part de son « soulagement » et de son « émotion ». « J’avais envoyé mes vœux à M. Macron et il m’avait répondu très gentiment : "Cher président, comptez sur moi". Donc, nous avions un espoir. Mais la surprise est belle tout de même. »
La « gratitude » des bouquinistes est acquise au président de la République. « C’est une forme de reconnaissance de ce que nous sommes en effet, un patrimoine vivant. Dans une société toujours plus déshumanisée, nous sommes des gens de contact, de conversation. » Le combat a payé : « On va pouvoir dormir après sept mois de très mauvaises nuits. » La mobilisation aussi. Le président des bouquinistes tient à remercier les médias qui ont relayé leurs revendications, dont BV : « Vous nous avez bien soutenus ! »
La menace d’une action judiciaire
La préfecture de Paris s’appuyait sur l’article L226-1 du Code de la sécurité intérieure pour exiger l’enlèvement des boîtes à livres. Or, cet article n’a pas été abrogé et le risque terroriste n’a pas diminué (au contraire). Alors qu’est-ce qui a changé ? Est-ce que Macron a voulu, en vue des municipales 2026, ménager l’image du macronisme dans la capitale ? Selon Jérôme Calais, Rachida Dati a probablement plaidé leur cause. C’est cela, qu’on demande à notre ministre de la Culture, plutôt que de s'afficher sur de douteuses scènes du rap !
Je remercie le Président de la République d'avoir entendu les arguments des #bouquinistes et leurs demandes en vue des #JOP2024, soutenues depuis l’origine par l’ensemble des élus de @gpechangerparis, en particulier @BirabenAnne, @jp_lecoq et @aurelien_veron.… pic.twitter.com/dzDbY8jDNp
— Rachida Dati ن (@datirachida) February 13, 2024
« De notre côté, ajoute M. Callais, devant l’immobilisme des pouvoirs publics, nous allions passer au contentieux. Cela ne nous amusait pas, nous préférons le dialogue à l’action en justice. Le Président a choisi la concorde. » Une action judiciaire des bouquinistes contre la préfecture de Paris leur aurait encore davantage attiré la faveur du public.
Quid de la cérémonie d’ouverture?
Il se dit aussi que les autorités auraient pris la décision de ne pas maintenir la cérémonie sur la Seine. « Franchement, je n’ai pas d’idée là-dessus », nous dit Jérôme Calais. Dans les faits, « la plus grande cérémonie olympique au monde » se rétrécit façon peau de chagrin. En octobre 2021, la ville voulait un rassemblement de 2 millions de personnes en bord de quais ; la jauge est à 320.000, actuellement. Fin décembre, Macron a évoqué l’existence d’un plan B, d’un plan C… - plan D : un tour en pédalo sur le lac Daumesnil ? Tout récemment, on s’est inquiété de la sécurité des balcons. Maintenant, les bouquinistes restent sur les quais. On voudrait préparer les esprits en douceur qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Tant que le plan A est de rigueur, « le rôle du préfet de police et de ses équipes va être de dresser un protocole du déminage et de l'emballage des boîtes de livres, rappelle Jérôme Callais. C’était la proposition initiale de la mairie en juillet dernier, avant l’intervention de la préfecture de police, et c’est ce que nous voulions : on ne bouge pas les boîtes. » Quoi qu’il advienne de la cérémonie d’ouverture, la première victoire des Jeux olympiques - catégorie pot de terre contre pot de fer - a été remportée par les bouquinistes, sur décision de l’arbitre.
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Samuel Martin
Journaliste
28 commentaires
Attention au « en même temps » !
Quelle idée aussi de faire des ouvertures de jeux sur la Seine tout cela est bien compliqué
Un bonne décision d’Emmanuel Macron, les bouquinistes font partie du patrimoine intemporel de la capitale. Je sais bien que balayer fait partie des menus plaisirs de certains saboteurs de notre histoire mais la décision du président remet un peu les pendules à l’heure. On n’en attendait pas moins du maître des horloges.
Ouf pour nos bouquinistes. Notre Président partirait-il à la collecte de voix pour les différentes échéances électorales qui arrivent ? Mais bon……….
Mieux vaut tard que jamais n’est-ce-pas…et puis quelle aubaine pour une gouvernance à la dérive.
J’espère que les fameuses « boîtes » ne seront pas la proie de tireurs embusqués, ces Jeux s’annonçant sous de bien sinistres auspices.
Eh oui… les boîtes, elle sont en bois, et les bouquins, ils sont en papier. Et c’est combustible, tout ça…
Nous avons tous compris, hélas…….
Bien d’accord avec vous…
Je pense qu’il y aurait autre chose à virer que les boites des bouquinistes pour « dégager » PARIS !!! Je ne dirai pas qui ou quoi car je n’échapperais pas à la censure !!!!
Ne sommes-nous pas au pays de la liberté d’expression? Pardon, j’aurais dû employer l’imparfait.
Bon… j’ai dit plein de bêtises, mais ça ne m’empêchera pas de voter le 9 Juin et après, si je suis encore parmi vous…!