Légion d’honneur : une dernière pour la route

Legion-d-honneur

La dernière promotion de la Légion d’honneur, signée de François Hollande, a été publiée le jour de Pâques. Une dernière pour la route ! Rappelons que le Président, grand maître de notre premier ordre national, signe trois décrets dans l’année portant promotion pour les civils : le jour de l’An, à Pâques et le 14 Juillet. Les militaires d’active, quant à eux, ne peuvent être promus qu’une fois l’an : le jour de la fête nationale.

La publication de cette liste – un marronnier bien pratique pour la presse durant le long week-end pascal - est traditionnellement l’occasion de débats sans fin qui peuvent animer tant le comptoir des cafés que les salons du VIIe arrondissement.
- Pourquoi lui et pas moi ?
- Franchement, on la donne vraiment à n’importe qui, aujourd’hui !
- Peut-être, mais n’importe qui ne l’a pas. À peine 100.000 Français en sont décorés…
- Moi, en tout cas, si on m’la propose, j’la refuse !
- Mais on ne te l’a pas proposée, coco…

Cette Légion d’honneur qui a fait et fait encore tant couler d’encre rouge mais aussi dérouler des kilomètres de pellicule au cinéma ! Comme dans Fantômas, où l’on voit le commissaire Juve (Louis de Funès) recevoir le ruban rouge des mains d’un ministre faisant l’éloge de la médiocrité du policier : "Un petit fonctionnaire, ne payant pas de mine, un Français moyen, banal, d’apparence insignifiante, se dresse brusquement devant l’ennemi et le boute jusqu’à sa tanière..."

Louis de Funès, encore, dans le film Hibernatus, campe un Hubert de Tartas qui n’en croit pas ses yeux de voir la plupart des invités d’un cocktail arborer la rosette rouge. Même le serveur (Paul Préboist) porte à la boutonnière de sa veste blanche ce « pin's » tant désiré ! Agacé, M. de Tartas interpelle l'une de ses relations bien placées (Jacques Legras) : "Quand l’aurai-je ?
- J’en ai parlé en haut lieu. C’est imminent."

Mais venons-en à cette promotion pascale 2017. Rien de bien surprenant, à bien y regarder. Laurent Fabius, qui était grand-croix de l’ordre national du Mérite, depuis 1985, en tant que Premier ministre, est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur. À celui qui fit la sieste durant quatre ans au Quai d’Orsay, il manquait ce rouge à la boutonnière. In extremis, la « Fraise des bois » a dû s’en souvenir. Sans rancune, donc.

Côté spectacle - nous ne pouvons nommer tout le monde, faute de place -, notons tout de même l’incontournable Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond-Point, haut lieu de la résistance anti-FN, nommé officier (la fameuse rosette). L’intéressé – si j’ose dire – avait soutenu activement François Hollande en 2011, lors de la primaire de la gauche. En novembre 2016, il cosignait, avec de nombreuses personnalités du « monde de la culture », une tribune dans le JDD contre le fameux « Hollande bashing ». En 2005, il avait mis en scène une pièce intitulée Sans ascenseur. Alors, peut-être une idée de titre pour son prochain spectacle : Retour d’ascenseur...

Enfin, notons que la chiraquie profite des largesses hollandaises à l’occasion de cette dernière pour la route. Claude Chirac est nommée chevalier et l’homme d’affaires François Pinault est élevé à la dignité de grand-croix, la plus haute distinction que l’on puisse recevoir de la République.

Dans moins de quatre semaines, le 33e grand maître de la Légion d’honneur sera investi. C’est imminent !

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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