Le bouc émissaire non vacciné doit-il expier les échecs électoraux du Président Macron ?

bouc émissaire

Les déclarations d’Emmanuel Macron concernant les non-vaccinés (« J’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout »), publiées dans Le Parisien du 5 janvier, ont été abondamment commentées. On a moins prêté attention à la phrase suivante : « C’est ça, la stratégie. » Pourtant, cette stratégie, dont le but est principalement électoral, est déployée depuis six mois.

Le 11 juin 2021, Olivier Véran proclame son « opposition de principe à l’usage d’un passe sanitaire pour des activités de la vie courante telles que manger au restaurant ». Pourtant, à peine un mois plus tard, le ton change. Le 12 juillet, Macron annonce que le passe sera d’abord élargi aux lieux et événements sportifs, culturels ou de loisir accueillant au moins 50 personnes, puis, à partir du mois d’août, aux cafés, restaurants, centre commerciaux (qui en seront finalement exemptés), hôpitaux (sauf urgence), maisons de retraite et établissements médicaux-sociaux, ainsi qu’aux transports en commun pour les trajets de longue distance. La vaccination sera également exigée pour continuer à exercer certaines professions.

Autrement dit, ce que Véran affirmait inenvisageable un mois plus tôt devient la règle. Un chantage d’État se met en place, menaçant une partie des Français, alors nombreuse, de ne plus pouvoir accéder à des activités courantes. Que s’est-il passé, entre le 11 juin et le 12 juillet, qui puisse expliquer une évolution aussi rapide ?

Certes, les contaminations par le variant Delta, apparu en France au mois d’avril, s'étaient multipliées. Le 19 juillet, on relèvera 18.000 nouvelles contaminations (rien de comparable avec les quelque 300.000 contaminations quotidiennes par le variant Omicron, en janvier 2022). Toutefois, Gabriel Attal avait annoncé, dès le 23 juin, qu’il représentait entre 9 et 10 % des nouveaux cas positifs.

Et par ailleurs, le parti du Président vient de subir une énorme déculottée aux élections départementales et régionales des 20 et 27 juin. À l’échelle nationale, il n’a pas obtenu plus de 9 % des suffrages exprimés, ce qui ne représente que 3,5 % des inscrits, si l’on prend en compte l’abstention. Cette débâcle de sa majorité, dont les sondages publiés n’avaient pas prévu l’ampleur (mais l’on peut penser que le ministère de l’Intérieur était mieux informé), est évidemment une gifle pour Emmanuel Macron. L’annonce de l’extension du passe sanitaire intervient quinze jours après cet échec cuisant. Politiquement, il présente plusieurs avantages : il permet au président de la République de tourner la page de ces élections en donnant aux médias un nouvel os à ronger, bien plus appétissant ; de se présenter en sauveur aux yeux des électeurs inquiets de l’apparition du nouveau variant (en particulier la partie la plus âgée de la population, vivier d’électeurs pour Emmanuel Macron) ; de diviser les Français et d’opposer au camp du bien un camp du mal : les mauvais Français non-vaccinés – boucs émissaires auxquels on fera porter les conséquences de la politique de santé désastreuse conduite depuis des années par l’État, et à laquelle a concouru le premier ministre Jean Castex. Ne s’ajoutait-il pas, à ces calculs politiciens, une envie de se venger des Français qui venaient de lui infliger cette humiliation électorale ? Ce trépignement de vieil enfant gâté correspondrait bien au tempérament de Macron – en tout cas, à ce qu’il en a montré jusqu’à présent. À rapprocher de l’expression « J’ai très envie… ».

Ses déclarations sur son désir d’emmerder les non-vaccinés s’inscrivent donc dans la continuité de la stratégie qu’il développe depuis six mois. Elles en constituent – pour l’instant ? – le point d’orgue, comme le passe vaccinal surclasse le passe sanitaire dans l’ordre de l’abus de pouvoir, mais elles procèdent de la même politique d’intimidation, insultante et discriminatoire. Le degré de l’insulte change, mais pas sa nature. Un comble, si l’on se souvient qu’en 2017, cet esbroufeur se piquait d’interdire à ses militants de siffler dans ses meetings les noms de ses adversaires politiques !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 14/01/2022 à 0:38.
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Éric Letty
Journaliste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Qui sont les véritables dangereux égoïstes? Les non « vaccinés » négatifs faisant régulièrement des auto tests ou des triplement « vaccinés » qui se croyant à l’abri, ne font jamais de tests et risquent de contaminer tout le monde s’ils étaient positifs? Les autres, ils n’en n’ont rien à faire puisque EUX sont protégés!

  2. Le virus a du bon pour le gouvernement.
    On ne parle plus que de ça. Les mesures liberticides et ubuesques vont bon train.
    Ainsi on soumet le peuple par la peur.
    Comment faire confiance à des politiques qui disent tout et son contraire.
    Ils pensent être les propriétaires de la France, ils pensent être dans la raison, ils pensent tout savoir, ils ne savent pas qu ils sont des amateurs en gestion de notre nation.

  3. Vu à la télé, pendant les infos il y a une huitaine de jours, la prise de vue rapide d’une retransmission d’un match de (foot ?). Comique ! les tribunes étaient toutes vides, SAUF un endroit ou tous les pauvres spectateurs étaient réunis dans UNE travée, serrés les uns contre les autres….

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