Le Suppléant, le livre du Prince Harry : un personnage décadent, réplique inversée de Kate Middleton

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La presse britannique a lu les « bonnes feuilles » du Suppléant (Spare, en VO), le livre du prince Harry, duc de Sussex, qui a été tiré à 200.000 exemplaires. En anglais, le mot spare peut désigner un remplaçant ou même une pièce de rechange. C'est ainsi, paraît-il, que l'actuel roi Charles III aurait qualifié son fils cadet auprès de la princesse Diana lors de sa naissance. Ce n'est certes pas très gentil, mais cela méritait-il un ouvrage de déballage, impudique et même assez indécent, tout à fait dans le goût américain ? Harry et Meghan, désormais installés aux États-Unis, sacrifiant à tous les totems politiquement corrects du jour, avaient déjà donné, en mars 2021, une interview à Oprah Winfrey, papesse de la télé-confession lacrymale outre-Atlantique. On connaît l'exercice, navrant, à base de « Oh my God », « So sad », hochements de tête compatissants et câlins réconfortants.

On apprendra, dans Spare, que c'est William qui a suggéré à son petit frère de se déguiser en nazi pour un bal costumé, qu'il a perdu sa virginité derrière un pub avec une femme plus âgée, qu'il a consommé de la cocaïne à 17 ans au cours d'une partie de chasse, qu'il a tué 25 talibans en Afghanistan ou encore qu'il est entré en contact avec sa défunte mère par l'intermédiaire d'un médium. Bon. Il n'y a rien de fracassant là-dedans, étant donné la vie, bien documentée désormais, notamment par la série The Crown, des Windsor qui l'ont précédé. Les frasques du prince Harry n'ont pas beaucoup d'intérêt - pas davantage que la scène (ridicule) d'altercation entre lui et son frère, désormais prince de Galles, au cours de laquelle, poussé par William, il se serait éraflé le crâne en tombant sur la gamelle du chien. Consternant. On notera que toutes ces anecdotes, à l'exception du costume de nazi peut-être, auraient pu venir de la working class britannique la plus populaire.

La presse d'outre-Manche n'est pas tendre avec ce livre, que l'écrivain A. N. Wilson qualifie d'« œuvre de malignité » au contenu « méprisable ». Pour le Sun, le fait d'avoir été orphelin de mère dans des circonstances tragiques ne « justifie pas le chemin de vengeance destructrice qu'il a choisi d'emprunter : jeter sa famille sous un bus pour quelques millions de dollars ». Pour l'éditorialiste Gaby Hinsliff, du Guardian, le livre n'est plus seulement un document « d'un intérêt public peu convaincant » mais un « lavage de linge sale » en public. La seconde famille du prince, l'armée, où il a servi avec courage autrefois, le désavoue également au sujet de ses révélations afghanes : ce livre est « une tragique escroquerie à but lucratif », juge le colonel (e.r.) Tim Collins, qui ajoute : « Ce n'est pas ainsi que l'on se comporte dans l'armée. » Les temps glorieux du never complain, never explain (« ne jamais se plaindre, ne jamais se justifier ») dont la feue reine Élisabeth II fut l'incarnation héroïque, semblent donc toujours d'actualité dans les forces armées... bien plus que chez le cadet de la famille royale.

Le comportement, totalement à l'opposé de ce noble stoïcisme, adopté par le prince Harry (toujours se plaindre, toujours se justifier) pose au moins deux questions. La première est celle de la survie de l'éducation royale quand on transplante ses membres. Harry, vivant aux États-Unis avec une actrice de second rang divorcée, converti au wokisme par sa femme (auprès de qui il dit avoir pris conscience de son « privilège blanc ») et défenseur du climat (entre deux trajets en jet privé, comme il sied), peut-il rester prince dans un environnement aux antipodes de son éducation ? Le sang royal suffit-il ? À l'inverse de cette décadence, la duchesse de Cambridge, née Kate Middleton, vient d'une famille modeste et se comporte, sans un seul faux pas, comme une princesse du plus vieux sang européen.

La deuxième question, plus profonde peut-être, est celle de la complémentarité d'un couple. Dans l'idéal, chacun devrait apporter à l'autre ce qui lui manque. Chacun devrait peu à peu se modeler sur l'autre, comme ces vieux couples touchants qui finissent même par se ressembler physiquement. Qu'apporte Harry à Meghan, à part un titre et de l'argent ? Lui a-t-il donné les codes de son propre milieu ? L'a-t-il patiemment fait entrer dans les cours européennes ? Pas du tout. C'est lui qui est devenu une starlette américaine comme les autres, avec son narcissisme obscène, ses combats clichés, sa fragilité morale et mentale, son discours stupide et convenu. Meghan lui a donné tout cela et lui a même fait quitter son père et sa belle-mère, comme dit presque l'Évangile. Ce déséquilibre lui convient peut-être, mais il ne plaide pas en faveur de la survie de l'homme occidental.

Bien sûr, Spare se vendra bien. Les mêmes gens qui ralentissent sur l'autoroute pour contempler les accidents achèteront à bon prix ce carambolage royal. Harry donnera un peu de cet argent à une fondation quelconque ou à Greta Thunberg. Il sera pour son frère ce que la princesse Margaret fut pour la reine, ce que le duc de Windsor fut pour le roi George VI : un vilain petit canard, persuadé de faire bouger les lignes, dévoré par l'aigreur et la vanité, qui finira dans l'oubli.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/01/2023 à 9:28.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

61 commentaires

  1. Pauvre Harry!
    Chaque mortel ,ici -bas ,doit renoncer à un nombre incalculable de choses qu’il aurait aimé avoir ,
    Lui ,c’est un peu spécial ,c’est une couronne et la galette qui va avec qui lui passent sous le nez.
    C’estpojuste…
    Il va être obligé de faire comme son grand- père ,garder jusqu’au bout la nana qui l’a choisi,quoi qu »il en coûte ..
    Heureusement qu’il ne s’est pas replié sur la France ,ils entendrait toutes les cinq minutes«vive la république»

  2. Il est devenu aujourd’hui un pur produit de la sous-culture, un décadent de première, un wokiste, un pauvre type manipulé par sa divorcée.
    J’espère que son torchon fera un flop monumental et que la famille royale va finaliser ce que la Grande Reine Élizabeth avait commencer : le déchoir de tout ses titre et qu’il ne soit plus qu’un simple états-uniens errant
    J’admire par contre la classe de son frère William et sa délicieuse épouse Kate

  3. Harry décadent par rapport à Kate Middleton ? Elle -même n’est-elle pas décadente, Pas un seul faux pas? Mais selon quels critères? la monarchie n’est-elle pas désuète et décadente ? Qu’est-ce qu’elle apporte au monde à part cet apparat , cette gloriole dorée? Ces gens n’ont jamais été élus !
    Une proportion non négligeable d’Anglais ne veut plus en entendre parler. Une bonne moitié d’Anglais sont pour la suppression de la monarchie, et on voudrait être plus royaliste qu’eux?
    Les tabloïds sont d’un racisme ignoble, la jeune duchesse peut en parler.
    Le Commonwealth va se déliter, l’Ecosse veut l’indépendance, Charles III sera le roi d’opérette d’un tout petit pays.
    On peut s’intéresser à cette famille pour en rire. C’est Dallas.
    Harry veut faire sa vie aux US ? et alors?
    Il veut exploiter le filon? et alors?
    Impudeur, indécence? et alors ?

    • « La monarchie n’est-elle pas désuète et décadente ? » À voir le succès en France des obsèques d’Élisabeth II, on ne dirait pas. Et à voir les pompes « républicaines »- genre haie d’honneur de la Garde à chaque session du parlement, privilèges des anciens présidents et de toute la haute administration nouvelle noblesse-, on mesure surtout à quel point les Français se sentent orphelins d’un monarque…

      • Les pompes « républicaines » nous coûtent une fortune et n’ont aucun intérêt, juste pour l’ego des politiques.
        Ce sont des privilèges que les Français n’ont jamais demandés.
        On s’intéresse à la monarchie…des autres, celle qui ne nous coûte rien.

  4. La remarque concernant Margaret est discutable. Empêchée d’épouser celui qu’elle aimait, sa vie a été changée. N’aurait-elle pas été différente si la famille royale avait accepté Townsend ?

    • Empêchée, Margaret ? Elle pouvait épouser Townsend à condition de renoncer à ses titres et privilèges. On va dire qu’entre l’amour et les honneurs, elle a choisi.

  5. Moi je ralenti à l’approche d’un accident non pas par voyeurisme, mais pour éviter un suraccident. Ce n’est pas pour cela que j’achèterai le torchon d’écriture d’un enfant gâté et très mal éduqué.

    • Vous avez raison pour le ralentissement de prudence, mais vous avez tord pour la  » mauvaise éducation » du  » spare » !
      Il a reçu les même préceptes que son frère, mais il est nettement moins bien équipé coté neurones et à l’évidence largement plus fragilisé aussi, que son frère par la perte maternelle , il était plus jeune, et sans doute trop jeune pour vivre cette épreuve de la manière dont il a du la vivre ( never complain never explain !) –
      Maintenant il est à la botte de son épouse au fort caractère et aux ambitions démesurées… ceci explique en partie cela…

  6. Comme le dit Merdalors :  » on en vient à se demander avec qui sainte Diana a eu ce pauvre type  » .
    Et Ami 78 de renchérir :  » le sang royal suffit-il ? À sa décharge , en a-t-il seulement ! »
    Réponse , connue de tous les britanniques , y compris de Charles lui-même : Le géniteur de ce  » prince  » est le professeur d’équitation de sainte Diana , James Hewitt !! La comparaison ne laisse aucun doute !
    De Steiner Yolande :  » il doit être déchu de ses titres et déshérité par le roi  » ?
    Sans aucun doute , et une des premières tâches du roi Charles et du futur roi William sera probablement de lui fermer constitutionnellement l’accès au pouvoir !

    • Adam, que voulez vous dire en écrivant  » une des premières tâches du roi Charles et futur roi William sera probablement de lui fermer constitutionnellement l’accès au pouvoir !  » Voulez-vous dire qu’ils lui interdisent l’accès au trône ? Rassurez-vous, si c’est ça, il n’y a aucune crainte, car dans la hiérarchie, il passe derrière les enfants de William.

  7. Un individu pas très reluisant, peu intéressant, américanisé, wokisé, mondialisé, climatisé, planétisé, tout ce que j’aime quoi ! A côté de son frère et de sa digne et belle épouse, parcours sans faute et belle famille, le Sussexe made in USA ne vaut pas la peine de s’intéresser à ce qu’il raconte, sauf pour le presse de bas niveau, people, idiote…

  8. Encore une fois : Merci Monsieur Florac pour la justesse de votre vision associée à la limpidité de votre écriture .

  9. Leur nickname en Grande-Bretagne est « Duc and Duchess of Woke », ou encore « Duc and Duchess of Netflix » !
    Autre histoire qui court, le couple Harry et Megan, ou la répétition de l’abdication de Edward VIII pour sa roturière américaine parvenue Wallis Simpson.
    History repeated, Harry, pourtant auréolé de ses faits d’armes loins d’être négligeables en Afghanistan, a tout perdu aux yeux d’une très grande majorité des britanniques, pour une roturière américaine parvenue.

  10. Digne fils de sa mère qui n’a pas craint de mettre en danger la couronne pour attirer l’attention sur sa vie privée comme une petite bourgeoise ordinaire. Le jeune prince se conduit en héritier jaloux et envieux et libère sa riche nature peu en accord avec ses origines. S’ils se conduisent comme nous ils ne méritent pas leur place.
    «  noblesse oblige » disait – on autrefois.

  11. Excellent article où tout est dit et bien résumé Mr Florac. C’est bien une tragédie à but lucratif et à la mode américaine, inspiré sans doute par sa tendre moitié. Rien n’est sincère et authentique chez ce pitoyable couple, à déballer le linge sale en public pour espérer célébrité et plus de pognon. La seule chose qui m’a fait rire est qu’il est tombé sur la gamelle du chien, un destin de de dysneyland. Lui qui se veut calife à la place du calife, son aigreur se voit.

  12. On peut penser ce que l’on veut mais apprendre, enfant, que sa mère n’ été choisie par la famille (royale) que pour servir de jument poulinière alors que l’étalon royal s’envoyait en l’air avec une autre depuis longtemps ça ne doit pas être simple à assumer

  13. Harry et sa femme forment un couple lamentable et indécent. Ils recherchent le profit par tous les moyens. Que Meghan, actrice ratée, puisse se penser duchesse, c’est grotesque et comique.

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