Laurent Joffrin : « Si je suis gauchiste, vous êtes fasciste. » Un peu court, non ?

Laurent Joffrin

Imaginez Laurent Joffrin, en culotte courte, se chamaillant avec un camarade de classe dans la cour de récréation ! On n'en était pas loin, le soir du 2 février, pendant « L'Heure des pros 2 », sur CNews : ça a failli tourner au vinaigre, malgré les efforts du maître d'école pour apaiser la situation. Un accès de gaminerie ou une tendance au sectarisme qui remonte à la surface ?

Alors que Pascal Praud prône, à l'égard des multirécidivistes, la tolérance zéro, Laurent Joffrin déclare que « c'est contraire à tous les principes du droit ». Geoffroy Lejeune lui rétorque : « […] à tous vos principes de gauchiste ». L'ancien directeur de Libération n'apprécie guère l'épithète et lui lance : « Si je suis gauchiste, vous êtes fasciste. » Le ton monte : en viendra-t-on aux mains ? Notons que l'emploi du mot « gauchiste », qui désigne à l'origine un « homme de gauche », n'a rien d'injurieux, pas plus que son sens moderne : au demeurant, Cohn-Bendit et Geismar, les stars de Mai 68, se sont embourgeoisés et ont eu un bel avenir.

Pascal Praud a beau préciser que « gauchiste n'est pas une insulte », alors que « fasciste, c'est infamant », Geoffroy Lejeune expliquer que, contrairement à « gauchiste », traiter quelqu'un de « fasciste », c'est le conduire à « la mort sociale », rien n'y fait : Laurent Joffrin est indigné de l'accusation et annonce qu'il ne retirera son mot que si l'autre fait de même : il ne va pas « [se] laisser insulter comme ça » tout de même, d'autant plus que c'est son interlocuteur « qui a mis ça sur la table » ! Il finira par reconnaître que traiter Lejeune de « fasciste », « c'est exagéré ».

Laurent Joffrin n'est pas un mauvais bougre, malgré ses airs ronchons, il lui arrive même de sourire. Mais force est de constater que ce n'est pas la première fois qu'il sort de ses gonds. Dans l'émission « Vraiment pas d'accord », toujours sur CNews, il manifeste parfois des bouffées d'agression, au point que Charlotte d'Ornellas, une autre « fasciste » sans doute, a dû récemment essayer de le tempérer en lui lançant : « Hé, oh, on se calme ! » Saluons, au passage, le courage de cette jeune journaliste - qui a fait ses premières armes à BV - dont les analyses, toujours sérieuses et documentées, sont rarement prises en défaut.

On peut ou non apprécier l'ancien directeur de Libération, fondateur du collectif « Les Engagé.e.s » se donnant pour objectif de « créer une force alternative de rassemblement à gauche, nécessaire à notre pays qui traverse une crise sans précédent ». Mais s'il veut rénover et rassembler la gauche, qui en a bien besoin, il devrait commencer par la débarrasser – et se débarrasser lui-même – des a priori, des amalgames et des caricatures qui l'ont conduite à sa perte.

On reconnaît la gauche extrême à son manque de tolérance. Voyez la manière dont les antifas pratiquent le dialogue avec leurs adversaires, voyez comment Sandrine Rousseau lance des anathèmes contre le Rassemblement national, ce parti « fascisant » qui « fricote avec le fascisme ». Laurent Joffrin se revendique de la gauche sociale-démocrate, qui est certes plus modérée, mais peine à rompre avec ses préjugés et se montre très susceptible quand elle est mise devant ses contradictions. Il a encore beaucoup à faire pour ne pas confondre son rôle de chroniqueur avec celui d'un Robespierre ou d'un Saint-Just.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

46 commentaires

  1. On devrait rappeler à ce monsieur ce que disait Wiston Churchill » les anti- fascistes d’aujourd’hui, sont les fascistes de demain ». Quand à Charlotte d’Ornellas, toujours brillante, quand elle remet à sa place place ce gauchiste patenté , quel délice. Bravo chère Charlotte.

  2. Il ne faut pas être trop dur avec Laurent Mouchard, 50 ans à ferrailler et enfumer pour essayer de faire passer ou conserver les principes foireux et tordus de gauche, alors qu’on en croit rien ,c’est usant et ça attaque le self contrôle d’un bon bourgeois.
    C’est quand même aussi un grand sportif notre Lolo, une belle photo le montrant avec son papa après une régate gagnée à la Trinité sur mer.
    Au fait, sur la photo , il y a aussi le capitaine du bateau, qui s’appelle Jean Marie Le Pen, et tout ce petit monde a l’air de bien s’entendre et c’est tant mieux. Alors Laurent, un petit effort !

  3. Cet individus avec son sourire narquois permanent ne sait qu’être dans le contre propos et cette attitude systématique n’apporte pas grand chose au débat.
    À bout d’arguments il en arrive toujours à l’invective et tourne en boucle, digne image du fameux « Libération » diffuseur de la « bien pensance »…
    Cet épisode chez Praud a été particulièrement grotesque et révulsant !

  4. Joffrin n’est qu’un démago. Quand ses anciens préceptes ont des effets catastrophiques, il promet qu’il a toujours dit l’inverse de ce qu’il a écrit dans libération.
    C’est un faux, un courtisan, un tartuffe comme il y en a tant.

  5. C’est toujours avec plaisir que je regarde CNEWS et écoute les chroniqueurs débattre des problèmes actuels de notre pays. Je constate et regrette que Laurent Joffrin face souvent preuve de mauvaise foi mais c’est l’apanage de la gauche d’émettre des idées en contradiction avec le bon sens.

  6. Laurent Joffrin, journaliste de gôche, malheureusement, mais excellente plume quand il reprend la suite de Jean-François Parot dans les aventures de Nicolas Lefloc’h, commissaire au Châtelet…

  7. j’ai bien cru que ça allé finir par un bon « bourre-pif », de Jeoffroy Lejeune, heureusement la pub est arrivée ouf! ‘c’est vrai, que Joffrin, n’est jamais OK avec le reste du plateau, mais c’est quand même bien qui y ai une diversité dans les idées et les commentaires, on voit pas ça sur les autres chaines d’info, moi je dis merci CNEWS!!!

  8. « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose », voilà ce que pense cette gauche caviar qui espère ainsi que le peuple n’ira pas vers ceux qui feraient certainement bien mieux qu’eux. Mais, le vent tourne et la réalité tend à donner raison à ceux qui condamnent la politique délétère menée par cette gauche morale qui se croit tout permis.

  9. Ne nous laissons pas avoir par les « dérapages » quasi quotidiens de l’heure des pros. Cela fait partie du concept de cette émission dans laquelle chacun joue un rôle comme au théâtre.
    Certains sont là pour se faire humilier, d’autres pour se faire réveiller et Praud pour faire de l’audimat.
    On sait d’avance ce que chacun va dire avant même qu’il n’ouvre la bouche.
    Il faut croire que les cachets des acteurs sont confortables pour qu’ils acceptent de jouer une pièce aussi médiocre.
    Je reconnais cependant qu’on y entend parfois des propos intéressants qu’on n’entend pas ailleurs.

  10. La présence de Joffrin sur le plateau de Praud est intéressante car cela permet aux esprits bien pensants qui regardent CNEWS de se rendre compte du déficit délétère de l’objectivité des constats de la vie courante dans la Société, ainsi que de la carence piteuse de propositions de redressement de la France par la gauche, qu’elle soit calme ou dangereusement extrémiste.

    • Vu les dégâts qu’a provoqués la gauche depuis des années et des années, on peut se demander malgré tout si le terme de gauchiste n’est pas une des plus terribles insultes de nos jours. Surtout que Macron – en reprenant les théories communistes les plus répressives avec les gilets jaunes, la crise covid, les lois liberticides (Avia, etc.) et qui décide de tout comme un bon petit Mao – donne encore plus mauvaise presse à ce mot « gauchisme ».

  11. Il s’agit simplement de l’usage habituel de certains termes choisis par le camp du bien, du beau et du vrai pour disqualifier immédiatement leur interlocuteur. Ainsi, lorsque l’on vous traite de fasciste ou de complotiste, c’est que vous êtes dans une opposition forcément déraisonnable. La manipulation sémantique est prépondérante dans le camp de la raison .

  12. J’ai vu cette émission, alors :
    Bien moins conciliant que Geoffroy Lejeune , je crois que je lui aurait mis mon poing dans la g…le ! Au mois , quitte être traité de fasciste , autant l’être vraiment ….

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