Les annonces pour les gilets jaunes vont coûter 17 milliards

Bruno Le Maire

M. Macron a beaucoup cédé devant les gilets jaunes. Pourtant, la crise joue les prolongations. Selon M. Le Maire, ministre de l’Économie, la facture s’élèvera à 17 milliards en incluant les annonces de décembre et celles qui ont suivi la fin du ridicule grand débat, exercice purement démagogique où des dizaines de milliers de personnes se sont exprimées sans que le pouvoir en tienne compte.

Le gouvernement communique sur ce montant astronomique des dépenses car les mesures ont déçu et semblent insuffisantes aux yeux de nombreux Français. Ainsi, il indique qu’il est allé au bout des concessions qu’il pouvait faire et que ses cadeaux sont substantiels.

Rappelons les mesures prises : l’augmentation de la prime d’activité pour les smicards, en principe de 75 euros par personne, en réalité souvent moins, les heures supplémentaires qui ne seront plus prises en compte pour les impôts mais resteront soumises à la CSG et à la CRDS. La prime de fin d’année versée au bon vouloir des entreprises, d'un montant moyen de 532 € entièrement défiscalisé. Elle vient d’être pérennisée pour 2019, mais ne concerne pas les fonctionnaires, l’État étant incapable de faire le moindre geste. Côté seniors, nous avons l’abaissement de la CSG pour les pensions de moins de 2.000 € par mois et la revalorisation de celles-ci au niveau de l’inflation dès 2020 au lieu de 2021. Dans ces deux cas, il s’agit d’une spoliation qui, finalement, n’aura pas lieu, ce qui limite la portée morale du geste. Une pension de retraite ne pourra plus être inférieure à 1.000 € (mesure évaluée à plusieurs centaines de millions d’euros). Enfin, l’impôt sur le revenu va baisser de 10 % environ pour les 14 millions de contribuables qui ne dépassent pas la tranche de 14 %, et de 2 % pour les 4,5 millions qui atteignent 30 % (une aumône humiliante).

Chaque Français ne peut bénéficier que d’un, voire de deux « cadeaux ». Un smicard n’est concerné que par l’augmentation de la prime d’activité et par l’éventuelle prime de fin d’année. Comme il ne paye pas d’impôts, le reste ne le concerne pas. Il pourra, néanmoins, toucher jusqu’à 1.500 € de plus, ce qui n’est pas rien. Les autres Français seront nettement moins avantagés.

Le problème du financement de ces cadeaux est insoluble. Un État bien gouverné taillerait d’autant dans la dépense. Mais ce pouvoir ne fera rien. Il n’a même pas le courage politique de faire baisser les effectifs pléthoriques de la fonction publique ! Il ne fera que des coupes cosmétiques dans le budget, voire une forme de cavalerie budgétaire. Il laissera filer le déficit. Ce dernier va dépasser les 3 % du PIB et on ne pourra financer, au mieux, par cette méthode, que huit milliards. Pour le reste, on augmentera les impôts sans en avoir l’air. En effet, le pouvoir risque d’être contraint de supprimer les taux de TVA réduits sur la restauration et les travaux à domicile, car les autres niches fiscales sont trop bien gardées. Ceux qui vont deux fois au restaurant par mois et font 1.000 euros de travaux par an paieront alors 200 euros de plus de TVA - entre la moitié et le tiers de ce qu’ils auront reçu.

Le gouvernement vient d’être contraint de privilégier une politique de la demande. Celle-ci est toujours coûteuse et incertaine : elle creuse le déficit, relance à peine la croissance car ce sont les importations qui en profitent le plus et, pour finir, amène l’austérité. L'anémique 0,3 % de croissance au premier trimestre confirme ce sombre diagnostic.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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