Le médecin est-il encore « non substituable » ?
Depuis le 1er janvier, les règles définissant la délivrance de médicaments génériques ont changé. Jusque-là, les pharmaciens pouvaient substituer un médicament générique à celui prescrit sur l'ordonnance, sauf si le médecin notait « non substituable », afin que le pharmacien délivre le médicament original et non un générique.
Désormais, le médecin aura toujours le droit de mentionner « non substituable » à la suite d'un médicament princeps, mais il devra justifier cette mention en précisant la raison médicale à l'origine de cette décision afin d'être conforme aux critères prévus par l'arrêté du 12 novembre 2019.
Ces critères sont au nombre de trois. Il y aura donc, désormais, les médicaments « non substituables MTE » (médicament à marge thérapeutique étroite) pour quelques médicaments comme le Lévothyrox™, pour lequel la généralisation du générique avait entraîné des troubles ; les « médicaments non substituables EFG » qui concernent les médicaments dont le générique ne possède pas de forme pédiatrique adaptée à l’âge de l’enfant ; enfin, les médicaments dont le générique possède un excipient pour lequel le malade présente une contre-indication qui devront être signalés par la mention « non substituable CIF ». Si le médecin ne se conforme pas à cette nouvelle réglementation (très stricte), le pharmacien délivrera automatiquement le générique et pratiquera le tiers payant. Si le malade refuse cette substitution, il devra faire l'avance du prix du médicament, qui lui sera remboursé par la suite sur la base du prix du générique.
À partir du moment où on veut favoriser l'utilisation des médicaments génériques, ces mesures, pour administratives et coercitives qu'elle soient, peuvent s'admettre. Mais l'usage de médicaments génériques n'est pas toujours signe d'économie. Il peut même arriver que, parfois, certains médicaments soient moins chers en présentation originale qu'en présentation générique ; hélas, lorsque la Sécurité sociale et les pouvoirs publics sont incapables d'affirmer leur autorité pour réglementer le prix des médicaments, il devient logique qu'ils agissent par la bande et demandent aux médecins et aux pharmaciens de jouer pour eux le rôle de gendarme !
Cependant, plutôt qu’accumuler les réglementations et les contraintes administratives qui nuisent au travail des praticiens, il serait peut-être temps de revenir à des notions plus simples et de redéfinir les rôles. Celui du médecin est d’effectuer un diagnostic et, en fonction de celui-ci, de déterminer le meilleur traitement possible. Celui du pharmacien est de délivrer le médicament contenant la molécule active selon la galénique prescrite pour la durée du traitement.
Alors, plutôt que s'encombrer l'esprit avec des tas de spécialités qui proposent la même molécule sous des noms divers, à des prix variant parfois presque du simple au double, ne serait-il pas plus logique de prescrire le nom de la molécule active, la forme de la galénique désirée et la durée du traitement en prescrivant, par exemple, « paracétamol 500 mg, 3 gélules par jour pendant 5 jours », plutôt que d’indiquer le nom commercial du médicament. Ce serait alors au pharmacien de délivrer le médicament à la dose et selon la galénique prescrites, ainsi que le nombre exact de gélules nécessaires à la durée du traitement.
Mais cela impliquerait également que tout produit identique soit vendu au même prix (au mg ou au gramme) ce qui est loin d'être le cas actuellement...
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