L’écologie : naturellement, une valeur de droite !

chasse

L'association « animaliste » L214 a récemment diffusé une vidéo dévoilant des expérimentations, dans le département de la Sarthe, consistant à perforer le flanc de vaches par un trou fermé par un clapet. Cette pratique vise à avoir un accès direct à l'estomac de la bête pour y tester l'alimentation et augmenter la productivité de l'élevage.

Au-delà du caractère répugnant de cette alliance entre la technologie et la vie est soulevé le problème entre ce que l'on appellera rapidement la « droite » et la conception de ce que l'on nommera, là aussi en raccourci, l'« écologie ». Car, tout comme l’école, la culture, l'art, souvent certaines questions sociétales, l'initiative a été laissée à la gauche, avec les conséquences que nous constatons, la droite, souvent, se contentant d'avaliser le fait accompli et de le gérer comme s'il était sien.

Or, si l'on occulte les caricatures de l'écolo-gauchiste sale et délirant, image stéréotypée, le rapport entre la nature et l'homme, et, singulièrement, entre lui et l'animal, concerne directement et, dira-t-on, brutalement, les valeurs traditionnelles de la droite.

Il faudrait commencer par la chasse, qui traduit et transmet des traditions cynégétiques, culturelles, historiques, mais aussi sociales et morales, d'une incroyable richesse. Mais quel rapport avec l'expérimentation des hublots ?

Plus largement, la pensée de droite originelle, d'inspiration catholique (par exemple le baron Eckstein), celle qui s'opposait à la Révolution de 1789, pourfendait la modernité fondée sur le culte du profit, l'individualisme rationalisant et l'utilitarisme industriel et commercial. Elle y voyait une agression contre la dignité humaine.

La question animale est polluée par l'argument progressiste. On a, à la suite de Descartes, et contrairement aux siècles antérieurs au baroque, considéré l'existence des bêtes comme un mécanisme sans âme, et l'expérimentation sur elles, depuis le triomphe de la science et de l'industrie, a sacrifié sur l'autel de l'avenir, dans des conditions abominables, des millions de vies.

Nous sommes entrés dans l'ère du Docteur Moreau, roman génial d'H.G. Wells, qu'il écrivit à la fin du XIXe siècle. Tout y est : le transhumanisme, les greffes, les prothèses, la révolte des monstres contre leur créateur.

Les valeurs de droite se fondent sur la certitude qu'il existe une harmonie éternelle entre la nature, qui n'est pas un « concept » que les progressistes tendent à relativiser, et derrière laquelle, pour certains d'entre eux, se devine l'action de Dieu, et la société, qui doit, pour se pérenniser, adopter un esprit de mesure. Rien de trop, disaient les Grecs, qui ont mis en garde, dans leurs mythes, contre les expérimentations techniques excessives. Voyez Icare.

Maintenant que la vie elle-même est attaquée par la technique dans la plus petite de ses parcelles, qu'on insulte la nature en la niant, qu'on mélange ce qui était naturellement séparé, qu'on universalise, sans aucun scrupule, les pratiques techno-scientifiques (et il faut faire la part des lobbys) qui dénaturent le monde, qu'on ne jure que par la croissance sans limite sur une Terre limitée, il faudrait rappeler le mot sublime de Rabelais, dans Pantagruel : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. »

Claude Bourrinet
Claude Bourrinet
Professeur de Lettres

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